6ème Dimanche du temps ordinaire année A

6ème Dimanche du temps ordinaire année A

Lancement du Plan Stratégique Paroissial d’Action Pastorale à Saints Pierre et Paul d’Agla. 

Chers frères et sœurs dans le Christ,

En ce sixième dimanche du temps ordinaire de l’année A, nous sommes réunis pour le lancement de votre Plan Stratégique Paroissial d’Action Pastorale. Je remercie votre curé et son vicaire, ainsi que le Conseil paroissial pour leur aimable invitation. J’aurais pu déléguer l’un de mes vicaires généraux ou un responsable du Plan au niveau diocésain pour cette célébration. Mais j’ai accepté de venir moi-même pour vous saluer, vous confirmer dans la foi et vous exhorter à aller encore plus loin dans l’amour du Christ et de l’Église.

Vous devinez donc toute ma joie de vous voir ce matin. J’implore sur vous tous, la bénédiction de Dieu en abondance. Comme saint Pierre, aimez le Seigneur de tout votre cœur ; et comme saint Paul engagez-vous toujours plus généreusement au service de l’Église. Car ils sont finis, les temps où le chrétien pouvait se contenter d’aller à la messe et de faire ses prières personnelles, sans se préoccuper nullement de la vie de son Église. Ce que le Seigneur attend de vous, et ce que moi-même votre évêque je viens vous demander avec insistance ce matin, c’est que vous soyez tous des chrétiens forts et debout, soucieux de la vie de votre Église et véritablement engagés au service du salut de l’homme.

Serez-vous ces chrétiens convaincus et engagés pour la cause du Christ ? Etes-vous prêts à vous engager pour la mission que le Seigneur vous confie et qui est ainsi formulée dans votre plan d’action pastorale : Sous l’impulsion de l’Esprit Saint, conduire le peuple de Dieu vivant à Agla à une vie chrétienne responsable et en faire une communauté plus structurée et harmonieuse. Acceptez-vous de remplir avec conviction une telle mission ? Pour répondre à cette question, la page d’évangile de ce jour, en lien avec les autres lectures, nous indique trois repères clés, qui rejoignent bien les trois objectifs stratégiques de votre plan.

Le premier repère, c’est l’attachement fidèle et radical à la foi authentique. Dans la page d’évangile, Jésus met en garde ceux qui sont tentés de diluer le message évangélique afin de le ramener à leurs propres mesures. A ceux-là le Seigneur dit : « pas un seul iota, pas un seul trait ne disparaîtra de la Loi… Celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements sera déclaré le plus petit dans le royaume des cieux.

Jésus enseigne ainsi que l’attachement ferme à la Parole de Dieu dans sa totalité et sa radicalité est le véritable chemin du Royaume des cieux. Il ne s’agit pas de prendre dans la Parole de Dieu ce qui nous arrange et qui va dans le sens de nos intérêts et ambitions humaines. La Parole de Dieu dans sa radicalité est le lieu incontournable d’une rencontre effective avec le Seigneur ressuscité. Comme les disciples d’Emmaüs, c’est par l’écoute de la Parole que nos cœurs deviennent brûlants et ouverts à l’intelligence des Écritures. Sans le contact régulier avec la Parole et sa mise en application effective dans nos vies, comment la foi authentique pourrait-elle émerger ?

L’occasion me semble bonne pour dénoncer et stigmatiser une véritable attitude qui empêche, ou au moins retarde de façon notoire l’émergence de la foi authentique : il s’agit de la désaffection de la Parole de Dieu chez plusieurs chrétiens catholiques. Oui, bon nombre de chrétiens catholiques ne lisent pas la Parole de Dieu et n’y pensent même pas. Où et comment peut-on rencontrer le Christ vivant, si ce n’est dans sa Parole et dans l’Eucharistie dûment préparée par l’écoute de la Parole ?

Si je me permettais de faire un sondage pour savoir combien parmi vous ont lu leur Bible au moins une fois cette semaine, plusieurs ici avoueront qu’ils ne l’ont plus fait depuis des semaines, voire des mois, pour ne pas dire des années. Plusieurs autres baisseraient carrément la tête, car ceux-là n’ont même pas la Bible.

Pourtant la Bible coûte peu et ne demande aucune dépense supplémentaire. Par contre le téléphone portable coûte beaucoup plus, et demande des dépenses quotidiennes. Comment comprendre que presque tous aient des téléphones de dernier cri, alors qu’on ne possède pas la Bible ?

Alors, au nom du Seigneur, je vous lance cet ordre et cet appel : que chacun de vous ait sa Bible et surtout qu’il la lise régulièrement. Dans votre plan, vous avez justement prévu la mise en place d’un programme de formation biblique, spirituelle et d’évangélisation : c’est un projet que je salue et encourage vivement. Ce sera également un lieu de renforcement de la communion fraternelle qui est le deuxième point majeur de notre méditation.

Il faut le souligner : la communion fraternelle est absolument nécessaire à la communion avec Dieu. C’est ce qui ressort de la page d’évangile que nous venons d’écouter. Jésus va jusqu’à affirmer que si devant l’autel, on se souvient que le frère à quelque chose contre soi, il vaut mieux se réconcilier d’abord avec lui avant de présenter l’offrande. Autrement dit, le culte à rendre à l’autel n’est que la célébration de l’amour fraternel qui règne déjà entre nous. L’offrande à présenter à l’autel ne sera agréée du Seigneur (et donc véridique) que dans la mesure où notre communion fraternelle est réelle. C’est dire qu’un cœur fermé à la communion fraternelle ne peut prétendre à la communion avec Dieu.

En réalité, Dieu s’est tellement fait proche de l’homme, qu’il va jusqu’à faire de la communion avec le prochain, une condition pour entrer en communion avec Lui. Saint Jean enseigne que celui qui prétend aimer Dieu alors qu’il n’aime pas son frère, celui-là est un menteur ! Pour votre part, en plaçant la communion fraternelle au milieu des deux autres objectifs stratégiques, vous manifestez sa place centrale dans la vie chrétienne. Comment pouvez-vous alors vivre concrètement cette communion comme prédication vivante de la Bonne Nouvelle ?

Le Seigneur nous l’enseigne dans l’évangile, en présentant la colère et l’insulte comme des péchés passibles de la géhenne de feu. Or chaque jour, à la maison, au service ou au marché, on n’hésite pas à se mettre en colère. Dans la circulation sur nos axes routiers, on lance les insultes les plus grossières sans retenue, comme de banales formules de salutation ! N’y a-t-il pas lieu de prendre plus en considération ces paroles du Seigneur : « si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal » ? Même dans nos groupes et associations, les incompréhensions se transforment rapidement en altercation et donnent lieu à des insultes qui blessent profondément la communion fraternelle. A quels efforts sommes-nous appelés aujourd’hui ? A chacun de répondre !

Par ailleurs, le Seigneur dénonce avec force les répudiations abusives qui blessent la communion fraternelle. Le 14 février dernier, il y a eu la fête dite « de saint Valentin », où tous les messages et cadeaux possibles ont été échangés dans les couples, ce qui est une très bonne chose. D’où vient-il alors que ces beaux gestes de tendresse soient souvent remplacés par des paroles blessantes, des soupçons, des injures, des accusations, des conflits ouverts et violents parfois, qui finissent souvent par des répudiations arbitraires ? C’est dire que l’amour à témoigner entre nous n’est pas quelque chose de banal, ni l’affaire d’un seul jour, c’est une entreprise de longue haleine. Cela demande beaucoup de tact, de patience, voire de mort à soi-même. Il n’y a en effet d’amour vrai que lorsque nous acceptons de donner notre vie pour nos amis (cf. Jn 15, 13).

Dans cette perspective, je voudrais simplement vous dire ceci : efforcez-vous de dominer la colère, et ne laissez pas l’orgueil vous réduire en esclavage ! Aux couples en difficulté, je voudrais dire ceci : la prière et l’humilité permettent de régler tous les conflits de couple : faites-en l’expérience ! Faire violence sur soi-même pour le bien du couple, c’est peut-être difficile, mais dans la foi et la pleine confiance au Christ, cela est toujours possible. N’oubliez pas que le Christ est bien présent dans notre vie de couple et chemine avec nous. Nous devons donc lui faire confiance et implorer incessamment sa grâce.

En ce sens, la première lecture nous enseigne que Dieu donne toujours la grâce, à condition que l’homme veuille collaborer par sa bonne volonté : « si tu veux, – écrit Ben Sirac le Sage – tu peux observer les commandements, il dépend de toi de rester fidèle. Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères ». Alors pourquoi préférer le feu de la colère quand tu peux choisir l’eau de la patience et de la douceur ? Voilà pourquoi je voudrais saluer et encourager le renforcement du cadre de rencontre et d’accompagnement des familles prévu dans votre plan. Car c’est en ayant des familles plus soudées et plus unies, que votre communauté paroissiale se portera mieux. Que Dieu vous y aide !

Enfin, le troisième point majeur, c’est l’appel à la bonne gouvernance, en tant qu’intendants fidèles et avisés. Dans la page d’évangile, Jésus nous enseigne la bonne gouvernance des biens spirituels : bien garder les commandements et les enseigner. Il nous enseigne également la bonne gouvernance des biens humains : le prochain qu’il faut éviter de blesser est un bien précieux ; le conjoint ou la conjointe est un don à respecter et à honorer. Saint Paul pour sa part, nous enseigne dans la deuxième lecture que c’est à nous que Dieu a révélé et confié la sagesse de son mystère. Il nous a ainsi établis intendants de sa grâce et de ses mystères. Comment exerçons-nous ce ministère que Dieu confie à chacun de nous ?

Oui chers frères et sœurs, je voudrais en ce sens vous lancer à nouveau l’appel à être tous des chrétiens forts et debout, soucieux de la vie de leur Église et véritablement engagés au service du salut de l’homme. Votre paroisse est le bien spirituel que le Seigneur vous confie aujourd’hui.

Face aux différents défis, soyez des chrétiens debout, fiers d’être catholiques, convaincus de votre foi et prêts à la défendre et à la proposer à toute personne. Car l’Église, ce n’est pas l’affaire de l’évêque et des prêtres. L’Église, ce n’est pas une société à laquelle nous avons adhéré. Autrement dit, nous ne sommes pas dans l’Église : nous sommes l’Église. Alors en nous mettant ensemble, faisons Église, bâtissons l’Église, vivons en Église.

Voilà pourquoi je confie chacun de vous à Marie, mère de l’Église et secours des chrétiens. Qu’elle vous soutienne par son intercession, afin que la paroisse saints Pierre et Paul d’Agla devienne une église-famille convertie à l’Évangile de Jésus-Christ et engagée au service du salut de l’Homme, dans l’amour et dans la vérité. Que le Seigneur vous en accorde la force et la grâce, Lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.