Ascension du Seigneur 2020
Jeudi 21 mai 2020.
Ascension du Seigneur.
Chers frères et sœurs,
Nous célébrons aujourd’hui l’Ascension de notre Seigneur Jésus, c’est-à-dire sa montée au ciel. Parler de l’Ascension, c’est mettre en lumière une autre dimension du mystère de la Résurrection du Christ que nous célébrons depuis la nuit de Pâques.
En bon historien et pédagogue, saint Luc, l’auteur des Actes des apôtres, situe cette montée du Seigneur dans l’espace et le temps sans manquer de nous dire toute la signification théologique qu’elle comporte. Pour lui, après sa résurrection, le Christ s’est manifesté à ses disciples pendant quarante jours (un temps très symbolique dans la Bible : c’est la durée assez longue pour manifester le changement). C’est après la période des apparitions à ses disciples que le Christ monte au ciel où il siège désormais à la droite du Père.
Cette montée de Jésus au ciel a un sens théologique très fort : celui qui a été humilié et rabaissé par une mort ignominieuse sur la croix a été exalté : il est élevé désormais au-dessus de toute chose et il est établi à la droite du Père. L’apôtre Paul est celui qui nous donne une réflexion théologique très approfondie de ce mystère : « Il (Dieu) l’a établi au-dessus de tout être céleste… Il a tout mis sous ses pieds et, le plaçant plus haut que tout, il a fait de lui la tête de l’Eglise ».
Parler de l’ascension de Jésus, c’est donc montrer que le Christ vivant accède désormais à un état qui lui permet d’exercer sa domination (c’est-à-dire sa toute-puissance) sur toute chose. Il partage désormais avec Dieu son Père sa gloire et plus rien au monde n’a de prise sur Lui. Par ailleurs, étant la tête de l’Eglise qui devient désormais son Corps, tous ceux qui croient en Lui participent de sa puissance : il leur permet eux aussi de prendre part à sa victoire sur les dominations de ce monde.
Cette présentation de l’Ascension marque pour le peuple chrétien le début d’une ère nouvelle qui consiste principalement en trois choses.
* La première, c’est la réalisation de la promesse de Dieu par l’envoi de l’Esprit Saint : en montant au ciel, Jésus permet à ses disciples de recevoir le don de l’Esprit promis par Lui. C’est dire que sans cette montée, les disciples ne sauraient recevoir l’Esprit Saint qui est un don envoyé d’auprès du Père : il a fallu que le Christ entre dans la gloire du Père où il partage avec Dieu sa toute-puissance pour que l’Esprit (la force de Dieu) se répande sur les disciples.
Dans sa lettre aux Ephésiens (2ème lecture) saint Paul attire l’attention sur trois rôles principaux de l’Esprit. Il est l’Esprit de sagesse qui nous révèle d’abord qui est le Père. C’est dire que sans l’Esprit, nous ne saurions connaître qui est le Père : l’Esprit nous révèle en profondeur le mystère de Dieu, Père de Jésus-Christ et Père de tous les hommes. « Personne ne connaît le Père sinon le Fils… »
Par ailleurs, l’Esprit nous révèle l’espérance liée à notre appel : en nous appelant à être chrétiens, le Christ fait naître en nous l’espérance qui n’est autre que le partage futur de sa gloire. C’est dire que la gloire que Dieu le Père partage désormais avec Jésus son Fils est l’héritage promis à tous les fidèles : tous ceux qui croient en lui.
Enfin l’Esprit nous révèle la toute-puissance de Dieu, c’est-à-dire la force, la vigueur qu’Il a mise en œuvre en ressuscitant Jésus d’entre les morts. Cette force de Dieu est aussi à l’œuvre dans la vie des croyants : elle leur permet de faire eux-mêmes le passage de la mort à la vie.
Chers frères et sœurs, nous voyons que l’Ascension est pour nous une étape capitale : elle nous fait comprendre la force de Dieu qui est à l’œuvre dans notre vie chrétienne. Jésus en quittant les siens ne les abandonne pas comme des orphelins : il est plus que jamais présent dans leur vie, son Esprit est à l’œuvre en eux. C’est lui qui les redynamise, les rénove et leur donne la force du témoignage. Il y a là pour nous un appel à ne jamais désespérer de la vie. C’est là le deuxième point de notre méditation.
* L’Ascension fait des disciples des témoins intrépides de la Résurrection du Christ : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ». En recevant le don de l’Esprit, les disciples sont appelés à devenir témoins du Christ partout dans le monde : ils sont appelés à rendre raison devant les hommes de l’espérance qu’ils portent en eux.
Ce témoignage est ce qui leur permet de devenir désormais des adultes dans la foi, c’est-à-dire des hommes et des femmes entièrement enracinés en Dieu. C’est dire que sans la montée de Jésus au ciel, les disciples n’auraient pas pu accéder à une vraie maturité de foi : il a fallu que le Christ les quitte physiquement pour qu’ils mûrissent spirituellement dans leur foi.
Selon la page d’évangile, le témoignage des disciples consistera principalement à faire d’autres disciples par le baptême, l’enseignement et la bonne conduite : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé ». C’est dire qu’il ne suffit pas de baptiser et d’enseigner pour faire d’autres disciples au Christ, encore faut-il vivre ce qu’on enseigne par une conduite conforme à l’Evangile. C’est en cela que réside la force du témoignage, ce qui peut convaincre les autres de suivre le Christ.
Chers frères et sœurs, nous sommes là au cœur de ce qui fait notre témoignage chrétien : une vie conforme à l’évangile. Elle est le creuset où se forme notre identité avec le Christ dans le but de mieux le révéler au monde. Le pape Paul VI disait à ce sujet : « Les hommes d’aujourd’hui ont plus besoin de témoins que de maîtres. Et lorsqu’ils suivent des maîtres, c’est parce que leurs maîtres sont devenus des témoins ». C’est dire ici la nécessité de vivre une véritable intimité avec le Christ pour être à même d’être ses vrais témoins dans le monde.
* Le troisième point de notre méditation est justement la vie d’intimité à intensifier avec le Christ monté au ciel. Dans la page d’évangile, en quittant les siens, Jésus les rassure : « Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Avec sa montée au ciel, Jésus n’abandonne nullement les siens : il réaffirme sa présence dans leur vie jusqu’à la fin du monde. C’est redire ici l’importance d’intensifier notre relation d’intimité avec le Christ. Nous ne saurions être de vrais disciples du Christ (confrontés aux aléas de l’histoire et aux multiples défis de notre temps) sans nous efforcer de vivre plus intensément notre relation au Christ.
Cette intimité avec le Christ exige de notre part un recentrage continuel de notre vie sur sa Personne à travers l’écoute assidue de sa Parole, la docilité à l’Esprit (notre Maître intérieur qui nous conduit à la vérité tout entière), la fidélité aux sacrements et une vie de prière intense. C’est dans l’entretien régulier de cette relation d’intimité avec le Ressuscité qu’il nous communique sa force qui nous rend capables de devenir des témoins intrépides de sa Résurrection dans le monde.
Puissions-nous, à l’exemple des premiers disciples du Christ, être animés de son Esprit de façon à pouvoir être régénérés, transformés et devenir des témoins intrépides envoyés partout dans le monde pour le renouvellement de notre terre. Que le Seigneur, par l’intercession de la Vierge Marie, nous en accorde la grâce, Lui qui vit et règne, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.