Homélie Noël des enfants

Mercredi 23 décembre 2020.

Noël des enfants – Journée de l’Enfant Béninois – Signature de convention.

Monsieur le Représentant du Ministère des Affaires sociales,

Monsieur le Juge des Mineurs,

Monsieur le Représentant des centres de Promotion sociale,

Révérends Pères concélébrants,

Cher frères et sœurs dans le Christ,

 

En cette avant-veille de la Nativité de Notre Seigneur Jésus Christ, nous avons l’heureuse grâce de nous retrouver avec nos Enfants en Situation Difficile (ESD) dans un espace qui a accueilli, sous le regard bienveillant de Notre-Dame de Regard d’Amour, de nombreux enfants. Pendant 35 ans des bébés orphelins et abandonnés, et des enfants en préadolescence ont eu cet édifice pour domicile transitoire.

Avec nos Enfants en situation difficile, nous célébrons aujourd’hui la Noël anticipée des enfants, car nous voulons leur annoncer que l’Enfant Jésus, né dans une crèche et déposé dans une mangeoire, leur donne tout son amour dans cette Sainte-Famille qu’il formait avec la très sainte Vierge Marie et le saint chaste Joseph.

En cette avant-veille de la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, le 23 décembre de chaque année, le peuple béninois a voulu que soit célébrée la Journée de l’Enfant béninois. Tant d’enfants traînent dans les rues de nos grandes agglomérations, ils mendient à nos différents carrefours dotés de feux tricolores, ils sillonnent et glanent dans nos marchés, ils n’ont aucune possibilité d’éducation familiale et scolaire, ils sont plutôt exploités par des personnes adultes, ils sont contraints et soumis à des atteintes ignominieuses aux mœurs, ils sont poussés à la violence aveugle.

Puisse cette journée de l’Enfant béninois cesser d’être une journée théorique et simplement marquée par un geste politique, voire une action humanitaire purement sporadique. Puisse cette journée devenir des engagements pratiques d’accompagnement et d’investissement de chaque citoyen adulte pour le bien-être de chacun de nos petits-citoyens. Si l’enfant est dit père de l’homme, pouvons-nous laisser nos futurs tresseurs de cordes pour un Bénin debout sans dons d’idéaux d’amour ?

Ce jour a donc été providentiellement choisi pour signer la convention de cession d’un édifice, d’une infrastructure que remet à titre gracieux la Fondation Regard d’Amour à l’Archidiocèse de Cotonou afin que notre Caritas diocésaine (Cotonou – SCDIH) poursuive sa mission de pastorale sociale au service de l’enfance malheureuse.

La Fondation Regard d’Amour n’est pas en fin de mission, encore moins en délaissement d’amour. Cette fondation a plutôt très vite compris que ses membres prenant de l’ancienneté n’étaient pas épaulés par une génération plus jeune et tout aussi engagée. La fondation s’est alors demandé à quoi bon conserver une telle infrastructure pour ses activités de plus en plus réduites. Avec sagesse, la Fondation Regard d’Amour m’a demandé si l’Archidiocèse de Cotonou ne pourrait pas reprendre l’infrastructure pour ses œuvres caritatives au profit des enfants et adolescents.

Avec la bénédiction de mon prédécesseur Mgr Isidore de Souza, la Fondation Regard d’Amour avait été envoyée en mission dans l’esprit de l’œuvre  d’évangélisation dévolue au laïcat dans l’Église au cœur du monde. En recevant cette infrastructure aujourd’hui, nous nous engageons, avec ma bénédiction, à poursuivre la même mission. Il s’agira précisément de continuer à porter le témoignage d’un laïcat engagé au cœur de l’Église et dans le monde.

Lorsque nous nous laissons conduire par le Saint-Esprit, il fait tout concourir à notre bien. Est-ce par hasard que nous avons choisi ce thème pour l’année pastorale 2020-2021 ? Non, je ne crois pas ! La preuve en est qu’au moment où les responsables de notre Caritas diocésaine se plaignaient du manque d’espace pour accueillir les jeunes garçons du Centre d’Écoute et d’Orientation saint Joseph de Calavi, l’Esprit de Dieu était à l’œuvre. Les prières qu’ils adressaient de façon incessante à saint Joseph pour que ce dernier intercédât en leur faveur, ont fini par être exaucées.  C’est dire que ceux qui dans l’Esprit Saint se laissent couler dans la foi en faisant recours à la Sainte-Famille, reçoivent toujours une réponse bien au-delà de leurs attentes.

Mais alors, la question qui surgit est celle du nom à donner à ce lieu qui nous accueille ? Cette question du nom est bien celle posée dans la page d’évangile de ce jour. Les voisins et la famille d’Elisabeth, ayant appris que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, voulaient conserver au nouveau-né le nom de son père Zacharie conformément à la tradition. Mais, en réponse,  Elisabeth déclara: « Non, il s’appellera Jean ». Quelle surprise ! La femme que nous appelons aussi mère de la tradition ancestrale, ose rompre cette vieille tradition. Tous voulurent savoir alors si sa réponse était en accord avec le désir de son époux, frappé de mutisme. Mais, à l’étonnement de tous, le père de l’enfant écrivit sur une tablette: « Jean est son nom ».

Comme on le voit, Zacharie et Elisabeth, décrits précédemment comme des hommes pieux, justes devant Dieu et fidèles à ses lois, préférèrent obéir à Dieu qu’à la tradition des hommes. Le nom Jean donné au nouveau-né était en effet celui révélé par l’ange de Dieu à Zacharie et qui signifie : « Dieu a fait grâce ». La naissance de Jean Baptiste a été en effet accueillie comme une grâce divine, un don de Dieu. La louange ne pouvait que jaillir de la bouche de Zacharie dont la langue se délia aussitôt.

A l’écoute de la Parole de Dieu de ce jour, le nom qui semble convenir à ce lieu qui nous accueille est bien SAINT JOSEPH DU REGARD D’AMOUR. Vu les péripéties qui ont conduit à l’occupation de ce lieu par les enfants, nous ne pouvons exclure le Regard d’Amour du visage de saint Joseph. Il s’agit d’un saint Joseph qui regarde toujours tendrement l’Enfant Jésus et soutient la Vierge Marie sur l’âne, en exil pour l’Égypte, et lors de la retrouvaille de Jésus au temple. La belle statue de la Vierge Marie qui nous accueille dès que nous franchissons la porte d’entrée de cette maison n’est-elle pas aussi appelée NOTRE-DAME DE REGARD D’AMOUR ?

C’est donc sous le regard d’amour de la Sainte Famille que je voudrais dire toute ma gratitude aux membres fondateurs de la Fondation Regard d’Amour. Sœur Anna, des Filles du Cœur de Marie, qui a cru en l’amitié et en l’engagement chrétien désintéressé du couple Paul et Claire AYEMONNA et des autres membres. Actuellement dans une maison de retraite en Italie, elle vit son ancienneté en priant pour nous. Par le directeur de la Caritas Cotonou – SCDIH, elle m’a, à plusieurs reprises, transmis gratitude et communion spirituelle.

Un grand merci à la Présidente de la Fondation Regard d’Amour, Mme Claire Houngan AYEMONNA. Elle a tout mis en œuvre, au risque de son avancée professionnelle, pour animer l’Amour du Christ dans le cœur des enfants qui y ont séjourné. Son époux Paul a toujours désiré agir efficacement dans l’ombre, comme un saint Joseph aux côtés de la Vierge Marie. Je sais tout ce que vous continuez de faire dans la discrétion au niveau des centres de santé de notre Église catholique au Bénin.

A tous les autres membres vivants, présents ou absents, j’exprime ma vive gratitude ainsi que celle de l’Archidiocèse de Cotonou. Soyez assurés de mes prières.

Aux membres de la fondation décédés, une mention spéciale sera faite dans la prière eucharistique pour qu’ils aient la joie de contempler le vrai Regard d’Amour.

Mes petits-enfants en situation difficile, mes filles et mes garçons, vous voici dans votre nouvelle maison, c’est un très gros cadeau de Noël. S’il vous plait, il faut nous aider à l’entretenir pour que vous y viviez heureux et aussi guéris des nombreuses blessures que vous aviez subies.

Si vous êtes ici, mes petits-enfants, c’est parce que les Procureurs de la République, les Juges des Mineurs, et le centre de promotion sociale ont fait confiance à nos Centres d’Écoute et d’Orientation, c’est parce qu’ils croient que nous pouvons vous redonner confiance en vous-mêmes. Ne manquez jamais de prier pour eux et de demander au Seigneur de les bénir.

Je ne manque pas de saluer tout le Vicariat forain d’Abomey Calavi, spécialement les curés des paroisses de Calavi, de Gbodjo et d’Akassato pour tout l’accompagnement paroissial, les célébrations eucharistiques, l’enseignement catéchétique et l’animation de la chorale qui se font pour la croissance spirituelle et humaine de nos enfants.

A vous tous ici présents, chers frères et sœurs en Christ, j’offre en signe de bénédiction la finale de l’évangile de ce jour : Puisse la Main du Seigneur demeurer avec vous en cette fin d’année et au cours des années qui se succéderont, Lui qui vit et règne maintenant et pour les siècles des siècles. Amen !