Homélie IVème Dimanche du Temps Ordinaire
Dimanche 31 janvier 2021.
IVème Dimanche du temps ordinaire.
Saint Antoine de Padoue de Cocotomey.
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Depuis plusieurs mois, je nourrissais le profond désir de venir vous rendre visite, mais les différentes sollicitations et la pandémie du coronavirus ne me l’ont pas permis. Ce souhait s’accomplit finalement aujourd’hui et je suis très heureux de vous voir si nombreux, présents à cette célébration eucharistique.
En ce dernier jour du mois de janvier, je porte à l’autel du Seigneur, tous vos vœux pour la nouvelle année. La situation de la pandémie fait que la santé constitue l’un des vœux les plus chers que nous puissions nous formuler. Puisse le Seigneur réaliser ce vœu à chacun de vous : qu’Il bénisse et protège chacune de vos familles. Qu’Il vous comble aussi de sa paix et de sa grâce en abondance tout au long de cette année.
On ne saurait venir à Cocotomey sans ressentir avec vous le besoin de la poursuite des travaux de construction de cette église. La présence des murs sans toiture suffit d’ailleurs pour exprimer silencieusement ce vœu. Je partage entièrement ce projet pour lequel la majorité de la communauté reste mobilisée. Je viens solliciter l’adhésion des tous à la poursuite des travaux. L’édification du Royaume de Dieu passe par l’engagement, voire la contribution financière, de tous les membres du Corps du Christ que nous formons. Cette contribution doit être sérieuse, responsable, constante, bien organisée et bien gérée.
C’est pourquoi, je voudrais que dans tous les cœurs soit rallumé le vif désir de voir finalement s’achever la construction de cette église. Je remercie votre curé, le père Agapit GBEGNON, ainsi que son vicaire, le père Romulus ASSOGBA, pour leur ferme engagement à relever avec vous ce défi. Ils sont plus que jamais déterminés à vous accompagner dans l’accomplissement de cette œuvre.
L’achèvement de la construction de cette église paroissiale constitue, en réalité, un objectif commun. Vous l’atteindrez plus facilement si vous acceptez de travailler ensemble sous la conduite de l’Esprit Saint en communauté chrétienne responsable, structurée et harmonieuse. Vous l’atteindrez si vous mutualisez vos forces en faisant de cette œuvre un creuset où vous offrez au Seigneur ce que vous avez de meilleur. Vous l’atteindrez si vous ressentez au plus profond de vous-mêmes une coresponsabilité certaine pour l’avancée du Règne de Dieu à Cocotomey. Dieu vous en accorde la grâce ! Qu’Il bénisse votre bonne volonté et que par l’intercession de Saint Antoine de Padoue, Il vous donne la grande joie de connaître l’heureux achèvement de cette belle entreprise.
En ce 4ème dimanche du temps ordinaire, la première lecture nous annonce que le Seigneur poursuit son œuvre au-delà des personnes qu’Il choisit et qu’Il envoie. Il avait choisi et envoyé Moïse pour guider son peuple. Au moment où Moïse vivait ses derniers jours, le Seigneur annonce qu’Il n’abandonnera pas son peuple et l’informe qu’Il enverra un autre prophète, un serviteur digne de confiance comme Moïse en ces termes : « Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai ».
La page d’évangile de ce jour nous permet d’identifier Jésus comme le prophète dont les paroles viennent du Père, comme le nouveau Moïse, l’unique vrai Médiateur entre Dieu et les hommes. L’évangéliste ne nous présente pas le contenu de l’enseignement de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm, mais il certifie qu’Il enseignait avec autorité. « Jésus enseignait » dit-il, « On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité ».
Nous savons que d’un point de vue purement humain, Jésus n’avait pas d’autorité. Il n’avait ni pouvoir politique, ni pouvoir militaire. Il n’avait pas non plus une capacité financière pour inspirer le respect ou forcer l’admiration du peuple. Il n’était pas du groupe des scribes, des pharisiens ou des docteurs de la Loi pour exercer une faculté qui manifeste une certaine autorité.
Ses paroles avaient de l’autorité parce qu’elles venaient de Dieu. Elles révélaient en effet, les vérités fondamentales qui donnent sens à la vie humaine. Autrement dit, les paroles de Jésus répondaient aux questions existentielles que tout homme porte en lui-même. Elles pouvaient ainsi donner à tous ceux qui l’écoutaient la grâce de la liberté et de la Vie. C’était des paroles dont dépendait le salut de l’homme. Elles avaient de l’autorité parce qu’à la manière de la Parole du Dieu Créateur, elles réalisaient ce qu’elles exprimaient. Quand Jésus s’adressa à l’homme tourmenté par un esprit impur, « l’esprit impur le fit entrer en convulsions puis, poussant un grand cri, sortit de lui »
Chers frères et sœurs, les paroles de Jésus demeurent pleine d’autorité pour notre temps et pour nos cultures. Aujourd’hui encore, Jésus nous enseigne le chemin de la Vie. Il nous enseigne avec autorité les paroles du Père. Il nous sera utile de faire un examen de conscience sur l’accueil que nous réservons aux Paroles du Christ. Ceux qui écoutaient l’enseignement de Jésus dans la synagogue de Capharnaüm étaient frappés de stupeur. Ils méditaient dans leurs cœurs ces paroles et se posaient même des questions.
L’évangile de ce jour précise qu’« Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? ». Nous pouvons, nous aussi, nous poser quelques questions : Quel comportement devons-nous adopter pour mieux correspondre à l’enseignement de Jésus aujourd’hui ? Le message qu’Il nous adresse de la part du Père, provoque-t-il, en nous, une certaine transformation ? Qu’est-ce qui, dans nos vies, manifeste que nous écoutons les paroles de Jésus ?
Pour poursuivre notre marche à la suite du Christ, deux attitudes fondamentales se dégagent des textes de ce jour : l’écoute attentive de l’enseignement de Jésus et le témoignage chrétien. Je viens vous les proposer comme cheminement pour correspondre adéquatement à l’enseignement que Jésus nous donne.
En lien avec la réaction de l’assemblée réunie dans la synagogue de Capharnaüm, l’écoute attentive du Christ constitue le premier réflexe que nous pouvons développer. Dans la première lecture, en nous annonçant l’avènement d’un autre prophète comme Moïse, le Seigneur a ajouté : « vous l’écouterez ». Le psaume responsorial de ce jour nous aide à évaluer quotidiennement l’attention que nous réservons à l’enseignement de Jésus. Il nous exhorte par ces mots : « Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ? Ne fermez pas votre cœur comme au désert ».
Il est vrai que nous ne sommes pas de ceux qui pourraient fermer leurs cœurs à l’enseignement de Jésus, mais est ce que, aujourd’hui, tant de choses ne détournent pas notre attention des paroles que le Christ nous a communiquées de la part du Père ? Depuis la transfiguration, la voix du Père, nous demande de nous débarrasser de tout ce qui sollicite notre attention afin d’écouter son Fils bien-aimé. Au sujet de Jésus, la voix du Père nous dit constamment : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le ! » (Mt 17, 5).
L’écoute de la Parole de Dieu doit être plus importante dans notre vie que l’écoute des mass média. Elle doit solliciter, de notre part, plus de temps et d’attention que les réseaux sociaux. L’écoute de la Parole de Dieu nous conduit à l’abandon de notre personne au Christ et à l’adhésion totale à sa Personne. Notre écoute est insuffisante si la Parole de Dieu ne nous transforme pas, si elle ne conduit pas à changer qualitativement notre vie. Il nous faut alors améliorer notre manière d’écouter la Parole de Dieu pour être à même de produire des fruits concrets qui témoignent de notre renouvellement. C’est à travers notre vie de chaque jour que nous pouvons témoigner de ce renouvellement.
Le témoignage chrétien constitue en effet, le second appel que je viens vous lancer en ce jour. Dans l’une de ses célèbres homélies, saint Antoine de Padoue, le saint patron de votre communauté paroissiale a utilisé des termes forts pour nous y inviter. Il disait en effet : « Je vous en prie, que les paroles se taisent, et que les actions parlent. Nous sommes pleins de paroles mais vides d’actions »[1].
Oui, frères et sœurs dans le Christ, nos actions devraient indiquer que nous ne nous contentons pas d’écouter le Christ mais que nous mettons en pratique ses recommandations. Elles devraient manifester notre foi authentique, notre communion fraternelle et notre capacité à bien gérer les ressources qu’Il nous donne. Nos actions devraient révéler que nous sommes de la famille de Jésus. En Lc 8, 21, Jésus disait : « Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. »
L’invitation que nous lance saint Paul dans la deuxième lecture s’inscrit dans cette dynamique. L’apôtre dit en effet : « Frères, j’aimerais vous voir libres de tout souci. Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur. Celui qui est marié a le souci des affaires de ce monde, il cherche comment plaire à sa femme, et il se trouve divisé ».
La préoccupation majeure de l’apôtre dans cette invitation est la suivante : que nous restions attachés au Seigneur de façon indéfectible, et que nos actions ainsi que nos états de vie manifestent partout que nous lui appartenons entièrement. Ainsi donc, le célibat consacré comme le mariage chrétien, la vie en communauté paroissiale comme dans la société doivent devenir des creusets pour témoigner de Jésus.
C’est à ce témoignage vivant centré sur la personne du Christ que je voudrais vous convier, chers chrétiens de Cocotomè. Sans ce témoignage de vie, notre vie chrétienne perd tout son sens, voire sa crédibilité. Elle ne peut constituer un enseignement nouveau, comparable à celui de Jésus, donné avec autorité. La manière concrète pour vous de témoigner de la Parole du Christ est votre mobilisation effective à l’édification de votre communauté paroissiale.
Puisse le Seigneur, par l’intercession de Saint Antoine de Padoue, vous en accorder les grâces nécessaires. Qu’Il vous donne d’être enracinés dans votre foi, dans une entière appartenance au Christ, Lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles, Amen.
[1] Office des lectures : texte patristique du 13 juin.