4ème DIMANCHE DE PÂQUES 2020

3 mai 2020.

 4ème DIMANCHE DE PÂQUES.

Chers frères et sœurs,

Ce quatrième dimanche de Pâques, consacré à la prière pour les vocations, nous invite à contempler Jésus le Bon Pasteur, venu pour que les hommes aient la vie en abondance.

Parler du Bon Pasteur, c’est confesser que Dieu est celui qui prend soin de son peuple, avec la douce autorité d’un berger. Le terme de berger est bien familier dans l’Ancien Testament, et s’applique principalement à Dieu. Le psaume responsorial nous en donne un bel exemple : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien ; sur des prés d’herbes fraîches il me fait reposer… »

Dans ce psaume, l’évocation des prés d’herbes fraîches, des eaux tranquilles et des ravins de la mort, suggère que la scène est située dans un endroit périlleux, où le psalmiste parlant au nom de sa communauté, a toutes les bonnes raisons de craindre la mort. Cependant, aucun danger ne semble l’effrayer, puisqu’il affirme : « si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure ». Ces paroles éclairent bien la figure de Dieu comme le véritable Pasteur d’Israël, un pasteur qui ne guide pas le peuple de loin, mais qui au contraire reste avec le peuple pour le conduire et le protéger.

Justement en Jésus-Christ, c’est Dieu lui-même qui se fait proche de son peuple. Saint Pierre l’affirme dans la deuxième lecture en ces termes : « vous étiez errants comme des brebis ; mais à présent vous êtes retournés vers votre berger, le gardien de vos âmes ». En présentant Jésus à la fois comme le serviteur souffrant et comme le berger, saint Pierre affirme qu’il est celui qui donne sa vie pour les hommes afin de les conduire dans le Royaume.

Dans la page d’évangile, Jésus lui-même reprend le thème du pasteur attentif aux brebis, qui appelle chaque brebis par son nom. C’est lui le Christ, ce bon pasteur, qui loin de se dérober face au péril, va jusqu’à offrir sa vie pour les brebis, car il est venu pour que les brebis aient la vie en abondance. Dans cette première partie du discours sur le bon berger, Jésus se présente à deux reprises comme « la porte » : image peu valorisante à première vue, mais pleine de significations. De cette image, nous pouvons tirer trois enseignements importants.

Le premier enseignement, c’est l’unicité du Christ comme voie de salut. Remarquons que le Christ ne se présente pas comme étant une porte : il est la porte, autrement dit, l’unique porte des brebis. C’est dire non seulement la centralité, mais surtout l’unicité du Christ comme voie de salut : « Nul ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn14, 6). Cela ne veut nullement dire que les adeptes d’autres religions qui ne connaissent pas le Christ soient condamnés à la perdition. Au contraire, cela signifie que tout homme, même ignorant le Christ, est pourtant sauvé uniquement par ce Christ, par des voies connues de Dieu seul. Le salut du Christ s’étend à tous les hommes du fait de la nature commune qu’il partage avec tous les humains. Car il dit lui-même : j’ai d’autres brebis qui ne sont pas dans cet enclos…

C’est dire qu’en se présentant comme étant la porte, le Christ nous enseigne que c’est seulement par Lui, avec Lui et en Lui que nous avons accès auprès du Père. En paraphrasant le prologue de saint Jean, nous pourrions ainsi dire : par Lui, tout homme est sauvé, et aucun de ceux qui sont sauvés n’est sauvé sans Lui. C’est bien cette vérité que Pierre proclame avec force dans la première lecture : « Que toute la maison d’Israël le sache avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous aviez crucifié ». Cette certitude doit nous conduire à une attitude de confiance totale vis-à-vis de ce pasteur.

C’est là justement le deuxième enseignement : notre relation personnelle avec le Christ, bon Pasteur et unique porte. Puisque le Christ est l’unique porte du salut, pour nous chrétiens, la relation avec Lui est plus que nécessaire : elle est incontournable et absolument fondamentale. Remarquons que dans l’évangile, Jésus relie l’image de la porte aussi bien aux bergers qui prétendent paître le troupeau qu’aux brebis elles-mêmes. En parlant du berger il affirme : « celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis ». Et en parlant des brebis il dit : « si quelqu’un entre en passant par moi, il sera sauvé ; il pourra entrer, sortir et trouver du pâturage ».

Cela signifie concrètement qu’on soit berger ou brebis, notre relation personnelle au Christ est déterminante. Elle détermine notre accès au salut, et pour ceux qui sont appelés à jouer le rôle de pasteur, elle authentifie la crédibilité de leur ministère. Oui chers frères et sœurs, aujourd’hui nous remarquons avec douleur, qu’à l’intérieur même de la communauté chrétienne, il se développe une certaine tendance à vivre une prétendue foi affranchie de toute référence explicite à Jésus-Christ. Des chrétiens pensent et affirment qu’on peut vivre dans son cœur une vie spirituelle féconde avec Dieu et parvenir au salut sans forcément se soumettre aux préceptes évangéliques, ni aller à l’Église.

En ces temps de jeûne eucharistique forcé, où plusieurs fidèles ressentent douloureusement la faim du pain eucharistique, et réalisent l’importance de la relation avec le Christ dans l’Église, il est à craindre que d’autres, en nombre non négligeable, s’accommodent à une relation virtuelle avec le Christ et ne s’éloignent davantage de Celui qui se définit comme l’unique porte. A ceux-là et à tous, je désire lancer cet appel : attachez-vous radicalement et concrètement au Christ par une relation personnelle visible, car c’est Lui l’unique porte de Salut. Cet appel est en même temps une interpellation lancée à ceux que le Seigneur a établis « portiers », pour ouvrir la porte au berger et aux brebis : à quels efforts sommes-nous appelés ?

C’est précisément là le troisième point de notre méditation : l’appel du Seigneur à tous ceux que, par diverses vocations, Il a établis portiers. L’évangile évoque la figure discrète du portier qui ouvre la porte au berger. Tous ceux qui ont répondu à une vocation, dans le mariage, dans le sacerdoce ministériel, dans la consécration religieuse ou laïque, sont établis portiers par le Bon Pasteur.

En cette 57ème journée de prière pour les vocations, je voudrais saluer, remercier et féliciter toutes celles et tous ceux qui ont répondu généreusement à ces différents appels du Seigneur. De façon particulière, je salue et encourage celles et ceux qui ont consacré leur vie pour le service de Dieu. Continuons mes frères et sœurs d’être des signes pour le monde, avec cohérence et dans une fidélité toujours plus radicale à Celui qui nous a tous appelés.

Dans son message pour cette journée, le pape écrit ces belles paroles : « Naviguer vers le juste cap n’est pas une tâche qui relève de nos seuls efforts, et ne dépend pas seulement des parcours que nous choisissons de faire… C’est le Seigneur qui nous indique le rivage vers lequel aller et qui, bien avant, nous donne le courage de monter sur la barque… Car, plus qu’un choix de notre part, la vocation est la réponse à un appel gratuit du Seigneur ».

Qu’à l’intercession de Marie, mère du Bon Pasteur, le Seigneur nous accorde la grâce de répondre plus généreusement à son appel en nous attachant davantage à Lui, afin que le troupeau parvienne, malgré sa faiblesse, là où son Pasteur est rentré victorieux, Lui à qui soient la louange et la gloire, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.