Homélie 50 ans DE L’ORGANISATION DES FEMMES CATHOLIQUES DU BENIN

DIMANCHE 18 JUILLET 2021.

CINQUANTENAIRE DE L’ORGANISATION DES FEMMES CATHOLIQUES DU BENIN.

 

Chers frères et sœurs en Christ,

C’est avec une grande joie que je viens présider cette eucharistie qui marque la célébration diocésaine du jubilé d’or de l’Organisation des Femmes Catholiques du Bénin. Il y a en effet cinquante (50) ans que, sous l’instigation du Père Robert SASTRE, alors curé de la Paroisse saint Michel de Cotonou, votre organisation a été portée sur les fonts baptismaux.

Depuis 1971, elle s’est donné pour tâche d’« être au service de l’Église dans sa mission d’évangélisation, de promotion et de consolidation de la famille chrétienne, par le soutien aux curés de paroisse, aux séminaristes et congrégations de religieuses, par l’éducation des filles et des enfants à travers diverses activités (propreté, entretien, embellissements des églises, visites aux séminaristes, exécution des missions à elle confiée par les curés, sensibilisation des enfants à participer à la vie de l’Église, etc… ».

Cinquante ans après, il est juste que nous puissions rendre grâce au Seigneur, seul Maître du navire et des flots. Il est bon qu’en élevant la coupe du salut, nous invoquions son saint Nom. Le Seigneur a agi jour après jour pour que votre organisation résiste à l’usure du temps et aux vents contraires. Que son Nom soit éternellement glorifié !

En rendant grâce à Dieu, je viens aussi vous remercier pour la présence et les efforts consentis pour que votre organisation réponde pleinement à sa vocation d’évangélisation et de consolidation de la famille chrétienne. Je salue l’actuel aumônier, le père Jules Thierry AMOUSSOU pour le service qu’il rend et l’aumônier national, le père Léon BALLO pour sa présence au milieu de nous. Je remercie tous les membres du bureau diocésain pour leur dévouement et je salue l’actuelle présidente, Madame Christiane Tabélé OMICHESSAN pour son effort de coordination et ses initiatives. À vous toutes Femmes Catholiques du diocèse de Cotonou, je souhaite un bon et fructueux jubilé d’or. Que le Seigneur accueille les pionnières qui nous ont précédés dans sa demeure, qu’Il affermisse vos pas à sa suite et qu’Il exauce vos prières.

La page d’évangile de ce jour fait suite à celle que nous avons méditée le dimanche dernier. Le Christ envoyait ses disciples en mission deux par deux, en leur donnant pouvoir sur les démons et en leur prescrivant de ne rien prendre pour la route. Nous méditons aujourd’hui, le récit du retour de la mission. Ses premiers mots nous rappellent combien, il nous est nécessaire de revenir au Christ pour un compte rendu des missions qu’Il nous confie. Le texte dit en effet : « après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné ».

Jésus répond à ce compte rendu non pas comme un maître, mais comme un ami attentif à la fatigue des siens : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu » dit-Il. De fait, Jésus n’indiquait pas à ses apôtres une stratégie d’abandon de la mission, mais un ressourcement pour mieux servir la foule de ceux qui arrivaient et repartaient.

À ses apôtres, comme à la foule qui les suivait de près, Jésus manifeste, en réalité, la même compassion. En débarquant, à l’endroit désert où Il devrait se reposer avec ses disciples, Il fut pris d’une grande compassion pour la foule venue de toute part pour l’écouter. Pour exprimer cette compassion de Jésus, l’évangéliste Marc utilise le terme grec « splagchnizomai » qui désigne la plus grande pitié, celle qui naît des profondeurs de l’être, celle qui touche les entrailles de la personne.

Par cette expression l’évangéliste Marc attire notre attention sur la façon dont Jésus se donne sans mesure par le long enseignement prodigué aux foules malgré ses fatigues. Il décide de s’occuper des gens qui se trouvaient en face de Lui, car ils étaient comme des brebis sans berger. Visiblement, Jésus se présente ici comme le Bon Pasteur dont parlait déjà le prophète Jérémie dans sa prédication. De fait, dans la première lecture, le prophète montre comment après les plaintes présentées au sujet des mauvais pasteurs, le Seigneur décide de susciter dans la lignée davidique un pasteur différent qui prendra particulièrement soin des brebis. Jésus est bel et bien ce bon Pasteur tant attendu.

Chers frères et sœurs, en tant que bon Pasteur, Jésus se présente à nous comme l’unique modèle à suivre pour la mission de promotion et de consolidation de la famille chrétienne. Dans quelle mesure son modèle nous inspire-t-il et nous aide à faire un bilan approfondi et pertinent des cinquante années d’existence de l’Organisation des Femmes Catholiques au Bénin ? Je voudrais pour notre méditation relever deux repères qui apprécient le chemin parcouru et relancent la vie de cette organisation.

Le premier constitue la nécessité d’aller en mission et de se ressourcer en Christ. La page d’évangile de ce jour, nous instruit sur l’importance de rester à l’écart avec Jésus pour nous ressourcer auprès de Lui, mais aussi, elle nous révèle la nécessité d’aller en mission pour le Christ. Concrètement, elle nous indique que la vie chrétienne est un va-et-vient entre les missions à accomplir dans la société et le ressourcement à rechercher auprès de Jésus.

Autant le fait de rester actives, en menant constamment des actions purement sociales est une erreur, autant le fait de prier tout le temps sans impacter positivement l’édification de la société est une fuite. Oui, pour une action plus fructueuse de votre organisation dans l’Église, il vous faut assumer à la fois les deux figures bibliques de Marthe et de Marie.

Dans un article publié à La Croix Africa à l’occasion de ce jubilé d’or, votre aumônier posait quelques questions franches dont celle-ci : « La dynamique de l’Organisation des femmes catholiques du Bénin influence-t-elle vraiment la vie de l’Église ? ». Je relève ce point parce qu’en réfléchissant sur le domaine de définition présenté par le Préambule des Statuts et Règlement de votre organisation, je constate qu’il constitue un champ immense encore en jachère attendant que vous vous investissiez vraiment.

Selon ce texte fondateur, les problèmes qui doivent interpeller toutes les consciences et particulièrement celles des femmes catholiques sont : « la détérioration de l’environnement, la baisse du pouvoir d’achat, la crise de l’emploi, les clivages politiques, les violences sur les plus faibles, la permissivité morale, l’exaltation du sexe dans les medias, l’incivisme, la culture anti-nataliste et l’émergence d’idéologies qui prônent d’autres alternatives du mariage et de la famille ». Comme, vous le savez, ces problèmes sont non seulement d’actualité, mais ils se compliquent de jour en jour et demandent que vous puissiez vous y investir profondément. Le Christ attend que vous puissiez poser des actes forts pour véritablement impacter nos sociétés.

Je sais que dans chacune de vos familles vous faites beaucoup, mais votre organisation a profondément besoin d’acquérir un élan missionnaire, de quitter les murs des cuisines internes afin d’ouvrir véritablement ses portes à toutes les femmes du diocèse (du pays) et de se mettre résolument en marche pour le Christ.

Dans l’évangile de ce jour, les apôtres de Jésus viennent lui rendre compte de la mission accomplie ; j’aurais tant voulu qu’en ce jour, vous fassiez aussi au Christ le compte rendu de nombreuses missions religieuses et sociales accomplies pour le diocèse de Cotonou et l’Église du Bénin. Il est souvent dit que : « ce que femme veut Dieu veut ». Dans une formulation plus juste, on peut concéder que : « C’est la femme qui fait démarrer la société. C’est elle qui la fait progresser. Elle est le principal agent de l’émancipation »[1]. Cette certitude est fondée sur l’immense capacité des femmes à relever de grands défis. L’Église du Bénin veut que vous puissiez les relever avec le Christ et pour le Christ comme les femmes croyantes dont les Saintes Écritures nous parlent.

Le deuxième repère consiste à faire du Christ le fondement de l’unité et de la paix en Église et dans la société. . Les textes liturgiques de ce jour nous font en effet percevoir que sans le Christ nous ne pouvons rien faire et qu’avec Lui nous avons la grâce de l’unité et de la paix. En chantant le psaume responsorial, chacun de nous a pu dire fermement : « rien ne saurait me manquer, le Seigneur est mon berger ». Cette profession de foi implique la conséquence suivante : nous manquons de tout quand nous n’accueillons pas le Christ comme le vrai Berger et l’unique guide de nos pensées et de notre agir dans la société.

Sans le Christ, toute association chrétienne est complètement désorganisée. La page d’évangile de ce jour, nous montre à quel point, l’absence du Christ rend les foules comparables à des brebis sans berger. Sans le Christ, nous sommes effectivement comparables à des enfants perdus et abandonnés. L’expérience de certaines divisions, querelles intestines et conflits de leadership a dû vous en donner la preuve.

Votre organisation peut beaucoup avec la grâce que Dieu donne. Si elle abandonne toute logique de repli sur soi et se convertit à l’élan que nous inspire le devoir d’évangéliser, si elle s’engage à nouveau à la suite du Christ Bon Berger, si elle se laisse conduire par l’Esprit Saint, elle produira de nombreux fruits de réconciliation, d’unité et de paix.

La deuxième lecture de ce jour nous l’a clairement annoncé : « C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ». On ne saurait aller à Lui sans trouver la paix de Dieu et réaliser l’unité avec les autres.

L’un des secteurs clés autour desquels cette paix doit se construire est l’éducation de nos enfants. En tant que mères de famille, vous êtes le pivot de cette éducation dans la société. C’est vous qui transmettez la vie et apprenez à nos enfants à poser les premiers pas, à balbutier les premiers mots et à être formés aux vrais valeurs de la vie et aux fondamentaux de la foi. C’est vous qui pouvez assurer véritablement l’éducation à l’amour (l’amour de Dieu, l’amour de soi-même et de son corps, l’amour du prochain). Oui, tout cela doit s’harmoniser dans la vie de l’enfant pour l’amener à vivre la vraie paix : la paix avec Dieu, la paix en lui-même, et la paix avec les autres.

En assumant cette mission primordiale qui est la vôtre, il est donc important que vous puissiez vous ressourcer constamment auprès du Christ, notre paix. Allez donc à Lui, tournez vos cœurs vers Lui, recentrez cette organisation sur Lui alors nous trouverons la paix : la paix avec Dieu, la paix avec les autres et la paix avec nous-mêmes.

La célébration eucharistique de ce jour, nous offre l’occasion de revenir au Christ, d’épouser son regard bienveillant, de Lui abandonner nos cœurs pour qu’Il les transforme en cœurs compatissants capables de s’émouvoir. La célébration de ce jour nous donne l’occasion de recentrer l’Organisation des Femmes Catholiques sur le Christ Bon Berger. Avec Lui, cette organisation pourra devenir une noble bergerie réunie et guidée par le Christ.

Qu’à l’intercession de Marie et de saint Joseph, le Seigneur vous en accorde la grâce, Lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles, Amen.

[1] Seydou BADIAN, Sous l’orage, p. 60.