5ème DIMANCHE DE PÂQUES 2020
10 mai 2020.
5ème DIMANCHE DE PÂQUES.
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Dans la page d’évangile de ce jour, Jésus se présente à nous comme le chemin, la vérité et la vie : ce sont là trois réalités fondamentales autour desquelles se construit la vie de l’homme venant dans ce monde.
De fait, en naissant dans le monde, l’homme cherche à réussir sa vie en choisissant un chemin, c’est-à-dire une voie à suivre correspondant à un état de vie précis où il entend construire son existence en réponse à un appel. Mais le tout ne suffit pas de suivre un chemin, encore faut-il le réaliser dans la vérité, en acceptant de se soumettre à toutes les exigences qu’impose le choix de vie qu’on a fait. C’est en cela qu’on peut véritablement donner sens à sa vie et entrer dans le bonheur que cherche l’homme en venant dans ce monde.
Jésus-Christ dont nous avons suivi le parcours durant ce temps pascal se présente à nous à la fois comme le chemin, la vérité et la vie. Il n’est pas un chemin quelconque parmi tant d’autres, mais plutôt il est le chemin. Il est aussi en même temps la vérité et la vie. En tant que chemin, le Christ se présente à tout homme comme un modèle à suivre pour réaliser sa propre vocation. Pour celui qui veut suivre l’exemple du Christ, il s’agira principalement pour lui de le connaitre avant de s’engager sur cette voie. On comprend alors la réponse que fit Jésus à Philippe lorsqu’il lui dit : « Il y a longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! » Connaître Jésus, ce n’est pas seulement appréhender sa personne intellectuellement mais s’engager existentiellement à suivre le chemin qu’il nous trace, dans le but d’être configuré à sa personne.
Mais cette vie du Christ donnée en exemple ne peut aider à répondre à notre vocation que dans la mesure où nous acceptons de la suivre dans la vérité, c’est-à-dire en nous obligeant à nous soumettre à toutes les exigences qu’elle suppose. Il s’agit pour nous, en d’autres termes, de faire un choix radical du chemin ouvert par le Christ. C’est seulement à cette condition que nous pourrons accéder à la vraie vie qui n’est autre que notre union avec Dieu.
Cette présentation de Jésus comme chemin, vérité et vie trouve son application dans la vie des premières communautés chrétiennes comme nous le montre la première lecture tirée des Actes des Apôtres. Dans ce texte, il apparaît que le chemin tracé par le Christ se retrouve dans la nouvelle forme de vie que les fidèles sont appelés à mener entre eux pour véritablement se réclamer du Christ. Ne peut se dire disciple du Christ que celui qui accepte de se conformer à la nouvelle forme de vie qui marque désormais les communautés chrétiennes. Il s’agit d’une vie foncièrement marquée par la communion fraternelle : une vie où l’union au Christ ne supporte ni discrimination ni inégalité entre les hommes.
De ce point de vue, on comprend la vive réaction des apôtres qui, se rendant compte de l’esprit de discrimination qui commence à se manifester au sein de la communauté, décident sans délai d’instituer les 7 premiers diacres. Ceux-ci ont pour mission principale le service des tables. Les critères présidant à leur choix sont très significatifs : ils doivent être des hommes « estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse », c’est-à-dire des hommes entièrement habités par la vie du Christ.
C’est dans la mesure où l’unité de la communauté est rétablie par le service de la charité accompli par ces hommes selon l’Esprit du Christ, que la communauté peut reprendre vie et s’épanouir. De fait, comme le précise l’auteur sacré « La Parole de Dieu était féconde, le nombre des disciples se multipliait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs parvenaient à l’obéissance de la foi ». Cette méditation attire notre attention sur trois choses majeures.
La première est que la vie chrétienne est fondamentalement une marche à la suite du Christ. En embrassant la vie chrétienne, nous devons nous rendre compte que nous sommes engagés sur un chemin qui consiste principalement à suivre l’exemple du Christ, à imiter sa vie. En d’autres termes, il s’agit pour nous de conformer notre vie à celle du Christ, le Fils de Dieu qui s’est incarné dans notre condition humaine et l’a assumée jusqu’au bout, jusqu’à subir la mort la plus violente sur la croix.
C’est dire que nous ne pouvons pas suivre le Christ, chemin de notre vie, de façon idéelle ou virtuelle. Le Christ à imiter vient à notre rencontre dans les différents états de vie qui marquent notre existence chrétienne. Qu’on soit une femme ou un homme marié, un consacré ou une consacrée à Dieu, un prêtre ou un évêque, un travailleur ou un opérateur économique, c’est au cœur de chacune de ces expériences qu’il nous faut opter chaque jour pour le Christ et nous relancer sur le chemin de la perfection. C’est dans la mesure où nous sommes véritablement en communion avec Lui (à travers la prière, l’écoute assidue de la Parole de Dieu, la fidélité à la vie sacramentelle) que nous pouvons être éclairés par son exemple et assumer pleinement notre vocation chrétienne.
La deuxième chose majeure à relever est que la vie chrétienne exige de nous un choix radical du Christ dans la vérité. La marche à la suite du Christ suppose en effet de notre part un choix radical qui est le lieu de la vérité de notre vie. De fait, nous ne saurions être disciples du Christ et biaiser avec Lui, cheminer dans la voie des compromissions.
Le Christ ne serait plus alors pour nous la vérité de notre vie, « la pierre vivante rejetée par les hommes mais choisie et précieuse devant Dieu », comme nous le rappelle l’apôtre Pierre dans la deuxième lecture. Jésus-Christ n’est pour nous « pierre vivante » (la vérité de notre vie) que dans la mesure où nous nous engageons à suivre son chemin en acceptant toutes les exigences que cela suppose : nous défaire de tous les liens qui portent gravement atteinte à notre choix de vie chrétienne.
Dans cette perspective, il est écœurant de noter le cas des chrétiens qui, tout en étant baptisés, confirmés et recevant régulièrement la Sainte Communion, n’hésitent pas à se soumettre à des cérémonies rituelles traditionnelles, entièrement en porte-à-faux avec leur foi chrétienne. Par ailleurs, lors des funérailles chrétiennes, il est étonnant de voir comment, jusqu’à nos jours, certains chrétiens tiennent mordicus à faire sur leurs morts des cérémonies ou pratiques entièrement en désaccord avec la foi chrétienne. La vérité dans notre foi chrétienne exige de nous un choix toujours radical du Christ, considéré comme l’Unique nécessaire de notre vie. Sommes-nous toujours prêts à opérer ce choix radical du Christ dans notre vie de chaque jour? Il revient à chacun de répondre en toute vérité à cette question.
Le troisième point de notre méditation est que la vie chrétienne est un appel à entrer dans la vie en plénitude, le bonheur que cherche l’homme et qui consiste en notre union avec Dieu. Dans sa réponse à Thomas qui lui demande où il va, Jésus affirme clairement que le chemin qu’il a toujours indiqué à ceux qui veulent le suivre conduit à Dieu le Père : « Personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant, vous le connaissez et vous l’avez vu ».
Autrement dit, marcher à la suite du Christ dans la vérité de notre vie conduit immanquablement à la vraie vie. C’est le lieu où le disciple du Christ est appelé à s’unir à Dieu et à jouir de la vie en plénitude. En d’autres termes, nous ne choisissons pas d’être chrétiens pour vivre comme des malheureux ou des aigris. Le vrai chrétien, c’est celui en qui rayonne la joie du Christ ressuscité parce qu’uni à Dieu le Père. La communion à Dieu le Père est en effet ce qui lui permet d’être déjà dans ce monde vainqueur du mal et de la mort, comme le Christ.
Puisse cette vie divine rayonner toujours en nous, de sorte qu’en nous voyant, ceux qui ne connaissent pas encore le Christ, puissent le reconnaître comme « le chemin, la vérité et la vie ». Qu’il nous accorde cette grâce, Lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !