HISTORIQUE DE LA PAROISSE SAINT MICHEL DE gbéto COTONOU
HISTORIQUE DE LA PAROISSE SAINT MICHEL DE COTONOU
Monseigneur Parisot, Missionnaire et grand visionnaire !
Avec un billet de 500 F, Monseigneur Louis Parisot lançait les travaux d’une grande Paroisse. Inspiré par Dieu, il a su identifier celui-là qui pouvait accomplir cette volonté de Dieu. Autant les missionnaires de ce temps étaient courageux et vaillants autant ils n’étaient pas nombreux à prendre un tel haut risque et relever un si grand défi. Ils ont conquis les âmes pour Dieu sur une terre pauvre, sans moyens, en comptant sur Dieu. Monseigneur Parisot était de ceux-là. Il a su donc identifier un collaborateur en qui il a su placer sa confiance, le Père Henri Poidevineau.
N’est-ce pas lui qui un jour annonça au jeune prêtre Bernardin Gantin son intention de l’envoyer à Rome pour parachever sa formation ? La suite on la connaît. Du petit Bénin, Dahomey d’alors, est sorti un Doyen du sacré Collège, le premier Noir de la Curie romaine ayant représenté le Pape à un Congrès Eucharistique, celui de Lourdes !!!
Le premier Archevêque Métropolitain d’Afrique Noire, l’homme qui porta le Bénin, l’Afrique et l’homme Noir partout dans le monde.
Celui là sur qui, même des grands de ce monde ont parié qu’un conclave le ferait Pape.
Monseigneur Parisot en même temps qu’il projetait de déplacer de Ouidah à Cotonou le siège de l’Archidiocèse, a pensé à la création d’une deuxième Paroisse à Cotonou dont il choisit et offrit le lieu. Cette Paroisse, c’est Saint Michel de Gbéto dont l’essor spirituel, la vitalité ecclésiale et le rayonnement incontestable ne sont plus à démontrer.
Sans être une Cathédrale, elle peut être aujourd’hui considérée comme la plus grande paroisse du Bénin. Monseigneur Louis Parisot a vu juste, grand et très loin.
Les faits relatés par un témoin :
André Pognon
En 1930, un jeune prêtre à peine barbu arrivait à Ouidah. Il était si affable et dynamique qu’en peu de temps sa popularité déborda le cadre étroit de la ville pour aller rejaillir dans toute la Subdivision. Il n’est pas la moindre piste conduisant aux petits hameaux depuis le bord du Lac Ahémé jusqu’au chenal Djessin qui ne connût la pétarade de sa grosse moto. Les « poto poto » lagunaires, obstacles infranchissables n’ont pu arrêter son élan. Les stations secondaires avec écoles de Djègbadji et de Ouakpè-Kpèvi en sont un témoignage.
Autant le Père Poidevineau aimait aller très vite, autant il savait s’adapter à l’allure lente et monotone des pirogues lagunaires. Dès son arrivée à Ouidah, s’adressant à un groupe de jeunes réunis dans une association dénommée « enfants de Marie », il disait : « Vous ferez mieux. La jeunesse doit agir. Désormais, vous serez des jocistes ; et sans tarder, il créa la Jeunesse Ouvrière Catholique (J.O.C.) » avec la Croix de Malte pour insigne et deux hymnes pour animer le mouvement :
« Débout, l’appel du Christ résonne… »
« Nous irons jusqu’au bout du monde… »
Voilà lancés à travers les villages et les campagnes les jocistes à la conquête des âmes. Pour mieux atteindre les masses, le Tam-tam « Missinmahou » dont le sieur Isidore ADJOVI de pieuse mémoire, sous la directive du père Poidevineau, fut le principal animateur qui composa un riche répertoire de chants tirés des paroles bibliques et évangéliques. Ce tam-tam envoûtant, à résonnance percutante fut à l’origine de nombreuses conversions de païens à la foi catholique. C’était dans cette ambiance qu’un jour de 1936, Monseigneur Louis PARISOT le désigna pour aller fonder la paroisse Saint Michel de Cotonou.
Échanges fécondes
Père POIDEVINEAU
« En 1936, je venais d’arriver en congé en France, quand je recevais une lettre de Mgr Parisot, Vicaire apostolique du Dahomey, me nommant à Cotonou pour une nouvelle Mission à ouvrir et à construire. »
Mgr PARISOT :
« Vous restez deux ans en France pour trouver les fonds nécessaires, car je ne peux pas vous aider… vous vous débrouillerez…
Père POIDEVINEAU
« Rien à faire qu’obéir et prendre le métier de « tendre la main »…, pas sans misère, et les braves gars de chez nous : de la Vendée Angevine, se souviennent d’une petite barbe sur une moto, ou de « la Purée » torpédo sorti du Salon de l’Auto, autrefois…, s’ils s’en souviennent…, je crois bien…, ils avaient créé une chanson qu’ils chantaient dans les champs, quand ils voyaient passer la petite barbe sur les routes…, la chanson n’était pas méchante, tout au contraire, après quelques malices sur sa chère « purée », elle disait de donner largement au Missionnaire… les graves gens ! Cependant, le métier ne me plaisait pas toujours … j’avais déjà envie de changer, quand la providence, un beau matin au printemps de 1937, m’apporta une lettre avion de Monseigneur.
Mgr PARISOT :
« Non seulement la question de votre terrain n’et pas arrangée, mais le gouvernement s’y oppose, je ne vois pas comment s’en sortir, je vous demande de revenir tout de suite. »
Père POIDEVINEAU
« Fin avril, j’étais au du wharf, à Cotonou, ordre exécuté, me demandant si, tout simplement, Monseigneur ne m’enverrait pas loin dans le Nord, car enfin, que pourrais-je faire si Monseigneur avait échoué ? Moi, je n’avais peut-être pas toujours le Saint-Esprit avec moi, pas comme Monseigneur… par ailleurs, c’était le temps « du pain, de la paix et de la liberté » où on se souciait moins du pain et de la liberté de l’âme…
Quand le Père POIDEVINEAU eut écouté les recommandations de son supérieur, il lui demanda : Par où vais-je commencer ? Par l’école, lui répondit le prélat qui ajouta : l’école, ce sont les enfants, les enfants, c’est l’Eglise vivante.
C’est ce bref dialogue qui fut à l’origine de ce vaste ensemble palpitant de vie qu’est notre paroisse Saint Michel si harmonieusement couronnée par sa BASILIQUE.
Il n’y a pas de temps à perdre
Le Père POIDEVINEAU en a une conscience si aiguë qu’en un temps record et en dépit des difficultés de ravitaillement inhérentes à la dure période de 1939-1945, il changea la physionomie peu enviée de Gbéto d’alors, couvert de broussailles. Ce fut un véritable chantier à la chaîne ; ici les défricheurs s’acharnaient à nettoyer le terrain, là-bas les maçons élevaient les murs, les charpentiers apprêtaient les toitures, les couvreurs posaient les feuilles de tôle au fur et à mesure, tandis que sous des appatams improvisés, les enfants recevaient les premières notions de la langue française. L’école de Saint Michel était ouverte à tous les enfants sans distinction de confession, nombreux sont les protestants et les musulmans qui y envoyaient leurs enfants.
Sa messe terminée, le père troquait sa soutane contre un short plus une chemise manche courte et devenait entrepreneur. Toute sa journée se passera sur le chantier à surveiller les travaux tout en répondant à ses autres obligations. En dix ans d’intenses activités, il dota la paroisse d’une école de 15 classes, de plusieurs bâtiments à l’usage des bureaux, des œuvres, de logements pour le personnel pendant qu’il se contentait lui et ses vicaires de modestes chambres pour dormir.
La formation postscolaire des enfants n’est pas perdue de vue. Un vaste hangar métallique qui hébergea l’atelier de menuiserie (hélas ! aujourd’hui disparu !) ouvrit ses portes à une jeunesse avide d’apprendre. Au bout de quatre ans, les résultats ont dépassé la promesse des fleurs.
La Providence :
Les échos aux appels : Père POIDEVINEAU entre rêves, espoirs et déception
Au bout du Wharf : « Un qui ne peut pas attendre »
C’est ce pauvre père POIDEVINEAU, du Dahomey, qui vient de recevoir, malgré qu’il est en France, une de ces tuiles dahoméennes dont le coup vous laisse pantelant. Rien de cassé, c’est vrai, sauf peut-être la tuile, mais le souffre court tout de même. On le devine bien à ce qu’il écrit. Lisez plutôt :
« C’est au bout du wharf, lisez : au bout du quai, si vous le voulez, c’est exactement la même chose, à cette différence près qu’un quai est ordinairement fait en pierres tandis qu’un wharf est construit en fer. D’ailleurs peu importe, c’est la même chose, je vous l’ai dit.
Donc, dans quelques semaines, je serai au bout du wharf de Cotonou. Monseigneur, notre Vicaire Apostolique m’y attendra probablement pour me rééditer une décision qu’il vient de me notifier par avion, probablement aussi dan s les mêmes termes. »
Voici :
« Heureux de vous revoir, mon cher Père ! Bonne santé ?… Bon voyage ?… Parfait ! J’ai justement besoin de vous. Une mission à fonder, à ouvrir, à lancer. C’est ici même, à Cotonou. Tout est à faire. Il faudra construire d’abord. Je vous donne 500 Francs. Et maintenant, au travail, tout de suite. Bon courage. Vous rentrez de France où vous avez dû trouver ce qu’il faut. Débrouillez-vous. Ah !… avec les 500 Francs. Je vous donne aussi le terrain. C’est du sable ! »
Des ordres tout ronds, tout nets. Il n’y a pas à barguigner. C’est parfait. Du beau travail à faire ! Il n’y a pas à craindre l’ennui. Mais 500 francs !… Si encore c’était des francs-ors. Mais non, de pauvres petits francs papiers !… Avouez qu’il y a de quoi rester rêveur même au bout d’un quai !
Voyons, Père, n’y aurait-il pas quelqu’un ou quelques uns parmi les bons amis à l’Echo, parmi les généreux amis des Missions, quelqu’un ou quelques uns parmi mes compatriotes et amis poitevins ou angevins pour me tendre une perche secourable ou même simplement des bouts de perche ? Avec des bouts, on peut faire une perche. Et me sortir de ma triste rêverie au bout du wharf ou mieux encore m’empêcher d’y tomber. M’aider à obéir, m’aider à faire des briques – j’aurai le sable sur place mais pas le ciment m’aider à me débrouiller, pour bâtir une église, bâtir un presbytère où loger le jeune confrère qui doit venir me rejoindre au prochain renfort et lui aménager un acclimatement plus facile au rude climat de la côte dahoméenne ?
C’est tout cela, qui n’est pas du rêve, que je vois danser devant mes yeux avant même d’être parvenu au bout du wharf… de Cotonou… !
Je vous dirai une autre fois ce que c’est que Cotonou. Pour le moment, la dure réalité me talonne. Aidez-moi à y faire face. D’avance, merci !
Les déceptions : les avis défavorables de la Commission Communale
Les sollicitations, les appels et le marketing du très convaincant constructeur d’église, le père POIDEVINEAU, n’ont pas toujours reçu des échos favorables. Le père POIDEVINEAU sonna à toutes les portes pour avoir des fonds. Même celle qui savait hostiles à ce genre de demande, furent violées.
Ainsi, deux ans auparavant, précisément le 12 septembre 1950, en vue d’amorcer les travaux, il n’hésita pas à transmettre au Gouverneur une demande de subvention formulée par le comité paroissial. Evidemment, comme il faut s’y attendre, le Conseil Général rejeta la requête.
De même, les délibérations de la commission municipale du 11 juin 1954 et du 27 Décembre 1954 au 5 Janvier 1955 sont la preuve que tout n’était pas rose. Ce furent des avis défavorables des pouvoirs publics.
Le très déterminé « Assouka Go’ n’go », n’en fut pour autant découragé.
La petite chapelle vite dépassée : 2/3 dehors
Dès les premiers mois, une chapelle archicomble le jour des Offices laissait augurer l’ampleur de la moisson qui attend les ouvriers. On ne peut laisser les fidèles étouffer longtemps dans cet espace devenu trop tôt étroit. Au cours des célébrations, 2/3 des fidèles restaient dehors. Il faut construire une maison à la mesure des enfants, se disaient le Père. Le conseil paroissial lui donna le feu vert. Le presbytère terminé, le père n’aura de cesse qu’il n’ait jeté la fondation de la « Basilique » dont l’imposante maquette effraya les fidèles quant aux moyens de financement. Mais le père lui dissimulant ses inquiétudes, les rassurait tout en leur demandant d’être généreux dans la mesure de leur possibilité pendant qu’il faisait appel à ses relations extérieures.
L’Audace
Après une première estimation et en accord avec le comité paroissial, il décida de poser la première pierre le dimanche 19 Octobre 1952. Dès le 18, les fidèles qui se rendaient au Rosaire, furent surpris de constater la présence d’une imposante Croix plantée au bord de grandes tranchées profondes et larges de plus d’un mètre. Monseigneur PARISOT était l’hôte de la paroisse depuis la veille. Le dimanche soit devant une foule de fidèles il procéda à la bénédiction de la fondation. Mais pendant des mois les fidèles peu avertis de la complexité des travaux de ce genre, s’étonneront de voir tant de tonnes de ciment, de fer à béton, de gravillons disparaître comme par enchantement dans la profondeur de ces trous béants ! Rien n’émergeait du sol… ! Les curieux qui allaient voir les maçons travailler, revenaient quelque peu déçus de ce qu’ils avaient vu. Les sceptiques tiraient carrément leur conclusion. On ne finira jamais cette église ! En effet, des années durant, des efforts de toutes sortes vont être demandées aux fidèles et aux généreux bienfaiteurs. Des ventes de charité organisées chaque année et dans les six (06) secteurs que comptait la paroisse, éprouvaient la générosité des fidèles qui se surpassaient en émulation. Le Père POIDEVINEAU sonna à toutes les portes pour avoir des fonds. Après le rejet de sa requête de demande de subvention, le Père POIDEVINEAU poursuivra difficilement mais avec détermination les travaux avec les moyens dont il disposait, ce qui, pour un organisme déjà éprouvé par une grave maladie à la suite d’un accident en 1938 alors qu’il volait, au secours de ses paroissiens attaqués par les bandits et force veillées à la recherche des solutions à ses problèmes, ébranla ses nerfs.
Il ne pouvait plus tenir malgré des brefs congés en France pour se refaire. Sa santé désormais fragile le trahissait, mais la hantise de finir son église le soutenait. Cette lutte dura bien quelques années et finit par l’épuiser. Il dut alors se rendre à l’évidence et, la mort dans l’âme, abandonna sa chère paroisse, son cher Dahomey, sa seconde Patrie à laquelle il a consacré près de trente ans de son existence, toute sa force vive. A la CROIX VALMER où il s’est retiré au milieu de ses confrères ces valeureux missionnaires qui ont marqué le Dahomey du sceau du Christianisme, qu’il soit remercié et réconforté. SON ŒUVRE N’A PAS PERI LA MOISSON A BIEN LEVE.
LE VASTE ET GRAND CHANTIER
La construction de la paroisse Saint Michel de Cotonou (Gbéto) pourrait être classée parmi les dix (10) œuvres titanesques de l’époque. On peut la classer juste après le wharf, les chemins de fer, la Basilique de Ouidah, les routes, la Cathédrale Notre Dame.
Rester près du chantier
Le Père POIDEVINEAU arrivait à Cotonou en 1936 et, pour rester près du chantier qu’il ne tardera pas à ouvrir, prit hospitalité chez feu Paulin François de SOUZA du quartier Gbéto auquel la nouvelle paroisse allait donner son nom.
Levé tôt le-matin, le père POIDEVINEAU allait dire sa messe à Notre-Dame qui ne disposait à l’époque que d’une chapelle installée au rez – de – chaussée du presbytère du père Firmin COLLINEAUX, assisté du père AUJOULAT. L’église actuelle, la cathédrale était encore en construction et ne devrait être achevée que dix ans plus tard grâce à la détermination et surtout à la générosité du père COLLINEAUX qui y avait mis le paquet. Il fut enterré.
Le Père POIDEVINEAU, sa messe terminée, reprenait le chemin de Gbéto sur sa moto « MONET GOGNON » dont le vrombissement réveillait les riverains encore endormis ; ceux-ci s’étonnaient et s’interrogeaient : POIDEVINEAU revient déjà de la messe ? Précisons qu’à cet époque ce genre d’engin était rare et presqu’inconnu dans le secteur sablonneux de Gbéto.
Son fugace déjeuner pris, voici le Père POIDEVINEAU à travers les broussailles de Cacus de palmier et d’autres essences forestières qui couvraient l’emplacement que son génie allait en très peu de temps transformer en un milieu ambiant et palpitant de vie.
Mais ce ne fut pas facile, il lui a fallu une forte dose de patience et de tact pour convaincre certaines réticentes à venir à bout des incompréhensions qui se dressaient devant lui suscitées par l’esprit malin.
Un drame inattendu
C’était en 1938, au cours d’une nuit noire, POIDEVINEAU allait au secours de ses ouailles assaillies par les malfaiteurs quand, accidentellement une balle de son revolver se logea dans sa jambe ; il fut transporté d’urgence à l’hôpital où, après l’extraction de la balle, la septicémie s’était mêlée de la partie et compliquait dangereusement la cicatrisation de la plaie opératoire chez un sujet fatigué par un long séjour colonial. Mais, sa foi en Dieu et sa détermination de poursuivre l’œuvre amorcée lui firent triompher de ce mal insidieux. Plusieurs mois d’hospitalisation prolongée d’un congé de convalescence en France le retinrent éloigné de son chantier de Gbéto qui hantait ses nuits.
Retour à Cotonou
A peine rétabli, le Père POIDEVINEAU retournait à Cotonou et, sans perdre un instant reprenait en main son chantier.
Les années de guerres 1939-1945 avec leurs restrictions ralentirent à peine l’élan de l’ingénieux bâtisseur qui poursuivait inlassablement son œuvre. En un temps record des constructions en dur dont certaines en ossature métallique (que le père appelait ironiquement bâtisseurs de guerre) s’élevaient ça et là a la satisfaction des fideles ébahis. La priorité était donnée aux salles de classe, a la chapelle, au pavillon des œuvres, aux cellules des Pères.
La pose de la première pierre : 1952
Le dimanche 19 octobre 1952 est désormais une date historique pour les paroissiens de Saint Michel. En effet, depuis une semaine des rumeurs circules dans la Paroisse. On chuchote, on raconte, des opinions s’affrontent. De quoi s’agit-il ? Que va-t-il se passer le dimanche prochain ? S’interrogent les uns. Les autres plus optimistes disent simplement : Monseigneur bénira la première pierre de l’Eglise Saint Michel. Les élèves, au retour de l’école, racontent a leurs parents : « On creuse un grand trou a la Mission, à coté, il y a du fer, de cailloux et beaucoup de s’affairent autour. » Décidément : le jour après lequel les Gbétovis aspirent depuis longtemps est arrivé : depuis la veille, Monseigneur PARISOT est l’hôte de la Paroisse.
Le samedi soir, après le chapelet, une imposante croix fut déposée sur le terrain pendant que les fideles en rangs serrés chantaient. Le lendemain aux messes de 6 heures et de 8h30, Monseigneur prit la parole pour dire à ses ouailles sa satisfaction pour l’œuvre accomplie dans la Paroisse depuis sa fondation. Il rappelle ses directives au jeune Père qui lui avait demandé : « par où dois-je commencer » Par l’école, répondit l’Evêque. Les enfants, c’est l’Eglise vivante, ajouta-t-il. Et dès lors, l’infatigable missionnaire, sans ressources, mais à force de volonté et d’ingéniosité, réalisa point par point son programme : l’école (15 classe), l’atelier paroissial (vaste hangar métallique de 45 mètres sur 18, la chapelle actuelle, le logement des Pères, des bureaux et d’autres bâtiments, tous d’utilité vitale pour la bonne marche d’une paroisse. A ce tournant, il n’est pas inutile de rappeler la scolarisation massive des enfants de Saint Michel qui prennent rang dans les meilleurs élèves à tous les concours et examens.
«Nous arrivons aujourd’hui au grand et gigantesque projet qui, depuis des années nous préoccupe : notre église », l’évêque fait appel à tous les fidèles pour s’unir généreusement à leur pasteur et pour travailler ensemble à l’œuvre qu’il vient d’entreprendre. Il bénit toutes les bonnes volontés qui apporteront leur aide à ce travail commun.
L’après-midi, devait voir se jouer l’acte décisif. En présence, du Secrétaire Général représentant le Gouverneur du Dahomey, de Monsieur le Maire de Cotonou, de nombreuses personnalités Européennes et de plusieurs milliers d’Africains, Monseigneur PARISOT procéda aux cérémonies, rituelles et bénit la première pierre de la « Basilique » Saint Michel
Exhortation de Mgr Parisot
« Maintenant le fondement de la maison de Dieu est jeté. Une obligation nouvelle est née pour chaque paroissien de Saint-Michel. Chacun doit apporter sa pierre à l’édifice. Nous devons nous-mêmes, bâtir notre maison ; cette maison, où nait et s’épanouit en nous la vie du christ ; cette maison où joyeusement parents et amis nous accompagne pour y recevoir le sacrement de mariage, cette même maison où nos proches éplorés et meurtris par la douleur nous amènent pour la dernière fois.
Comment songer un instant que ce lieu où tous les évènements capitaux de notre vie se jouent n’est pas notre ! Il est donc juste et normal que tous ensemble nous la bâtissons. Catholiques Dahoméens de l’intérieur ou de l’extérieur, les Gbétovis vous convient aux chantiers de l’église Saint Michel ; vos dons si minimes soient- ils, seront reçus avec plaisir et reconnaissance. »
Priorité : l’école d’abord
L’école eut en peu de temps, sous la direction du père GOMMEAUX, le cycle complet de l’enseignement primaire. Le succès de ses élèves au certificat de fin d’études primaires et élémentaires (elle avait les meilleurs pourcentages) fit longtemps parler de l’école de Saint Michel.
« Ecole Saint Michel, haut lieu de formation solide du niveau primaire »
Par professeur Honorat AGUESSY
(Ancien élève de Saint Michel), 1998
Dans quelques mois (propos recueillis en 1998), cela fera un demi-siècle que j’ai quitté l’école primaire Saint Michel, après y avoir reçu une éducation profonde et puissante qui n’a cessé d’influencer mon cursus de formation et d’éducation ultérieure.
Aller à l’école Saint Michel, ce n’était pas exclusivement aller vers un haut lieu de formation solide du niveau primaire dont tout le monde parlait ; c’était aussi aller vers un centre d’inculturation qui imprégnait la personnalité en gestation de l’adolescent ; c’était enfin aller baigner dans un cadre enthousiaste de spiritualité où une grande attention était portée à l’animation de la liturgie (par les adolescents) par la haute qualité de prestations des chorales.
Disons un mot de chacun de ces trois domaines d’éducation.
Former pour assurer la relève
(PAR ANDRE MONSI AGBOKA, ANCIEN ELEVE ET
MAITRE DE L’ECOLE SAINT MICHEL)
A cette époque, l’école serait déjà à deux groupes mais dirigée par un seul directeur, le père GOMMEAUX ; les groupes ne se faisaient pas distinguer.
Tous les écoliers étaient obligés de répondre à l’appel du maître le dimanche avant d’être conduits en ordre à la messe à l’église.
Les absents à la messe sont sévèrement punis par le père directeur ; à un moment donné, les écoliers avaient des cartes de présence à rendre à leur maître, avant la messe et à la bénédiction.
C’était une obligation aux écoliers et aux maîtres et à la bénédiction ; des écoliers absents qui n’avaient rendu le ticket, étaient obligés de payer à l’administration scolaire 25 FCFA pour l’absence le matin à la messe et 15 FCFA à la bénédiction.
La direction scolaire du père Francis VERGER a été marquée par la poursuite des écoliers qui faisaient l’école buissonnière, avec sa moto cross dans les vons, dans les bancs de salle souvent aux alentours de la paroisse. Les maîtres étaient jeunes, exigeants, rigoureux, redoutables, animés du souci permanent de la réussite de leurs écoliers ; alors ils usaient de toutes sortes de sanctions : châtiments corporels, privation de récréation, privation de rentrer à la maison à midi ; alors les retenus de cette catégorie passaient plus de deux heures en prison, une cellule, une fournaise. Je me rappelle encore de l’ardeur et de l’exigence des anciens maîtres. Les feus BOCO Grégoire, AGBODO Toussaint, GNANSOUNOU Basile, BADA Jules, FANOU Dominique et de M. GNAMBODE Théophile, devenu agent de santé par la suite.
Le catéchisme se faisait à la première heure en classe par chaque maître, car il n’y avait pas de cloison entre école et la paroisse.
La classe de chant et la préparation de la messe du dimanche se faisait à l’église au niveau de la classe des grands, les Cours Moyens, garçons et filles.
Sorti de l’école en juin 1958 avec le certificat d’études primaires, j’y suis revenu en novembre 1960 par voie de concours en qualité de moniteur d’enseignement sans formation professionnelle. Le père Daniel était encore Curé, le père Laborde Directeur d’école à 12 classes. Les anciens maîtres, les feus HOUNDETE André, FANNOU Dominique, en plus de la charge de leur classe, s’occupaient de la formation des jeunes maîtres sur le tas.
Les classes étaient à effectif pléthorique, soixante dix et plus, au cours préparatoires, il fallait réussir à tout prix ; c’était très dur ; je reconnais avoir fait souffrir certains écoliers mais rien que dans l’intention de leur bien.
Avec mon engagement au mouvement CV/AV sur la paroisse où nous apprenions à animer les groupes d’enfants, la maîtrise pédagogique n’a pas tardé à venir. Les collègues étaient très solidaires, le clergé aussi proche des enseignants.
La catéchèse, la préparation des enfants aux sacrements, la fin d’année furent des moments de rencontres, d’échanges entre les enseignants et l’équipe sacerdotale.
En plus de ma cellule familiale, l’école primaire Catholique Saint Michel de Cotonou a été pour moi l’établissement de formation où j’ai acquis le savoir, le savoir-être, le savoir professionnel. Ma formation et ma réussite professionnelle viennent de cette école où le Seigneur a mis généreusement des hommes et des femmes sur mon chemin.
Cela fait apparaître la nécessité de l’école dans un milieu, l’école comme moteur du développement. Je rends grâce au Seigneur et à tous ceux qui ont contribué à me rendre utile à quelque chose.
Le centre d’apprentissage : personne n’est oubliée
Le Père POIDEVINEAU ne s’en tint pas à l’école. Il nous dit un jour : « Il faut penser dès maintenant à la situation postscolaire des enfants qui n’auront pas tous de place à l’Ecole Primaire Supérieur Victor BALLOT ou à l’Ecole Professionnelle RESTE (seuls établissement qui recevaient les élèves reçus au concours d’entrée) et à la masse des recalés, non doués pour la poursuite de la scolarité. » Le centre d’apprentissage dut alors créé.
De la forêt marécageuse hantée à la paroisse sacrée
(Saint-Michel de Cotonou : îlot de paix
Le Père POIDEVINEAU raconte son aventure
Monseigneur, réengageait les pourparlers…, et je faisais antichambre…, les palabres continuaient de plus en plus avec espoir…, on choisissait un terrain au lieu dit « Gbèto » « à la lisière », à la limite de la ville, dans la brousse ou presque ; il y eut des sourires, mais la Providence ne souriait pas elle, si bien que tout s’arrangeait, et nous obtenions un joli terrain en ville de 120 sur 120 mètres.
Monseigneur obtenait même la permission de commencer les travaux avant la conclusion officielle du contrat de vente… fin Août, je débroussaillais le terrain et faisais le premier travail : le puits… ensuite paillettes pour le chantier et les ouvriers. En Octobre, montage du bâtiment métallique qui servirait de chapelle et plus tard de salle d’œuvres…, 2m sur 8 la case de votre serviteur, et le 19 décembre 1937, la Paroisse Saint Michel s’ouvrait et voici les termes d’un passage du décret d‘érection de Mgr PARISOT :
« Depuis plusieurs années, vu le rapide et immense développement de la ville de Cotonou, le besoin s’est fait sentir d’une nouvelle paroisse, pour les chrétiens trop éloignés de l’église et trop nombreux pour y trouver place ; cette année, par un heureux et vraiment providentiel concours de circonstances, nous avons pu obtenir de la bienveillance des pouvoirs publics au lieu dit « Gbéto », l’octroi d’un vaste terrain où l’on pourra construire en dehors d’une église, tous les bâtiments nécessaires à la bonne marche d’une paroisse et à ses œuvres vitales. Nous déclarons donc érigée canoniquement à dater du 19 décembre 1937, la Paroisse Saint- Michel… »
Saint-Michel, s’installait à la lisière, mais la lisière allait s’éloigner rapidement, la ville grandir, si bien que Saint-Michel n’est même plus au centre de la ville ; sur le sable nu et souvent bien brûlant, les mûrs allaient pousser, les arbres et même les fleurs, fleurs matérielles que l’on voit à l’autel, fleurs qu’on ne voir pas et qui, cependant emplissent la chapelle le dimanche et en semaine.
Du sang dans le béton
Les premières mois se passèrent dans les constructions… au ralentir, car l’argent commençait à manquer, il fallait tout faire, depuis la chaise jusqu’au lit, avec des planches de caisses ; il fallait prendre contact avec mes nouveaux paroissiens (je les ai vite aimés) et organiser la paroisse avec ses œuvres, mêmes un terrain de football qui durera tant que l’église définitive n’en prendra pas la place, terrain merveilleux pour l’entrainement n’oubliez pas que nous sommes sur le sable …ce sable….,je voyais ces fondations dans le sable avec inquiétude … certes, les sueurs ne manquaient pas dans le mortier… mais serait ce suffisant pour que ça tienne. ? Le diable attaquerait son adversaire, le grand Saint Michel dont les couleurs flottaient à l’entrée de la Mission à coté de celles de la France…, il fallait un bon mélange et la providence en jugeant ainsi…
Un matin, vers 3h 30, ce n’était pas la première fois, les ouvriers me réveillaient, nous étions encore attaqués par les bandits…, je me levai précipitamment, vous le pensez, avec mon revolver… et 6 balles dedans…, et pas des petites….,bagarre dans une nuit humide et sans lune…, tout a coup, alors que je tenais l’arme, canon vers le bas, un coup retentit, je sentis comme un coup de caillou dans le genou, j’étais à terre …, un ouvrier s’était heurté à mon bras droit…,la balle était entrée dans le coté supérieur du genou, on devait la retrouver à l’extraire quelques heures plus tard à l’hôpital, beaucoup plus bas.
Que faire ? attendre que ça finisse si le bon Dieu voulait …, attendre, la jambe dans une gouttière, sans rien faire…,quelques jours après, complications….,presque entièrement paralysé …., 2 mois après on parlait tout simplement de…., couper cette jambe…., je refusai….,inspiré sans doute par la providence, alors qu’on me condamnait bon pour le repos au pied des filaos… ,je refusai…. Et enfin, je fis un mètre, puis deux avec des cannes…, et, un soir, on me ramena ans ma case…., la jambe était raide…, mais l’exercice ne manquerait pas de lui redonner sa souplesse…, un an plus tard la mobilisation devait terminer la guérison….
Excusez cette histoire d’une jambe, c’était pour vous distraire… et vous amuser, puisque comme dans les romans ,tout se termine bien, en effet, le béton scellerait mieux, et puis la Providence m’avait gardé…, je pourrais encore continuer à « planter l’Eglise » …, à travailler
1ER Mai 1939
La grève ? Non-Chômage ? Jamais…, ouverture d’une école de garçons dans la nouvelle Mission avec, au premier jour 171 élèves inscrits…, c’était le désir, l’ordre de Monseigneur et comme il avait raison…, c’est la première œuvre dans une Mission, la base des autres…, le bon Dieu, comme ses serviteurs, attendraient pour plus de confort…, à quoi bon une grande église si le bon Dieu s’y s’entait trop seul ? A quoi bon une grande maison pour ses prêtres, s’ils n’avaient qu’à s’y pavaner ? Tous les sacrifices furent donc dirigés vers cette école, espoir de la paroisse… construction en paille puis en dur et définitif et le matériel scolaire… tables bancs… ça ne finit jamais car, de 171 élèves, l’école est passée à 980…, école complète jusqu’au certificat…, la guerre et la crise ont arrêté les constructions définitives, mais l’école pourra patienter et attendre un peu…, mais 11 moniteurs travaillent pleins de dévouement, mais il faut qu’ils vivent et chaque fin de mois, il faut voir les fonds de tiroir…, vous vous imaginez la vie dans la Mission, les catéchismes et le bien qui se fait, que l’on verra plus tard.
Toujours avec la providence
Et avec cela, et je ne sais pas trop comment, la paroisse Saint-Michel s’est développée trop vite…, la chapelle que vous voyez, à droite, est cinq à six fois trop petite ; les chrétiens assistent aux offices dehors et quand il pleut…, certains partent…, c’est triste !… et, pourtant, il y a une messe spécialement pour les enfants…, là, aussi, même chose…, et nous avons trois messes et deux bénédictions le dimanche…, mais Providence a voulu en 1940, un Vicaire, et ainsi nous sommes deux maintenant…, et nous n’avons pas le temps » de broyer du noir…, on ne s’ennuie pas quand on travaille…, la ville s’étend au nord-ouest à trois kilomètres…, nous ne sommes plus à la lisière, à la limite ; un terrain est déjà prévu pour une autre paroisse, terrain qu’occupe un catéchiste avec une petite école…
Nos chrétiens, nos catéchumènes, sont de braves gens que nous aimons car ils sont dévoués et pleins de bonne volonté, ouvriers en majorité, ils collaborent à la construction de leur paroisse, et ils prient si bien le dimanche matin à leur messe dialoguée…, je voudrais que vous voyiez…
Un petit tour de terrain, si je ne vous lasse pas…, au centre, face à une belle avenue très longue, le terrain réservé à l’église qui me préoccupe maintenant…, au moins une partie…, je la voudrais grande, pratique, comme la maison de famille dont Dieu est le Père.
Prenons l’allée, toute cette partie est réservée aux œuvres, un premier bureau y a été construit dans ce but. Mais il a fallu en chasser notre J.O.C., pour y loger le vicaire au fond, vous vous trouvez à côté de ma case, le magasin et l’escalier des ouvriers ; puis, les paillottes-écoles, qui servent le soir de salle de réunions… nous sommes dans le fond du terrain, dans la partie de l’école puis, les bâtiments scolaires définitifs, il en faut encore trois comme le grand pour exécuter le plan… La Providence dira s’il s’agit d’un plan décennal, mais je ne le crois pas…, en passant, vous avez vu la cloche qui attend, elle aussi, dans sa paillotte…, elle attend, elle aussi, comme nous, la Providence… A gauche, le terrain nu, là sera notre maison, oh, sans luxe, mais elle n’est pas commencée.
En attendant, si vous passiez nous voir, nous vous recevrions dans notre wagon restaurant, c’est notre salle à manger, tout paille et tout bambou, avec portière et porte-bagage…, vous y serriez les bienvenus, vous y prendrez l’adresse : Saint Michel, Cotonou et si, vous vouliez être votre tour notre petite Providence, vous prendrez le même numéro dont la Grande Providence se sert : Chèque postal LYON 87-64 : missions Africaines, 150, cour Gambetta, Lyon, en indiquant au verso la mention : pour le Père Poidevineau.
Si vous avez le temps de nous écrire, ce sera un grand encouragement pour nous en nous trouverons le temps de vous répondre. Pendant ce temps, les arbres plantés il y a quatre ans continueront à grandir, et les âmes de la lisière donneront des fleurs de reconnaissances à la Providence.
Merci.
La Providence a vaincu les obstacles
Le Père Henri Poidevineau avec la maquette, présentait son projet de rêve à des personnalités en 1937. Le Président Sourou Migan Apithy, alors député, l’un des maçons pour sa réalisation, M. Kouyami, l’Administrateur Pleven, des officiers de la colonie.
Dans le numéro de Juillet-Septembre 1941, de cette revue, le R.P. Henri POIDEVINEAU, Supérieur de la Paroisse Saint-Michel de Cotonou, lançait un appel laconique pour demander un ciboire pouvant contenir 1 200 hosties, au moins ; 1 200 communions… c’est un chiffre qui laissait bien entrevoir le développement rapide de cette mission.
« L’Echo des Missions Africaines » ne faisant l’honneur de me réserver quelques colonnes, je voudrais donc vous parler de cette paroisse si florissante, si profondément chrétienne, vous faire aimer son fondateur que j’ai quitté il y a sept mois, et avec lequel j’ai vécu près de 4 ans. J’ai eu cet immense bonheur de connaître de très près la vie d’une mission et l’honneur de participer à celle-ci en tant que laïque et je voudrais vous communiquer cette exaltation, cette ferveur qui me possède lorsque je songe à l’œuvre si magnifique accomplie dans ce petit coin d’Afrique.
Une fondation qui s’impose
Cotonou, comme tous les ports de notre Afrique Noire s’est vu, dans les dernières années qui ont précédé la présente guerre, atteinte d’un développement extrême. Seul port desservant le Dahomey, il s’est vite accru d’une population issue en particulier des agglomérations et cercles avoisinants et ceci dans des proportions considérables.cet ensemble comportait un élément chrétien très notable auquel la petite église de Saint-François Xavier (devenue Cathédrale notre Dame) au cœur de la cité européenne ne pouvait suffire par suite de l’extension croissante de la ville qui étendait de plus en plus vers la brousse ses tentacules, par la création de quartiers neufs.
La fondation de la Paroisse Saint-Michel, aux lisières de la ville indigène fut d’autant plus opportune qu’elle permettait à une quantité de chrétiens, très éloignés de l’église-mère, d’assister aux offices et de ne point être retranchés de la vie paroissiale. La première paroisse érigée en église Notre-Dame des Apôtres avec son bel édifice, se trouvait avec l’accroissement de la ville noyée dans le quartier européen.
La construction de nouvelle paroisse soulevait naturellement de multiples problèmes. Il fallait construire une chapelle, des écoles. La présence de l’église à un emplacement si heureusement choisi rayonnait déjà sur un quartier dense. Elle devait permettre la fréquentation scolaire à une quantité d’enfants dont l’éloignement de la première paroisse favorisait l’école buissonnière.
Il fallait donc aborder, en plus la chapelle, la construction des classes, des dépendances et avec quoi… des sommes infimes mais une confiance profonde en la Providence, peu ou presque rien mais un courage incommensurable, des subsides problématiques au début mais une patience inébranlable.
Seul, le Père POIDEVINEAU pouvait entreprendre et mener à bien cette œuvre écrasante, avec cette intuition d’une grande œuvre à faire et cet acharnement qui devait le conduire à sa réalisation.
Au bout du wharf
Ranger la providence avec ceux que l’on place au…bout du quai, paraît dénoter un manque de respect ? Pas du tout, ces notes vont monter que lorsque la Providence veut quelque chose, elle le veut, elle utilise les pauvres instruments que l’autorité sur terre met à sa disposition, elle se rit des difficultés qui surgissent, elle s’en sert même pour tout diriger vers son but, et dans le cas présent, envers et contre tout, elle « plante l’Eglise ».
Que de fois, car je ne dirai pas tout, je ne peux pas tout dire, j’ai touché du doigt, et je n’ai pas été le seul, la présence de la Providence avec nous là, sur le sable nu, de quoi à allumer « la mèche qui s’éteint »…, c’est du vrai…, entre autres ce Parisien 100% qui avait connu notre sable et nos paillotes entre deux avions, qui avait pu observer pendant 3 jours, vivant de notre vie, qui m’écrivait à son retour à Paris :
« J’ai beaucoup réfléchi dans l’avion du retour, quel souvenir je garde de mon trop court séjour chez vous, j’ai vu et j’ai compris la Providence, j’ai retrouvé la foi ; dans quelques semaines, ma fille fait sa Première Communion, je communierai avec elle, je prierai pour votre Mission, et désormais je mettrai la main à l’éducation de mes enfants pour que leur foi ne soit pas du toc… »
Que de remerciements à cette Providence qui s’est si souvent manifesté dans cette nouvelle Mission !
Une ferveur digne des premiers chrétiens
Inaugurée en 1937, la petite chapelle qui n’est qu’un modeste hangar, s’est révélée vite insuffisante, et elle ne contient guère que le tiers des fidèles.
Combien de fois en ai-je vu dans ces assemblées pieusement recueillies, s’escrimer à trouver une place et dans l’impossibilité de se frayer un espace, s’agenouiller à l’extérieur, sur le sable même et suivre par les chants et les prières le divin office.
Comment pourrai-je vous décrire, cette ferveur qui rappelle les premiers temps de l’Eglise, cette foi pure, la foi vivante et robuste que l’on aimerait voir toujours chez nous. Cette piété profonde des messes de six heures du dimanche où, dans cette foule grouillante, on entend ni bruit de chaises, ni toussotements, ni conversations déplacées, mais ce recueillement religieux, que l’âme perçoit seule.
Recueillement vivant qui s’extériorise dans les regards d’adultes dirigés vers le tabernacle, vers le prêtre, attentifs à ses moindres gestes.
Cette piété des messes d’enfants, ces enfants noirs si intensément attentifs, si délicieusement pieux, exemple vivant pour leurs con génères blancs. Petites têtes crépues aux yeux pleins de vie, petits corps noirs vêtus souvent d’un simple pagne, d’oripeaux même, mais apportant la même ferveur que les grands.
Ils se tiennent serrés, entassés sur les bancs, les mains jointes, s’approchant bien sagement de la Sainte Table imitant en tous points leurs ainés. Ils sont trop nombreux, hélas, aussi, pour pouvoir se ranger dans l’intérieur de la petite chapelle, ils restent à l’extérieur. Ils ne craignent pas de s’agenouiller à même le sable et de suivre, avec la même attention, leurs regards sont si simples dans leur candeur, que le moindre moment d’écart sera vite réprimé par un seul regard ou par une parole.
La vie trépidante du Missionnaire
Il a fallu, pour cette foi se manifeste si bien, en si peu de temps, le dynamisme d’une personne jeune, puissante, qui s’est donnée sans compter qui s’est dépensée jusqu’à l’usure, et qui continue de se sacrifier constamment, dans une tâche écrasante.
Je dis bien écrasante, car ce n’est que depuis peu qu’il est secondé. Les Missionnaires n’abondent pas hélas, et souvent on ne peut pourvoir à tous les postes. Pendant bien longtemps le seul auxiliaire qu’eut le bon Père fut un instituteur auxiliaire indigène, président de la J.O.C. du Dahomey, qui sût être l’auxiliaire indiqué, discret, la personne qualifiée pour seconder le Père dans les détails multiples. Il demeure un collaborateur précieux, et ce n’est que depuis peu depuis peu que le Père a pu être aidé d’un autre prêtre.
Comment a-t-il, pu pouvoir seul à l’édification de tout, de cette belle chrétienté dans un quartier auparavant inexistant qui était une lisière de village et qui a poussé sur le mode des villes-champignons ? L’église étant installée, l’indigène a construit, d’autres sont venus.des cases peu stables se sont métamorphosées en maisons « en dur », d’autres se sont enjolivées, des rues larges ont été tracées des quartiers nouveaux ont surgi, et le tout semble par des fils invisibles, se rattacher au centre spirituel qu’est la paroisse.
Le Père habite un « apatam » dont le confort est précaire. Son bureau est dans une pièce minuscule mais ce bureau est le lieu par excellence où, avec la chapelle, toute la vie de la paroisse converge. A tout moment vous voyez s’introduire un homme, une femme, venants exposer ses petites questions de famille, d’intérêt personnel ; car il ne faut pas ignorer, n’est-ce pas, qu’n plus de son ministère, en plus des multiples occupations, accessoires d’éducateur, de directeur d’école, il est l’arbitre indiqué de toute une population qui, à chaque instant, accourra vers son pasteur, lui présenta ses doléances, et lui demandera de trancher des questions délicates qui appellent une connaissance serrée, profonde de l’indigène, de ses coutumes, de ses mœurs. Différends touchant à des incidents de famille, à des questions matrimoniales, à des legs ou dots, visant souvent les croyances ancestrales, qui s’amalgament et singulièrement parfois avec les idées et croyances nouvelles, et qu’un esprit superficiel chercherait à supprimer radicalement, mais qu’il faut au contraire aplanir et non briser. Diplomatie constante faite de psychologie délicate qu’il faut savoir mener à bien, car l’indigène est souvent contre paysan retors et susceptible ; et cela tout en pourvoyant aux questions multiples que soulève l’Administration des Ecoles, de la Paroisse, de la maison des Sœurs.
Je n’ai point encore dit un mot de cette Maison des Sœurs qui complète si heureusement l’aide apportée dans l’éducation des filles. L’enseignement féminin leur est réservé et, silencieuses, dévouées, elles s’en acquittent avec la même constance qu’elles savent prodiguer aussi dans l’entretien de la chapelle, et, avec cette modestie coutumière dans laquelle constamment elles vaquent.
Vous parlerai-je aussi de ces cérémonies auxquelles j’ai assisté si magnifiques et si simples à la fois ces messes de minuit où sous une voûte étoilée, le climat autorisant une cérémonie extérieur encouragée d’ailleurs par une assistance immense – toute une foule suit avec la même piété fervente des foules de chez nous, la commémoration de la naissance du divin Sauveur.
Vous dirai-je aussi ces processions dans les quartiers avoisinants, long déploiement s’étendant souvent sur un kilomètre, pour la fête du Christ-Roi notamment… Vous narrerai-je aussi cette belle fête de l’Epiphanie, la fête des originaires de Porto-Novo, les Gounous, vivant à Cotonou, où une représentation reconstitue naïvement l’arrivée des rois mages.
Toutes ces fêtes demandent une multitude de préparatifs, une infinité de détails auxquels le Supérieur pourvoit par delà le cours normal de ses attributions.
Cela ne l’empêche d’ailleurs pas, malgré la tâche souvent écrasante, d’être prêt à accueillir avec son bon sourire, prêt à conseiller, prêt à répondre à tous. Avec les écoliers noirs.
J’ai parlé de la petite chapelle qui tient lieu d’église. Elle est trop petite pour les besoins actuels, mais on s’y recueille avec tant de foi. Assise en plein sable, à l’extrémité d’un terre plein formant place immense, elle est centre principale autour duquel, dans une périphérie, proche, s’élèvent des bâtiments annexes, multiples, formant logement des pères, dépendances, cours gradués des écoles : le tout souvent simples « apatams » car il faudrait des crédits immenses. Pendant les heures de classe, on distingue toute cette multitude de têtes noires, cette foule de jeunes, du marmot au grand, près d’un millier, épelant avec soin ou suivant avec attention les explications du maître, les yeux rivés au tableau, on y voit cet effort de compréhension, cette volonté et ce souci d’apprendre si particulier à la race dahoméenne.
Il faut voir ces récréations avec toute cette marmaille joyeuse, soudainement endiablée. Une balle est vite trouvée et on joue, car le sport est pratiqué avec autant d’enthousiasme qu’en France, et le football en particulier a de nombreux fervents. Le dimanche, il y a souvent compétition dans l’après-midi, sur le terre-plein. Le Père préside aux ébats car Saint-Michel possède une équipe sportive.
Et cela se démène, croyez-le, avec ardeur ; des nuages de poussière opaque, des cris des mêlées terribles, mais que surprennent les tintements de l’angélus et tout s’interrompe, le calme soudain renaît, les têtes se découvrent, car le respect humain n’existe pas ici, et peu après on s’adonne avec plus d’ardeur pour la finale du match.
En visite.
De temps à autre, le Père qui a charge des paroisses, paroisses extérieures dans la banlieue de Cotonou, se transporte en visite. C’est pour lui une détente bien grande. Des petites paroisses qui apparaissent en pleine brousse, communautés dévouées, profondément affectueuses envers le Père.
Il faut lutter dans ces coins, comme sur la paroisse contre les assauts du fétichisme avec ses rites sombres, contre ces sectes occultes qui représentent le mal, contre l’opposition de certains esprits.
Il y a néanmoins pour le Père certaines consolations qui sont un baume. Une belle petite chorale, une J.O.C. où les jeunes de bonne volonté ne manquent pas et surtout cette vénération affectueuse qu’il recueille de ses paroissiens.
Des visites périodiques dans les carrés – les quartiers de la paroisse, qui s’étendent sur la moitié de la superficie de la ville – le mettent en contact direct avec les paroissiens, et une simple parole enquiert vite ces âmes. Et ces petites fêtes dont je parlais, ces fêtes données parfois dans les paroisses extérieures, annexes, dans les villages envoisinant, où toute une multitude se presse, traduit bruyamment sa joie après les cérémonies par les danses, par des chants d’allégresse, par des chœurs improvisés qui une joie pour le prêtre. Et l’église se développe. On avait une cloche magnifique en bronze, qui dormait depuis longtemps sous un hangar, et on l’a dressée dans un clocher original, d’où retentissent allègrement ses sons cristallins portant l’appel de Saint-Michel dans toute la ville. Cela résume bien simplement, chers lecteurs la vie de cette paroisse si vivante, si chrétienne.
Mais le bâtiment servant de chapelle est devenu si petit avec la croissance rapide de la communauté, qu’une troisième paroisse est projetée.
Ce qui s’avère le plus impérieux, est l’érection d’une église, d’une vraie église à la place du bâtiment qui a servi jusqu’ici de chapelle. Et c’est une grande église que le bon Père veut réaliser, une église qui ne serait plus un hangar, mais la vraie maison du bon Dieu, une église qui permettrait à tous les fidèles, de pouvoir suivre tous les offices, d’épargner ceux – et ils sont nombreux – qui doivent se tenir à l’extérieur au moment du Divin Sacrifice, et braver par amour du bon Dieu, les pires intempéries. Une nouvelle église, une église vraie maison du Seigneur, doit se dresser, se dressera donc au milieu de cette vaste place. Sa maquette est déjà prête.
20 ans de travaux : de la Basilique rêvée à la réalité
Le Père POIDEVINEAU n’a pas pu offrir la Basilique de son rêve, il n’a pas eu le temps de l’achever. Commencée il y a 20 ans, l’église Saint-Michel été consacrée et inaugurée le dimanche 1er Octobre 1972. La cérémonie à elle seule, soulève déjà l’enthousiasme des paroissiens. Et comme par enchantement elle se situe au cœur de deux festivités non moins attendues : l’ordination sacerdotale de l’Abbé René-Marie EHOUZOU et la première messe épiscopale de Monseigneur SASTRE dans la paroisse dont hier encore il fut le curé. Ces deux événements ont donné le ton à la grande cérémonie haute en couleurs.
La poupée russe
La nouvelle église aussitôt achevée attendait sa consécration. Deux événements s’y sont ajoutés : l’ordination sacerdotale de l’Abbé René-Marie EHOUZOU, survenue la veille et l’ordination de son curé survenue le 25 mars. Les deux consacrés devraient dire leurs messes de prémices dans la nouvelle église le jour de sa consécration. Comme une poupée russe, tout s’était déroulé magnifiquement, l’un dans l’autre, l’un après l’autre, l’un à côté de l’autre.
L’ordination sacerdotale de l’Abbé René-Marie EHOUZOU
Pour la deuxième fois, après l’ordination du Père Michel Ahodantin, fils de la paroisse, elle abrite l’ordination d’un autre fils.
Le samedi 30 Septembre 1972, dès 15h30, un imposant Corrège dominé par des bannières, animées par des chants et des fanfares, conduit de sa maison familiale à l’église l’Abbé René-Marie EHOUZOU. C’est par des ovations que le peuple de Dieu a accueilli le nouveau pasteur qui va être donné. Et quelques instants après, Monseigneur SASTRE, assisté des P.P ADJANOHOUN, curé de Saint-Michel et ACAKPO Moïse recteur du Séminaire Saint GALL, a conféré au nouvel élu le sacerdoce ministériel. Le tout devant papa et maman EHOUZOU dont l’émotion visible a laissé couler des larmes de joie surtout quand leurs fils est allé les embrasser après son ordination.
L’émouvante cérémonie s’est déroulé sous la présidence de Monseigneur l’Archevêque de Cotonou avec à ses cotés Monseigneur MENSAH, des prêtres, des religieuses. La grande et belle église était pleine à craquer.
La grande cérémonie terminée, les fidèles se sont retrouvés de 22h à 10h sous la présidence de Monseigneur ADIMOU pour une veillée de prière afin d’implorer l’assistance des Saints Thaddée et Charles Louanga dont les reliques seront scellées dans l’autel, au cours des cérémonies de consécration de l’église.
La consécration
Le 1er Octobre 1972 marque la fin d’une période de longue attente faite d’alternative, d’espoir et de scepticisme. En effet le long cheminement des travaux de la nouvelle église qui ont connu des hauts et des bats n’est pas resté sans susciter un certain découragement chez les fidèles ; c’est ce qui explique l’explosion de joie ponctuée d’ovation durant les cérémonies de consécration, mais ceci n’a pas empêché les fidèles de suivre dans un grand recueillement les différentes phases des rites consécratoires. Inutile de souligner que malgré ses respectables dimensions, l’église s’est révélée trop petite pour la circonstance.
Messe de prémices
La consécration terminée, la messe concélébrée qui a suivi, est en même temps celle qu’attendent depuis longtemps les Cotonois, de Monseigneur SASTRE après son élection à l’Episcopat, tandis que qu’elle donne à l’Abbé René Marie EHOUZOU l’occasion d’offrir ses prémices liturgiques.
La fête populaire
Dans la vaste cour mission, les cérémonies et messes ont fait place à des réjouissances aussitôt après les agapes. C’est un ensemble délirant, communiant dans l’allégresse qui a jubilé tout l’après midi au son du tam-tam « Mi sen Mawu » et « Xo se bun » dont le rythme frénétique et envoutant emporte dans des pas de danse expressive les fidèles, les prêtres et les réligieuses qui se sont surpassés en souplesse. Danser « Mi sen Mawu » et « Xo se hun » est un art tant les pas de requièrent une certaine souplesse pour être harmonieux ! C’est ce que es prêtres et religieuses ont démontré attestant ainsi que malgré leur état ils restent intimement liés au peuple qu’ils conduisent. C’est dire que l’authenticité n’est pas un vain mot et que le Retour à la source pour puiser les valeurs morales dans nos nobles et pures traditions, élément moteur de notre dévotion, est aussi valable que de meilleures formulations étrangères.
La Basilique !!! L’homme propose, Dieu dispose et décide
La terre peut trembler, mon église ne s’écroulera pas. Le Père POIDEVINEAU a rêvé grand : offrir à son Seigneur, une maison à sa dimension. Bâtir le temple de Jérusalem en pleine forêt tropicale. Transformer en un ilot de paix une brousse hantée. Faire de la forêt ensanglantée, une terre sacrée. L’œuvre rêvée était grande et noble mais l’ambition n’était pas démesurée. Car, à cœur vaillant, rien d’impossible. Pour Dieu, aucun sacrifice n’est trop grand.
D’ailleurs, voici comment lui-même présentait son œuvre de rêve :
‘’Notre église aura la forme d’une croix latine… du portail à l’autre extrémité, elle mesurera 61 mètres de largeur… Mais le pied de la croix qui mesurera 30,25 m de longueur, sera flanqué de part et d’autre d’une galerie ouverte, ce qui donnera à cette partie de l’édifice une largeur réelle de 24,50m. Les bras de la croix mesureront 56 mètres d’une extrémité à l’autre sur 16 mètres de largeur et le chevet de l’église 15 mètres de long sur 16 mètres de large… Le maître-actuel sera placé au centre du transept, de façon que l’autel soit vraiment le centre d’intérêt de l’église et visible de partout, même des galeries latérales. Ce sera d’ailleurs une table sans superstructure.
La Sainte Réserve reposera probablement dans un Tabernacle. Armoire scellée au mur du chevet… Les fondations auront une profondeur de 1,50m, ce qui permettra de ne pas les doubler pour le reste de l’édifice…
Le radier de la tour est un carré de 5,25 m avec 7 tonnes de fer rond dans lequel on coulera du béton… Sûr des fondations de l’édifice, le Père POIDEVINEAU pouvait dire ‘’la terre peut trembler, l’église ne s’écroulera pas’’.
‘’Les colonnes sont destinées à supporter la tribune : 16 mètres de large, 8,50 m de profondeur…’’ Le bâtiment devrait avoir une hauteur de 14 mètres et la tour 30 mètres et les colonnes… reliées par des linteaux en ciment armé… serviront d’appui à des arcs de 1,50 m de rayon… La grande porte du milieu sera surmontée d’un arc de 3,60 m de rayon… Un auvent en terrasse de 3 mètres de profondeur… protégera l’entrée sur 7 mètres de large…
Elle devrait être la réplique de la Basilique de Lisieux.
Le bâtisseur d’église, conséquent d’âme a vu grand et désirait beau pour le Christ, premier temple sacré, sur une terre hantée, sa Basilique sanctifiée. Mais qu’est devenu la Basilique rêvée ? La grande église est sortie de terre, elle a jailli du grand trou rempli de bouteilles contenant les intentions des paroissiens, tel qu’il l’avait souhaitée le fondateur de la paroisse, Henri POIDEVINEAU.
En effet il avait été demandé aux paroissiens de déposer dans le grand trou creusé pour sa fondation, des bouteilles dans lesquelles ils auront mis leurs intentions et ceci accompagné d’une somme de 500 F de l’époque. Les intentions ont été enterrées et les 500 F ont contribué à sa construction. Quelle géniale idée ! Les intentions qui depuis 75 ans et pour l’éternité sont arrosées des prières ferventes des millions voire des milliards et une éternité de messes. Le grand bâtiment à l’allure d’une Basilique s’est dressée mais sans la grande tour tel que l’avait voulu son concepteur. Certes, elle est une œuvre d’airain, imprenable parce que le Seigneur y est présent et protégé par l’Archange Saint-Michel. Et même si la terre tremble, elle ne s’écroulera pas. Au lieu d’une église véritable Basilique, c’est plutôt une grande communauté de chrétiens forte, mobilisée pour Dieu qui s’est établie à jamais à Saint-Michel. L’homme propose Dieu dispose et Décide.
Le Père Henri POIDEVINEAU n’est pas allé jusqu’au bout de son rêve. Le Seigneur en a voulu autrement. Ainsi, là où le péché a abondé la grâce a surabondé. Il a fait de la forêt des malfaiteurs un jardin de grâces et de prières ferventes.
Comme Moïse qui n’a pas eu la chance d’entrer dans la terre promise avec le peuple de Dieu, qu’il a pris soin de conduire, lui non plus n’a pu achever et voir l’église, qu’il désirait offrir à Dieu.
Le Révérend Père Henri POIDEVINEAU ne verra pas son œuvre
Elle est la nouvelle que les habitués de la messe matinale répandirent dans la ville, dans la matinée du 8 Juin 1973. C’est une véritable consternation que cette douloureuse nouvelle a jetée dans les milieux chrétiens, même animistes où le Père POIDEVINEAU jouit d’une grande estime. La soudaineté de cette nouvelle est pour ses familiers un sujet d’étonnement d’autant plus qu’ils s’attendent à le voir parmi eux.
Un jour prochain ainsi qu’il le promettait lui-même.
En effet, lors de l’inauguration de l’Eglise Saint-Michel en Octobre 1972, il fut fortement question de son arrivée au Dahomey. Ce voyage fut ensuite différé pour raison de santé et le père se proposait alors de l’entreprendre dès que sa santé le lui permettrait. A ses correspondants, il n’avait pas caché la joie qu’il éprouvait d’ores et déjà dans la perspective de fouler à nouveau le sol dahoméen auquel tant de souvenirs et d’amitié l’attachent ! Mais quel est cet homme prestigieux et simple à la fois dont on parle avec tant de chaleur et d’affection ?
Henri POIDEVINEAU, jeune prêtre arrivait à Ouidah en 1930.
Tôt, sa nature joviale dynamique et son abord facile lui créèrent une atmosphère amicale, familiale. C’était dans cette ambiance qu’il allait se dépenser sans ménagement dans la paroisse et dans les stations secondaires ((dont la plupart furent sa création) pour y jeter la ‘’bonne graine’’. L’abondance de la moisson fut un témoignage éloquent de la farouche détermination du semeur tant les milieux ensemencés étaient d’accès difficile et peu perméable à l’évangélisation. Au milieu de ses confrères, le père POIDEVINEAU fut un véritable boute-en-train. Sa permanente disponibilité avait fait de lui l’homme serviable. Sa débordante activité anima les groupes d’action qu’il créa un peu partout. Homme d’imagination, il était le premier à préconiser l’apostolat par les moyens traditionnels dahoméens : l’Evangile est chanté et dansé dans les langues locales, ce qui rejoint fort bien le concept ancestral d’adoration.
Nommé en 1936 à Cotonou pour y fonder la paroisse Saint Michel, POIDEVINEAU ne fut nullement embarrassé dans cette cité cosmopolite pour y jeter la fondation de son œuvre. En peu de temps, sur le sable brûlant de Gbéto, la broussaille fit place à des bâtiments fonctionnels où très rapidement la vie paroissiale se développa. Saint Michel, la deuxième paroisse de Cotonou était née et devait conditionner et déterminer la création des autres paroisses. Pour résumer l’œuvre missionnaire du Père POIDEVINEAU, nous dirons qu’en cet homme cohabitent plusieurs génies dont la manifestation essentiels se traduit dans son aptitude à trouver de solutions heureuses aux divers problèmes que son affabilité coutumière conduit ses paroissiens, même les étrangers à lui soumettre.
Ce bâtisseur, ce philosophe, ce sociologue trouvait toujours du temps pour aller au secours de ceux qui sont dans le besoin. Il s’est fait entièrement Dahoméen. Ainsi, la vie politique de la Nation dahoméenne en gestation ne l’avait-il pas trouvé étranger. Nous l’avons vu parmi les premiers Dahoméens qui échafaudèrent les premiers éléments de cette entité. Il siégea à la première action fut très appréciée.
Quand, usé par ses 27 ans de séjour au Dahomey dont 21 à la paroisse de Saint Michel, il part pour la France le 31 Janvier 1957, c’était un ensemble quasi achevé, en plein essor, qu’il laissa à ses successeurs.
Le Dahomey reconnaissant l’éleva au grade du Chevalier de l’Ordre National en 1963. C’est cet homme resté très humain, dahoméen dans l’âme que nos pieux souvenirs accompagnent dans l’au-delà, dans la Maison du Père Tout Puissant et Miséricordieux.
Aussi, dès que Monseigneur ADIMOU, Archevêque de Cotonou a appris la nouvelle de sa mort, il l’a fait annoncer à la radio, et organisa une messe concélébrée en mémoire du cher regretté Père, le lundi 11 Juin 1973 à 19 heures à la paroisse Saint Michel.
La jeunesse : essor et trésor de saint Michel
La jeunesse de saint Michel a toujours joué sa partition dès la fondation de cette paroisse. La plupart des curés en ont fait d’ailleurs leur cheval de bataille. Elle n’était donc pas absente des préoccupations du fondateur : la Jeunesse Ouvrière Catholique(J.O.C), installée par le Père AUJOULAT, vicaire à Notre Dame, fut reprise par le père POIDEVINEAU qui lui insuffla un nouvel élan. Au répertoire de la J.O.C de Ouidah, (Nous irons jusqu’au bout du monde. Debout l’appel du Christ résonne….. ), La JOC de Saint Michel ajouta ‘’Mikplé bo wa fi Gbéto vi lè bi ‘’, véritable chant de ralliement et d’engagement qui emballait et stimulait les paroissiens de Gbéto. Cette jeunesse s’investissait pour l’évangélisation des campagnes. Les activités sportives n’étaient pas écartées et Saint Michel avait son équipe de football, qui donnera plus tard naissance à ‘’ l’Alliance de Cotonou ‘’
La création de l’école et du centre d’apprentissage est la preuve de la priorité accordée à la jeunesse.
Monseigneur Agboka en donne d’ailleurs le témoignage :
‘’ Quelle jeunesse pleine d’initiative, d’actions et prêtes aux sacrifices ! J’en aurais voulu pour mon Diocèse. Seul Poidevieau avait le secret de s’occuper de cette jeunesse. Ii avait toujours quelques choses ou un service à demander à ses jeunes et ses séminaristes. Il ne se séparait pas d’eux. Il essayait de connaitre leurs problèmes. En fait il savait mettre confiance la jeunesse et la responsabilisait. Le nombre impressionnant d’associations de jeunes telle que la JOC qu’il a crée et entretenue en est un témoignage.’’
Le père ADJANOHOUN a également fait de la jeunesse une de ses priorités et elle continue d’être le fer de lance de cette paroisse. Il faisait confiance et surtout susciter chez eux la saie émulation nécessaire à leur évolution tant sociale que spirituelle. Son amour pour les jeunes était si fort qu’il ne ratait aucune occasion pour leur rendre visite dans leurs mouvements. Il les écoutait, les assistait et les réconfortait. Il avait crée et organisé sur la paroisse l’une des jeunesses les plus les plus dynamiques de tout le Bénin.
DU POINT DE VUE MATERIEL
Il était généreux à l’endroit des jeunes. Il prenait en charge la formation des jeunes paroissiens peu anéantis, assurait les frais de participation aux pèlerinages, aux camps de formation pour certains et surtout, il subventionnait la plupart des activités de la jeunesse paroissiale et se plaisait souvent à dire ‘’ La jeunesse doit bouger, vous êtes l’espoir de demain, organisez vous et mettez à la disposition de vos frères les yeux et les saines distractions que la jeunesse aime’’. Il nous avait aidés à créer notre équipe de football, de tennis de table, la kermesse, des jeunes, la troupe théâtrale des jeunes, etc.et nous soutenait financièrement.
Du point de vie spirituel
Il accordait une grande importante à la pastorale des jeunes. Ses différents vicaires nous assistaient durant nos sorties, nos pèlerinages, nos pèlerinages nos semaines missionnaires, nos camps de formation et lui rendaient régulièrement compte.
Le père V. Adjadohoun célébrait régulièrement la messe des jeunes à 19h, et profitait pour évangéliser de vive voix ses enfants chéris.
Les Femmes et la Paroisse
Comme les femmes qui sont allées jusqu’au bout du Golgotha en pleurant et qui ont couru les premières très tôt au Tombeau et Véronique qui a eu le courage de braver la foule et la gravité de la passion pour essuyer le visage du Christ, les femmes sont également visibles à Saint Michel. D’abord très tôt elles ont répondu au Rendez –vous avec le père Poidevineau. Leur forte présence dans la JOC aux cotés des hommes en est un témoignage historique incontestable. Il y avait déjà d’ailleurs dès les débuts la présence d’une de leurs représentantes dans le premier conseil pastoral en la personne de Jéronima Durand épouse do Régo dont la participation aux décisions selon les témoignages a été d’une contribution de qualité. Mgr Robert Sastre alors curé a assis sa pastorale sur les femmes avec la création de l’Association des Femmes Catholiques. Un constat est évident, les quasis présents des femmes sur la paroisse dans les divers mouvements, leurs implications numériques et leur forte participation aux célébrations (prières, messes, manifestations…) sont autant de preuves de la vitalité qu’elles apportent à la vie de la paroisse et de leur importance)
J.P. OGOUNCHI
De Notre Dame à Saint Augustin : les échos du concile
Mère Marie Victoria DAGBA, Supérieure Générale Des SSA
Les sœurs de la communauté Notre Dame de Miséricorde installées progressivement, d’abord trois en 1939, puis si en 1940, allaient enseigner l’Ecole Primaire de Gbéto, carré 50 (actuel Sainte Thérèse).Vu l’effectif des élèves de plus en plus important, elles ont crée en 1940, la communauté composé de Saint Michel
Cette première Communauté composé de si Sœurs a été sous la responsabilité de Mère Julia. Les sœurs se dévouaient à l’internat à l’Enseignement ménager pour les jeunes filles, à l’Ecole catholique des filles.
Le succès des élèves de l’Ecole Primaire enregistré, décide les sœurs à ouvrir le premier Cours supérieur au Dahomey en 1943. Après deux (2) ans de formation, un concours permet d’orienter les unes pour les études de Sage femme à Dakar, les autres à Rufisque pour l’Enseignement.
L’effectif toujours grandissant de ce Cours Supérieur, celui-ci fut transféré en 1946 à Gbéto, actuel Sainte Thérèse, puis en 1953 au Cours Secondaire Notre Dame des Apôtres actuel.
En 1945, un petit Dispensaire fut ouvert pour les soins d’urgence, aussi bien pour les élèves i que pour les habitants du quartier.
Toutes ces belles et bonnes œuvres de nos Sœurs Missionnaires Notre Dame des Apôtres (NDA) ont porté beaucoup de fruits qui demeurent. L’un de ces fruits c’est la naissance, le 22 Août 1968, de la petite Famille religieuse des sœurs dahoméennes NDA.
Leurs Sœurs ainées leurs ont confié la continuité des bonnes œuvres de la Maison de Saint Michel. Celles-ci ont assuré de leur mieux, avec la grâce de Dieu depuis 44ans les œuvres transmises : Ecole primaire, Ecole secondaire, l’Internat, le Centre de santé, etc.
Elle est installée à coté de la Paroisse pour faciliter l’accès, pour les services de l’Autel et le devoir du Culte religieux.
La Maison des sœurs a gardé le même emplacement, avec quelques modifications au niveau au portail d’entrée ouvert à l’Est, face à la voie principale bitumée, et non plus sur la voie pavée.
Mère Julia fut première Supérieure des Sœurs en 1936, Mère Saturnin, Mère Georgette, Mère Mathias ont été des Responsables avisées de la Communauté.
Sœur Anaclet, Sœur Cyprienne, CHOPARD Sœur Marie Florent MENSAH, sœur Marilise COUAO ZOTTI ont été en son temps les Directrices renommées de l’Ecole Primaire Catholique des Filles de Saint Michel, sœur Jacques Marie, Sœur Marie Xavier interviennent au Cours Supérieur, Sœur Jeanne Thérèse, Infirmière du Dispensaire, Sœur Jean Augustin, Sœur Marie Laetitia, membres de la Communauté.
Pourquoi cette mutation des sœurs N.D.A à la congrégation des sœurs de Saint Augustin ?
La Congrégation des sœurs de Saint Augustin est née dans l’esprit du Concile Vatican II
Au lendemain de l’indépendance de la plupart des pays Africains, le Pape VI , lors de sa visite à Kampala en Ouganda en 1964, a clairement exprimé ce souhait, en invitant les jeunes Eglises des pays des Missions à devenir leurs propres missionnaires. Alors, nos évêques du Bénin, par la voix de Son Excellence Monseigneur l’Archevêques de Cotonou, ont souhaité que leurs filles dahoméennes, sœurs Notre Dame des Apôtres (NDA) puissent se mettre davantage au service locale. Ce souhait des Evêques a rencontré une certaine attente chez trente et une (31) Sœurs dahoméennes NDA soucieuses d’incarner l’Evangile dans leur milieu.
Le 25 Janvier 1968, dans l’esprit du Concile Vatican II et de l’Eglise universelle, Rome répondit favorablement à la requête de ces Religieuses dahoméennes : Congrégation féminine autochtone et autonome. Ces trente et une (31) Sœurs professes et sept (7) Novices avaient librement opté pour cette nouvelle orientation.
Le 22 Aout 1968, son Excellence Bernardin GANTIN érigeait canoniquement la nouvelle.
Congrégation dénommée : Congrégation dénommé : Congrégation des Sœurs de Saint Augustin du Dahomey (S.S.A). Elle comportait alors cinq Communautés cédées par la Congrégation Mère pour continuer la mission. (Cotonou St Michel : Maison Mère, Juniorat, Allada, Bohicon, Sakété)
Ces 31 Religieuses prenaient en main, avec esprit de foi leur destinée. Ainsi donc, la Congrégation des Sœurs de Saint Augustin est le fruit mur de l’apostolat missionnaire de nos Sœurs Notre Dame des Apôtres, cueilli en son temps. C’est une branche dahoméenne des sœurs N.D.A détachée du tronc presque séculaire de la Congrégation des Sœurs de Saint Augustin exprime toute sa reconnaissance à leurs Sœurs ainées. Grace soit rendue au Maitre de la Moisson qui veille sur son petit troupeau. Après 44ans d’existence vécus sous son regard bienveillant et miséricordieux, la jeune Congrégation compte actuellement deux cent quarante cinq (245) membres, répartis en 41 petites communautés présentes dans tous les Diocèses du Bénin.
D’origine missionnaire, depuis une vingtaine d’années, elle répond aux requêtes des Evêques de la sous régions et d’ailleurs. C’est ainsi que sept (7) communautés sont en mission dans cinq (5) pays (Togo, Niger, Tchad, Centrafrique, Belgique).Les besoins sont toujours grandissants, mais les ouvriers peu nombreux. Prions sans cesse le Maitre de la Vigne d’envoyer des ouvriers à sa Vigne. C’est une heureuse opportunité pour la jeune Congrégation d’exprimer ici sa profonde gratitude à tous pour vos ferventes prières, qui s’élèvent vers le père pour les personnes consacrées. Un merci particulier à tous ceux qui ont travaillé, aidé, soutenu spirituellement, et matériellement notre jeune Congrégation qui ont veillée sur ses pas fragiles et chancelants, pour son affermissement jusqu’à ce jour. Le SEIGNEUR saura donner chacun sa récompense au-delà de ses mérites.
Les Communautés de base
La paroisse Saint Michel est divisée en huit communautés de bases : Missèbo 1, Saint Christophe, Missèbo 2, Saint Michel sud, Saint Michel Centre, Saint Michel Tokpa, Jéricho A, Jéricho B et Jéricho C, Depuis quelques années s’est installée une forte communauté anglophone très active sur la Paroisse. Le nombre est sans cesse croissant et l’implication des Anglophones dans les activités est remarquable. Cette communauté dispose d’une chorale ; de groupe de prière et anime des célébrations eucharistiques tous les dimanches. Cette spécificité confirme le caractère cosmopolite et international de la Paroisse Saint Michel. Dans la Vigne du Seigneur, il y a du travail pour tous. Mêmes les ouvriers de la dernière heure sont les bienvenus.
La naissance d’une nouvelle famille religieuse dahoméenne
PAR L’ARCHEVEQUE BERNADIN GANTIN
La messe d’érection a eu lieu le 22 aout 1968 en la Cathédrale Notre Dame des Miséricordes de Cotonou en présence des Evêques du Dahomey et de Mgr Aggey, archevêque de Lagos et d’une foule nombreuse d’amis et de parents. Les cinq membres du premier Conseil ont fait leurs vœux perpétuels tandis que les autres ont procédé aux vœux temporaires.
‘’Bénit soit le seigneur parce qu’il a visité et racheté son peuple
C’est l’occasion d’une naissance célèbre racontée dans les premières pages de l’évangile que Zacharie, l’heureux père de Jean-Baptiste laissa éclater sa joie et son merci en termes de bénédiction
Qu’il soit donc permis aux évêques du Dahomey entoures de leurs prêtres, de leurs religieuses et e tant de fidèles venus ici si nombreux et si fervents d’emprunter les mêmes mots d’action de grâce pour saluer l’événement de ce jour.
En traits lumineux et pleins d’espérance nous voyons en effet s’inscrire dans l’histoire de notre pays et de notre église cette date du 22 aout 1968.
Elle marque non seulement une grande fête liturgique de marie célébrée dans son cœur Immaculé toujours prêt a se mettre au service des hommes par ce que rempli de l’amour de DIEU ; mais elle marque une naissance qui nous concerne tous, la naissance d’une nouvelle famille religieuse dahoméenne : la Congrégation des Sœurs de Saint-Augustin tout en gardant son visage particulier et ses propres car n’y a pas deux grâce divines qui se ressemblent, cet événement rejoint en ses profondeurs la fête du 10 août dernier qui voyais s’installer solennellement a Calavi le premier conseil de direction autonome des sœurs petites servantes des pauvres.cet événement rejoint aussi d’une certaine façon, pour recevoir son sens le plus élève et le plus complet, le sacre de Mgr Christophe ADIMOU le 25 juillet.
Depuis ce temps, quel mois de grâces s’achève aujourd’hui pour notre église et pour notre pays dans cette cathédrale Notre –Dame de Cotonou !
En cette accession de jours tous grands et ouverts sur l’avenir l’on est comme saisi devant le Don divin.oui,Dieu a nous s’est donne dans sa surabondance pour être notre paix, notre joie, notre renouveau et notre charité afin que nous soyons, avec nos propres mains et nos cœurs des bâtisseurs, c’est-à-dire des hommes présents, libres, actifs, responsables de notre destin en un mot, des hommes debout. Comment ne pas laisser se dilater notre âme à l’exemple du patriarche comblé qui chantait sa gratitude et qui voulait son merci à la mesure de l’infinie prévenance du Seigneur.
‘’Dieu, en vérité, a visité son peuple !’’ Nous en sommes conscient parce qu’il y a déjà longtemps que toute une longue chaîne de grâces et d’attentions divines, aussi discrètes et merveilleuses les unes que les autres, nous avaient préparés et sensibilisés à bien accueillir ce ‘’grand aujourd’hui de Dieu’’ que nous voulons vivre en plénitude…’’ hier, nos Sœurs n’étaient rien ; et les voici admises à la noblesse de l’Eglise comme de vraies princesses ; hier ignorantes, aujourd’hui appelées à la science et à la sagesse des élues ; hier enchainées, impuissantes, aujourd’hui libres et capables d’aimer’’. C’est vraiment l’œuvre du Seigneur. Qui ne voit en notre pays avec gratitude la force prodigieuse de transfiguration que contient l’Evangile de Jésus-Christ reçu il y a plus de 100 ans ? Nous ne pouvons qu’admirer la délicatesse et la douce persévérance du Seigneur qui sait si bien faire, en son temps, pour la joie de nos yeux et la tête de nos cœurs, avec des morceaux de vieux soirs de sacrifices, de souffrances, de morts et de martyrs souvent inconnus, la merveille de ces matins africains tout neufs et tout jeunes, frétillants de lumière et d’espérance.
Le premier conseil de direction des Sœurs Petites Servantes des Pauvres, cet événement rejoint aussi d’une certaine façon, pour recevoir son sens le plus élevé et le plus complet, le sacre du 25 juillet où autour de Monseigneur Adibou premier évêque de Lokossa se sont rassemblés à Ouidah non seulement les chrétiens mais aussi très largement le Dahomey.
Mais nous savons aussi que le Don de Dieu, si discret et si cache qu’il soit, nous apparait d’ordinaire comme porteur et messager d’un signe ou d’un nom qui s’inscrit dans les pages les plus belles de l’histoire ou d’une âme, ou d’une famille ou d’un pays.
Le sens et le but de la mission
Le signe ou le nom de la grâce fêtée autrefois avec éclat dans la maison de Zacharie et d’Elisabeth, parents bénis du ciel, ce fut celui de jean :’’le seigneur est bienveillant’’.le signe ou le nom de la grâce que nous célébrons ici devant tant de témoin du plus grand au plus humble, est aussi celui d’une merveilleuse, multiple et féconde filiations :des sœurs de la congrégation de Notre –Dame des Apôtres nait ce matin le jeune institut des sœurs dahoméennes de saint-Augustin.
De Mère Marcellus, ancienne supérieure générale et son conseil dont je veux saluer ici le sens d’Eglise très juste, de Mère Jean-Philippe l’actuelle supérieure générale des sœurs de Vénissieux jusqu’à Mère Marie-Virginie de Souza, première Mère générale de la nouvelle faille religieuse dahoméenne de Cotonou, la providence a tracé, sans heurt et sans faille, une droite ligne de double fidélité à l’Eglise et à l’Afrique. Cela rend hommage et rend raison à ce qui fut toujours, dès le commencement, le sens et le but dernier de la Mission chez nous comme partout dans ce monde c’est –à-dire implanter l’Eglise, la faire s’enraciner profondément, authentiquement et visiblement, et aussi dans tous ses éléments, en terre africaine.
Telle fut la pensée, telles furent les consignes, claires et décisives, de tous les papes depuis benoit XV jusqu’à Paul VI.
Au mois de juin 1965, une jeune sœur dahoméenne étudiante à l’université de Rome, au cours d’une thèse chaleureusement félicitée par ses professeurs, intitulée ‘coutume dahoméennes et christianisme ‘faisait remarquer, sans savoir ni prévoir ce à quoi les vues de Dieu la destinaient pour ce 22 aout 1968, comment sa famille religieuse d’alors, soucieuse d’une vraie adaptation de l’évangile aux valeurs africaine, préparait soigneusement la magnifique étape de ce jour qui est une promotion et une consécration et qui honore si grandement à la fois et les mères et les filles devenues majeures.
N’est-ce pas cette jeune mère que nous saluons aujourd’hui à la tête de son Conseil avec fierté et félicitations qui, fidèle à son pays autant qu’à l’église harcelait pendant le Concile les Evêques africains pour qu’ils aillent faire connaître à ses Sœurs de ‘Regina Mundi’’ les soucis, les joies et les espérances de l’Afrique de ce temps ? Un Archevêque finit pas trouver les minutes nécessaires pour aller dire, parmi beaucoup d’autres chose, ce qu’on a, depuis, le plus retenu connaissant les Adimou que je connais depuis longtemps, bien avant vous mais que j’aime aussi bien que vous. Dieu vous a fait prêtres ensemble : c’est une joie immense et double pour la grand-maman que je suis devenu. Toutes mes Sœurs partagent ma joie et me félicitent et je me dis que ça, c’est le véritable avenir de notre Eglise du Dahomey. Cette Eglise est en marche, et je souhaite que toute nos sœurs africaine encore peu nombreuses mais si désireuses de rendre leur pays présent et vivant dans l’Eglise prennent un jour en charge comme vous cette Eglise a laquelle les missionnaires ont tous donné. Monseigneur Steinmetz nous l’a toujours dit ‘’Le Dahomey sera une Eglise encore plus belle quand elle sera totalement dahoméenne ‘’.
Je n’en finirais pas de citer de tels témoignages plus vécus encore qu’écrits qui tissent cette filiation spirituelle pour laquelle les meilleures et les plus grands c’est-à-dire les petits, les humbles, les obscurs messagers de l’Evangile ont mêlé leurs sueurs à la pluie de notre ciel et leur sang à la sève de notre terre.
IL faut qu’ils croissent, se développent et se répandent, du sud au nord, de l’est à l’ouest ces jeunes plants que nous sommes venus entourer de notre prière, de notre affections et de notre admiration, il faut qu’ils témoignent, en prenant désormais leur sort en mains, librement et courageusement, que leur vie et leur action parmi nous véritablement continuent.
…Ses jeunes professes referont tout à l’heure leurs vœux de religion à la suite de leur Mère générale pour marquer officiellement non pas seulement le signe incomplet d’une coupure de cordon ombilical, mais la démarche positive et solennelle d’une investiture et d’un nouveau et grand départ. L’image de Marie c’est alors qu’il nous semblera le voir se profiler à travers la Mère générale de Vénissieux ici représentée par les provinciales du Dahomey, du Togo, du Niger et de la Cote d’Ivoire et à travers toutes les Sœurs européennes de Notre Dame des Apôtres, un peu comme l’Ecriture nous a laissé sous les traits symboliques si émouvants d’une maternité de grâces, le visage cette femme avancée en âge, la prophétesse Anne, qui finalement ne quittait plus guère le service du temple, attendant ainsi dans son cœur la rencontre définitive du Fils de Dieu ‘’lumière pour éclairer les Nations’’
‘’Survenant au même moment, dit l’Evangile, elle se mit à louer Dieu et à parler de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem’’.
Elles seront donc désormais missionnaires plus que jamais, les Sœurs de Notre Dame des Apôtres, en dignes filles du Père Planque qui lui-même fut un continuateur , autant par son nom que par ses œuvres et ses consignes, du grand africain, Saint Augustin, évêque, docteur et surtout s’il en fut !
Un jour d’envoi : ‘’Unir dans la charité’’
C’est le moment de dire comme la signature de cette nouvelle page écrite chez nous par L’Eglise missionnaire, les vœux de Mère Jean Philippe à la suite des élections et des nominations aux diverses charges de la Congrégation de Saint Augustin : ‘’Je prie le Seigneur pour qu’il guide ces jeunes Sœurs et es aides à assumer pleinement les responsabilités qui leur sont confiées. Nous partagerons profondément la joie de la Chrétienté dahoméenne le 22 aout. Nous n’avons rien à craindre puisque le ’’Seigneur est avec nous’’ et nous avons confiance : nos jeunes Sœurs dahoméennes sauront répondre à cet appel de l’Eglise qui poursuit sa marche en avant et qui, par elles, s’enracine davantage dans le pays. Nous continuerons à collaborer fraternellement avec elles au service de l’Eglise du Dahomey.
Si ce jour est celui non d’une mort mais d’une vivante filiation, celui non d’un atterrissage mais d’un envol, comment ne pas remercier ces jeunes Sœurs décidées, de par leur serment et leurs vies généreusement offertes, à assurer, pour leur modeste part, la promotion féminine de notre terre natale, œuvre importante et urgente entre toutes, car ‘’tant vaut la femme, tant vaut un pays’’.
Le cardinal Agagianian qui répondait au nom du Pape à la requête de nos filles, vos filles et vos Sœurs, le 25 Janvier de cette année, en la fête de St Paul missionnaire des Gentils c’est-à-dire des pauvres de tous les temps,’’ souhaitait de tout cœur que cette nouvelle famille religieuse africaine croisse et se développe pour le plus grand bien spirituel et matériel du Dahomey’’ Jour de filiation, et jour d’envol, oh combien qui, ce 22 aout 1968 ou les yeux du monde entier sont tournés vers Paul VI pour reprendre courage et espoir dans la paix, malgré tous les signes contraires…
Emouvantes témoignages : un nouveau et grand départ
De tout temps et partout il y eut de ces chemins longs et parfois difficiles qui mènent aux grandes choses ; mais comme l’heureuse mère dont parle l’Evangile qui après l’enfantement, ne se souvient plus que de sa joie de voir un homme venu par elle en ce monde, on oublie vite tout ce que le Seigneur a mis ou permis de condition couteuse pour la réussite d’une naissance pleine de promesses.
Que l’on veille me permettre ici d’évoquer le souvenir d’une vieille lettre personnelle que m’adressait en 1951 une religieuse missionnaire de Notre Dame des Apôtres, Mère Saturnin, Satou’ .Elle m’écrivait au lendemain de mon ordination sacerdotale ces mots dont l’accent prophétique ne s’est révélé que plus tard à mes yeux, mais de façon encore plus émouvante en sa vérité missionnaire profonde que dans sa réalisation : ‘’ Je prie beaucoup pour vous et pour l’Abbé Adimou que je connais depuis longtemps, bien avant vous mais que j’aime aussi bien que vous. Dieu vous a fait prêtres ensemble : c’est une joie immense et double’’
….Mais en ce 22 aout, c’est aussi une Mère qui est donnée aux Sœurs de Saint Augustin en la personne de Marie. L’Evangile de ce matin est là pour le rappeler. Sous son regard maternel, ancien et jeune professes referont tout à l’heure leurs vœux de religion à la suite de leur Mère générale.
Le Pape se rendant ce matin même à Bogota dans un pays pauvre mais non sans problèmes malgré la signification de paix que contient ce nom de la Colombie qui va l’accueillir, fait également visite, même s’il ne survolait nulle part la terre d’Afrique, à tous les pays du tiers monde dont nous sommes avec nos limites et nos blessures mais aussi avec nos espoirs et nos chances.
Le message du Père Commun que je vous transmettrai bientôt nous est arrivé hier soit comme ennoblir et réjouir notre veillée de prières , notre veillée d’armes pacifique, notre vigile d’une investiture toute de service et d’amour ; car la devise de ces filles nées et épanouies comme des fleurs matinales dans le jardin du Seigneur et comme l’honneur de toutes les régions et de toutes les langues du Dahomey, c’est la devise qu’aurait signé Saint Augustin volontiers et avec joie :’’Unir dans la Charité’’
Le Saint Evêque d’Hypone disait en effet et nous le redisons avec lui de toute la force de toutes notre foi et espérance, à chacune des Sœurs de Saint de Augustin :’’Aime Dieu et ce que tu voudras’’
Amen.
Quelques grandes dates
La Paroisse Saint Michel est devenue le carrefour et le Centre des grands événements qui ont jalonné son histoire. Le cardinal Bernardin Gantin, de vénéré mémoire, l’a toujours préférée pour les grandes cérémonies. Sa situation géographique, la taille de l’Eglise, la ferveur de ses fidèles constituent certainement des atouts qui font converger vers elle, les grands moments de l’Eglise du Bénin et de la Nation.
Voici quelques dates de grands souvenirs
Avril 1937 : Désignation du Père Poidevineau pour fonder Saint Michel
En Avril 1937, le père Henri Poidevineau fut envoyé à Cotonou par Monseigneur Louis Parisot, devenu vicaire apostolique en 1934, avec, pour mission, d’y fonder une seconde paroisse.
17 Décembre 1937 : célébration de la première messe dans la petite chapelle. Cette messe fut animée par la chorale Sainte-Cécile.
19 Décembre 1937 : Mgr Parisot publie le décret d’érection de la paroisse Saint Michel de Cotonou.
Voici les termes du décret d’érection donné par Mgr Parisot :
‘’Depuis plusieurs années, vu le rapide et immense développement de la ville de Cotonou, le besoin s’est sentir d’une nouvelle paroisse pour les chrétiens trop éloignés de l’église et trop nombreux pour y trouver place. Cette année, par un heureux et vraiment providentiel concours de circonstances, nous avons pu obtenir de la bienveillance des pouvoirs publics, au lieu dit ‘’Gbéto’’, l’octroi d’un vaste terrain où l’on pourra construire, en dehors d’une église, tous les bâtiments nécessaires à la bonne marche d’une paroisse et à ses œuvres vitales.
NOUS DECLARONS DONC ERIGER CANONIQUEMENT, A DATER DU 19 DECEMBRE 1937, LA PAROISSE SAINT MICHEL !’’
20 Décembre 1937 : Premier baptême donné aux demoiselles Pauline et Marthe Kouyami.
Au moment où nous mettons sous presse ce livre, Pauline Kouyami, détentrice du livre N°1 est toujours vivante, est restée fidèle à sa paroisse d’origine et y continue d’assister aux messes. Elle est âgée de 78 ans.
décembre 1937 : Inauguration de la petite chapelle
1939 et 1940 :
L’école des garçons encadrée par les prêtres ouvrit ses portes en 1939 et celle des filles sous, la responsabilité des sœurs de Notre- Dame des Apôtres en 1940, en pleine guerre.
Dimanche 19 octobre 1952 : pose de la première pierre
Le dimanche 19 octobre 1952 est désormais une date historique pour les paroissiens de saint Michel. En effet, depuis une semaine des rumeurs circulent dans la paroisse. On chuchote, on raconte, des opinions s’affrontent. De quoi s’agit-il ? Que va-t-il se passer le dimanche prochain ? S’interrogent les uns. Les autres plus optimistes disent simplement : Monseigneur bénira la première pierre de l’église Saint Michel. Les élèves, au retour de l’école, apprennent à leurs parents : ‘’On creuse un grand trou à la Mission, à coté, il y a du fer, de cailloux et beaucoup de personnes s’affairent autour. Décidément : le jour après lequel les Gbétovis (enfants de Gbéto) aspirent depuis longtemps est arrivé : Depuis la veillent, Monseigneur PARISOT est l’hôte de la Paroisse.
Dimanche 14 septembre 1958 : Messe de Prémices du premier prêtre
Lucien MONSI AGBOKA, devenu cinquante ans plus tard le premier Evêque d’Abomey, dit sa première messe le dimanche 14 septembre 1958 à saint-michel quelle ne fut pas la joie paroissiens qui auraient souhaité que cet évènement se renouvela le plus grand nombre de fois. Mais neuf (9) mois plus tard, la paroisse connut l’ordination de son deuxième fils.
Dimanche 7 juin 1959 : Ordination de L’abbé MICHEL AHODANTIN
Le 7 juin 1959, a eu lieu, en l’église st Michel de Cotonou, l’ordination du seul prêtre dahoméen que le grand séminaire st Gall a présenté cette année.
L’abbé Michel Ahodantin est le deuxième fils de la paroisse qui franchit l’ultime marche du sacerdoce après Mgr Monsi AGBOKA. Et c’est pour la première fois qu’une telle cérémonie se tient à Cotonou et c’est la paroisse saint Michel qui abrite cette manifestation. En effet, selon le témoignage du père Michel AHODANTIN, c’est à Ouidah que se déroulent les ordinations sacerdotales, mais Mgr Parisot ayant décidé de transférer le siège de l’archidiocèse à Cotonou choisi de célébrer cet évènement à saint Michel.
L’office eut lieu à 9h30. L’Archevêque assisté du P.GUEGADEN V.G.et de l’abbé CARRET, supérieur du Grand Séminaire Saint Gall de Ouidah ordonna devant une foule compacte estimée à 2.000 personnes qui a rempli la nef aux murailles inachevées jusqu’à l’extérieur, un fils prêtre de Saint Michel dans sa paroisse.
La Paroisse Saint Michel était déjà par prédilection, le lieu privilégié des grandes cérémonies.
André Pognon
Après son ordination, le Père AHODANTIN bénit le Curé de la Paroisse, le Père Joseph DANIEL, le 7 Juin 1959
L’heureux de ce jour, toujours vivant à 88 ans aujourd’hui, est à la retraite à Porto-Novo. Il a gardé intacts les souvenirs de ce grand jour pour lui et pour Saint-Michel. Il confie qu’il a plu des cordes sept (07) jours durant avant la cérémonie et lui-même est tombé malade pendant un mois, alité, affaibli, si bien que personne ne pouvait parier sur la tenue de cette manifestation. Il conclut que le fait qu’elle ait pu tenir est un miracle. L’Archange Saint Michel a barré la route à tous les obstacles. Preuve que la paroisse porte bien son nom.
Saint Michel eut également le privilège rare de recevoir son fils comme vicaire dès son ordination de 1959 à 1960 puis de 1988 à 1989.
Ce fut une grande fête sur la paroisse.
Samedi 30 Septembre 1972 : Ordination sur la Paroisse du 4ème fils de la Paroisse, Père René Marie EHOUZOU.
Abbé René-Marie EHOUZOU, aujourd’hui évêque de Porto-Novo
Dimanche 1er Octobre 1972 : consécration de la Grande église par Mgr robert SASTRE.
Lundi 11 juin 1973 : Grande messe concélébrée à l’occasion du rappel à Dieu du Père Poidevineau
Dès 17 heures une foule immense, à l’allure grave est consternée où chrétiens et animistes se coudoient a pris d’assaut l’Eglise, devenue trop petite pour la circonstance… ! La concélébration qui a réuni plusieurs prêtres s’est déroulée dans un grand recueillement au cours duquel Monseigneur ADIMOU a retracé la vie et l’œuvre du père POIDEVINEAU au Dahomey.
En ce jour de fidélité, nos pieux et reconnaissants souvenirs vont également à la pléiade de missionnaires qui passent leurs vieux jours à la croix VALMER et qui ont assisté notre cher ‘’Assouka Go-n-go’’ en ses dernières heures. Qu’ils trouvent ici l’expression renouvelée de la gratitude de leurs anciennes ouailles qui s’unissent à eux dans leurs prières en mémoire de notre et vénéré disparu.
4 Octobre 1987 : la paroisse franchit son premier demi-siècle
La fête d’un demi-siècle d’évangélisation à la Paroisse Saint Michel de Cotonou
La paroisse Saint-Michel de Cotonou a fêté les cinquante ans de sa fondation.
L’évènement a été couronné par une célébration solennelle le dimanche 4 octobre 1987.
Un cinquantenaire qui a connu, il faut le dire, un très grand succès.
Pour un anniversaire, ce fut une véritable fête qui a débordé les limites diocésaines car plusieurs diocèses étaient représentés. Toute la paroisse Saint-Michel s’y préparait depuis plus d’un an mais particulièrement depuis les trois derniers mois où toute la paroisse est devenue le centre d’un remue-ménage incessant où l’on voyait se côtoyer des ouvriers de spécialités diverses : couvreurs, menuisiers, maçons, peintres…
Depuis ces trois mois aussi, le curé de la paroisse, le Révérend Père Paul-Gaspard Dagnon n’a cessé d’attirer l’attention de ses fidèles sur la nécessité de la préparation spirituelle de cette fête : la Conversion intérieure, la disponibilité du chrétien à la volonté de Dieu le Père à qui le Fils, Dieu comme lui, a sacrifié sa volonté et donné sa vie pour construire sur terre l’édifice du salut pour tous les hommes.
Ces exhortations ont permis aux fidèles à travers des réunions et des échanges de mieux mesurer l’impact libérateur de la proclamation de l’évangile de Jésus-Christ dans cette paroisse.
Ainsi, pendant les deux semaines précédant le 4 octobre, tous les jours, des messes ont été dites. La première fut pour le repos de l’âme du Révérend Père Henri Poidevineau, fondateur et premier curé de la paroisse.
La programmation de ces célébrations minutieusement préparée n’exclut personne : prêtres, catéchistes, moniteurs, employés et bienfaiteurs défunts ; … puis tous les vivants de tous les différents ordres de la paroisse.
Les temps forts de cette quinzaine préparatoire ont été marqués par des célébrations présidées par tous les anciens curés de cette paroisse présents au Bénin : Son Excellence Monseigneur Robert Sastre évêque de Lokossa, Son Excellence Monseigneur Vincent Mensah, évêque de Porto et le Rd. Père Vincent Adjanohoun, Recteur du Séminaire Saint-Gall de Ouidah. La messe solennelle du vendredi 2 octobre, jour anniversaire de la dédicace de l’église Saint-Michel a été affectée à Son Excellence Monseigneur Lucien Monsi Agboka, évêque d’Abomey, premier fils de la paroisse envoyé au Séminaire par le Révérend Père Henri Poidevineau.
Un cinquantenaire célébré à la mesure
Pendant que différents groupes de chrétiens travaillent à redonner peau neuve à l’église, l’Archevêque prit le mortier et la truelle aux côtés des prêtres de la paroisse pour que « les âmes soient en tenue de fête » pour la circonstance. Alors que le Père curé et ses vicaires avaient établi un calendrier de quatre jours de confessions (matin et soir), le prélat prêcha pour les paroissiens de Saint-Michel un triduum sur le triple thème : Foi, Espérance, Charité.
Pour le jour J du 04 octobre, l’église Saint-Michel était dans ses plus beaux atouts : des claustras qui attendaient d’être remplacés par des vitraux qui peut-être ne viendront jamais, ont été bouchés ; les peintures des murs ont été reprises ou rénovées à l’intérieur et à l’extérieur.
Une semaine auparavant, un écriteau lumineux éclairait le frontispice de l’église par le mot CINQUANTENAIRE. Puis arriva le jour tant attendu du dimanche 4 octobre 1987. De tous les coins et recoins du Bénin, proches ou reculés, de nombreux, de très nombreux fidèles et non fidèles arrivèrent sur cette paroisse pour partager la joie, pour prier, remercier et danser à l’occasion de ce cinquantenaire. Le temps aussi de la fête car la méchante pluie qui a transformé Cotonou en archipel depuis le mois d’août fit trêve de son déluge. Sur les 32.000 catholiques que compte la paroisse, on avait l’impression qu’ils n’étaient pas nombreux à ne s’être pas déplacés pour l’événement, tellement la foule était compacte, mais disciplinée. Une foule bigarrée, habillée en uniforme. Un pagne imprimé dont les couleurs avaient des fonds bleu foncé et beige, était frappé à l’effigie de l’Archange Saint-Michel, le plus grand des anges selon la tradition judéo-chrétienne et Saint protecteur de l’Eglise. Tout cela rendait beaux les fidèles et donnait un cachet particulier à la fête. L’Abbé Paul-Gaspard Dagnon, curé de la paroisse qui célébra lui-même la messe de 7 h, fit à l’assistance, un bref historique de l’actuel emplacement de l’église ; un emplacement qui, a-t-il rappelé, étais jadis une forêt, une palmeraie dense, dangereuse à explorer et mal famée. Au dire des gens, elle était en permanence hantée par les forces du mal. Tous les fétiches à savoir : ‘’Oro’’, ‘’Zangbéto’’, ‘’Koutito’’ y avaient leurs sièges. Les ‘’sorciers’’ s’y donnaient rendez-vous. Mais quand Dieu vient prendre siège, tout change de face. L’Archange Saint-Michel réédita ici ce qu’il fit de Lucifer : il exorcisa les lieux ; et vous voyez bien aujourd’hui que cet antre du démon est devenu l’habitacle de Dieu sur terre, a souligné le curé.
A 10 h 45 exactement ce fut l’apothéose avec la grand’messe. De l’imposant cortège qui démarra de l’ancienne chapelle, émergeaient trois mitres scintillantes : l’Archevêque de Cotonou, Mgr. Christophe Adimou entouré de l’Evêque d’Abomey Mgr. Lucien Monsi-Agboka, fils de la Paroisse et Vincent Mensah, ancien curé, Evêque de Porto-Novo. Ce mini pèlerinage de la modeste bâtisse quinquagénaire vers la grande église consacrée il y a quinze ans, était cadencé par la chorale paroissiale Sainte-Cécile qui donnait les couplets du chant traditionnel de la paroisse composé par le Révérend Père Daniel, un ancien curé de la paroisse, un chant qui exaltait la marche de cette paroisse sous la houlette du chef des Anges :
‘’Que ta bannière, archange radieux, guide nos pas sur la route des cieux’’.
Quand il pénétra dans l’église, le cortège marqua un arrêt : le célébrant principal, Mgr. Christophe Adimou devait aller lever le voile couvrant une plaque en marbre scellée dans le mur à gauche, plaque qui, commémorant l’événement du jour, portant gravés les noms des évêques de Cotonou, de l’actuel curé et de tous les curés de la paroisse depuis sa fondation jusqu’à ce jour :
Henri Poidevineau 1937-1957
Joseph Daniel 1957-1965
Vincent Mensah 1965-1970
Robert Sastre 1970-1972
Paul-Gaspard Dagnon depuis 1985
Quand évêques et prêtres furent bien installés dans le chœur, le Curé de la paroisse, le Révérend Père Paul-Gaspard prit la parole pour remercier tous les concélébrants qui ont bien voulu se joindre à ces grandes manifestations du cinquantenaire de la paroisse Saint-Michel. Un demi-siècle d’évangélisation, a-t-il déclaré, c’est un aboutissement mais également un commencement. Commencement d’une seconde évangélisation. Il n’a pas manqué de jeter un regard vers Rome quand il rappela que l’ouverture du cinquantenaire a été présidée le 1er janvier 1987 par son Eminence Bernardin Cardinal Gantin.
Le texte de l’évangile choisi pour la célébration soulignait que pour être grand au ciel, il faut se faire petit et devenir petit comme un enfant.
Partant de ce texte, l’Archevêque a attiré l’attention des fidèles sur les qualités d’un enfant obéissant ; il a également rappelé à l’assistance que les Anges de Dieu nous portent quotidiennement pour notre combat aux moments des tentations. Il raconta l’histoire du combat de l’Archange Saint-Michel contre Lucifer, l’histoire de la victoire de l’ange soumis sur l’ange révolté. Alors il souligna que se laisser conduire par Dieu est la condition rassurante et capitale dans notre vie. Le mépris des choses extérieures qui nous trompent et nous troublent, qui nous enlisent et nous perdent est à cultiver : car il vaudrait mieux entrer dans le royaume des cieux borgne ou manchot que d’entrer en enfer avec ses pieds, ses bras ou avec ses deux yeux.
Nous devons, disait-il pour conclure, couper, nos bras, enlever notre œil et couper notre jambe qui nous empêchent de nous élever vers Dieu ; et les couper précisa-t-il, c’est quitter ou laisser nos défauts : c’est refuser de détourner les deniers publics pour certains, c’est pardonner pour les autres, pour tous et chacun, c’est nous convertir.
Le dimanche 04 octobre 1987, pour les chrétiens de Saint-Michel, était un jour d’action de grâces, un jour de joie et d’allégresse. Après la communion, la chorale exécuta majestueusement et dans la ferveur toutes ces exaltations en faisant crépiter les fibrociments de la majestueuse église des accords du chant envoûtant et immortel qu’on ne présente plus un des plus beaux cris de joie et de louange jailli du cœur et écrit par la plume d’un grand musicien : l’Alléluia de Haendel.
Le 4 octobre 1987, pour les chrétiens de Saint-Michel, était aussi un jour de magnificence de la part de l’Eglise, puisque Mgr. Christophe Adimou annonça qu’avant la bénédiction finale il avait reçu du Pape l’insigne mission d’accorder l’indulgence plénière à tous ceux qui avaient pris part à cette eucharistie en état de grâce.
Nul doute que cette date sera dans toutes les mémoires pour le 2ème cinquantenaire qui commence déjà par se décompter.
Dieu soit béni, chanté et loué pour les siècles des siècles !
Décembre 1989 :
Le Président Mathieu KEREKOU s’est réfugié dans la cour de l’église Saint-Michel pour se mettre à l’abri des jets de pierre des manifestants qui voulaient en découdre avec le régime révolutionnaire.
Septembre 1997 :
Obsèques du Père Gaspard Dagnon
Dimanche 14 décembre 1997
Célébration des noces de Diamant (60 ans)
Mars 1999 :
Obsèques de Monseigneur Isidore de Souza
Mai 2000 :
Obsèques du premier Président de la République du Bénin, Hubert K. Maga
10 Février 2007 :
Célébration du cinquantenaire d’épiscopat du Cardinal Bernardin Gantin
4 octobre 2007 :
Commémoration des 70 ans de la Paroisse
20 et 21 mai 2008 :
Obsèques de Cardinal Bernardin Gantin
Les bâtisseurs : 75 ans et 8 curés
1-père Poidevineau, l’ « ASUKA »de saint Michel de Cotonou : le fondateur
PAR PERE HOUNGBEDJI, PREMIER PRËTRE DAHOMEEN DE
L’EQUIPE SACERDOTALE
Beaucoup de nos lecteurs connaissent déjà la jeune et vi vante paroisse saint Michel de Cotonou, dans le quartier Gbéto et son infatigable animateur, le R.P.POIDEVINEAU.
Aujourd’hui, un prêtre dahoméen vient nous dire comment les paroissiens de Saint-Michel savent témoigner à leur pasteur leur abjection, leur gratitude et leur attachement.
Je me propose de vous raconter tout simplement comment il fut reçu ,à son dernier retour de France ,par ses enfants de Gbéto .Mais je vous demanderais la permission de vous conduire à cette manifestation par le chemin des écoliers.IL n’y a pas de sentier droit en Afrique noire et ,dans nos palabres avant d’en venir au fait ,nous aimons bien en avoir reconnu les alentours .d’ailleurs , le détour que nous ferons ensemble par Saint-Michel vous aidera à mieux comprendre l’attitude et les sentiments de cette foule qui acclamer notre Asouka ,le 13 avril 1945,à sa descente du paquebot.
La grande famille de Gbéto
La fondation de la Mission de Gbéto ne remonte qu’a la fin de l’année 1937. Moins de cinq ans après ,c’était une grande paroisse ,vivante entre toutes, avec son église provisoire ,rayonnant d’une vie religieuse intense ,son école de garçon comptait millier d’élèves ,depuis la classe enfantine jusqu’à celle du certificat d’études ,ses différentes œuvres d’action catholique ,spécialement ses œuvres de jeunesse .Ecole et œuvres nécessitèrent la construction de bâtiments vaste et adaptés ,et le pasteur dut se faire architecte , entrepreneur et bâtisseur. Mais l’élaboration des plans et la surveillance des chantiers ne nuisirent en rien à la bonne marche du ministère .IL y a lieu de signaler, spécialement les retraites pascale qui furent organisées, tout les ans pour les différents catégories de fideles : hommes, femme, jeunes gens, jeune filles. Dans une paroisse qui est avant tout ouvrière, le père Poidevineau donna une place de choix à l’apostolat des ouvriers .Ils eurent leur fête annuelle, saint joseph, ou ils apprirent à prendre davantage conscience de la dignité du travail manuel. Les visites à la Mission se multiplièrent, le soir, à la sortie, des ateliers et des bureaux. Le père ne s’en contenta pas, et lui-même alla visiter ses paroissiens, afin de les mieux connaitre dans leur vie intime et familiale, et aussi de découvrir et de panser toutes les misères cachées. Personne ne fut exclu des bienfaits de ces randonnées, qu’il fût païen, protestant ou musulman.
C’est ainsi que se forma rapidement une grande famille, la grande famille de Gbéto, qui concrétisa sa reconnaissent envers son Père et bienfaiteur dans le surnom flatteur, bien vite devenu populaire, d’Asuka. Asuka, c’est celui qui apparaît doué de qualités exceptionnelles et provoque spontanément la sympathie de tous. Sa traduction la moins inexacte serait donnée peut-être par les deux expressions : « C’est un type et un chic type ».
En fait, il avait su, en peu de temps, pénétrer l’âme indigne, et, avec son large sourire, gagner la confiance et trouver le chemin des cœurs. Comme Saint Paul, il s’était fait tout à tous, et se donnait sans compter, vivant modèle de charité et d’abnégation. Son ardeur au travail était un exemple permanent, et l’on admirait l’aisance avec laquelle il savait dominer les difficultés. Les Baptêmes, des Confessions et des Communions monta en flèche. Les flèches comprirent aussi la nécessité de soutenir le zèle de leur Pasteur par des générosités d’ordre matériel plus grandes.
Mais le Père n’avait peut-être pas assez compté avec le soleil d’Afrique. En 1942, sa santé se trouva sérieusement ébranlée et force lui fut d’interrompre son activité débordante. Il nous quitta pour aller refaire sa santé dans son pays natal. Il nous promit que son temps serait courte et que son temps serait occupé là-bas, dans la France missionnaire, à susciter de nouvelles sympathies en faveur de la œuvre de Gbéto. Nos regrets et nos vœux l’accompagnèrent à son départ et, pendent longtemps, ce refrain erra sur nos lèvres :
Cœur d’apôtre ne sait compter
Ses travaux ni ses peines,
Et saigne quand il faut quitter
Notre terre africaine.
L’absence du Père
Le congé touchait à sa fin quand survenir du Père Poidevineau avait soutenu les chrétiens, et l’espoir de fêter son prochain retour animait tous les cœurs, d’autant plus que chaque courrier nous apportait régulièrement de ses nouvelles. Avec le débarquement en Afrique du Nord, ce fut la séparation totale d’avec la Métropole. Plus de notre cher absent.
Les faux bruits qui nous parvinrent mêlèrent l’inquiétude aux espoirs les plus extravagants : le Père avait été mobilisé… on l’avait déporté… il avait gagné l’Espagne, pour nous rejoindre plus facilement… il était en Algérie… à Niamey. A force de bruits contradictoires, on finit par ne plus croire à son retour prochain.
Il y eut des jours difficiles pour la paroisse et pour ses œuvres. On sentit planer partout un malaise et une sorte de découragement.
Les souscriptions pour les travaux de la paroisse, subirent un ralenti, l’enthousiasme des jeunes se refroidit et fut en danger de n’être plus qu’un lointain et mélancolique souvenir. Asuka n’était plus là pour stimuler les bonnes volontés, semer partout la joie et entraîner à sa suite par son existence.
Au milieu de ces épreuves, deux deuils vinrent encore nous attrister : la mort du Père Prou, longtemps collaborateur du Père Poidevineau, et celle du maître Lucien Couchoro. Dans le découragement qui manqua alors de nous abattre, nous revint en mémoire un enseignement que le Père Poidevineau nous avait donné aux beaux jours de prémices : lorsque Dieu veut marquer de son empreinte une œuvre durable, il semble d’abord la réduire à l’impuissance, pour manifester ensuite sa propre intervention :
Si le grain tombé dans la terre ne meurt pas, il reste seul : mais, s’il meurt, il porte beaucoup de fruits.
Mieux que personne, le missionnaire comprend cette grande vérité, qui donne à sa vie sa lus belle signification.
A Gbéto, l’espoir devait renaître bientôt, et avec lui le courage. Un jour, arriva, par la Croix Rouge Internationale, un message nous apprenant que le Père Poidevineau était toujours chez ses parents, qu’il jouissait d’une bonne santé et que, fidèle à sa promesse, il consacrait son temps et ses efforts à recueillir des ressources pour la future église de Saint-Michel. A partir de ce moment, une correspondance survie s’établit entre le Père et ses enfants. Plus d’une fis, il put se rendre compte de tout notre filial attachement. On donna un éclat particulier à la fête de son Saint Patron, et chacun, ce jour-là, dans une prière fervente, demanda au bon Dieu de hâter le retour tant désiré.
Novembre 1944 nous apporta une lettre du Père nous disant son grand désir de nous rejoindre le plus tôt possible, même en avion si les circonstances le permettraient. Nos prières se firent plus pressantes. De notre église, s’éleva bien souvent la touchante supplication :
O grand Saint Michel, rendez-nous notre cher Pasteur.
Les petits Croisés formèrent, à cette intention, une ligue de prières, et partout, spontanément, ils répétaient :
Au plus tendre des souvenirs
Joignons une prière.
Qu’il plaise à Dieu de réunir
Les fils avec le père.
Le retour et l’accueil
Tandis qu’a Cotonou son souvenir revenait souvent dans les veillées, le Père Poidevineau, à Marseille, réglait les dernières formalités officielles avant de s’embarquer. Enfin, une lettre nous arriva, porteuse de la grande nouvelle : N’jawé, j’arrive. L’Ave, maris Stella retentit dans notre église de Gbéto pour demander à la Vierge tutélaire de conduire à bon port le passager tant attendu.
O bonne Mère
Du missionnaire
Le vaisseau fuit,
Veille sur lui.
Sur terre, il n’a plus de patrie ;
La Croix lui reste et toi, Marie.
Un jour, on apprit qu’il avait dépassé Dakar. Dans la joie et l’entrain général, on se mit à préparer une réception qui fût digne de lui et donnât à chacun de pouvoir exprimer sa filiale reconnaissance. Un comité de réception se forma pour l’organisation des manifestations que réclamait la ferveur populaire.
Nos compatriotes d’Abidjan réservèrent au Père Poidevineau, à son passage, l’agréable surprise d’une très cordiale réception.
Ce geste nous stimula dans nos préparatifs : la réception d’Abidjan ne devait être que la prélude de celle qu’allait organiser Saint-Michel de Gbéto.
Le dimanche 8 avril, justement au temps de l’allégresse pascale, les fidèles furent avertis, à la Messe paroissiale, que, dans le courant de la semaine, la sonnerie prolongée des cloches les avertirait de l’arrivée du paquebot.
A l’aube du 13 avril, à l’heure où les fidèles de Saint-Michel suivaient la Messe matinale dans le recueillement de leur église, une sirène déchira l’air de sa note grave et prolongée : c’était le Médie II qui venait de jeter l’ancre. Aussitôt Cotonou s’anima :
« Asouka gongo, miton wa, mi bi mi dja wa »
(“Notre bon Père est enfin de retour, venez tressaillez de joie. »)
Et les loches se mirent à carillonner, pour annoncer au loin l’allégresse générale.
De toutes part, on accourut vers le wharf et bientôt la plage, de chaque côté fut couverte de monde ; toute la ville semblait s’y être donné rendez-vous. La place d’honneur fut réservée aux écoliers, à qui il convenait d’apporter le premier salut de Cotonou au grand ami de la jeunesse. Le moment, toujours émotionnant, du débarquement, fut le signal d’une immense acclamation, dont les échos se prolongèrent au loin dans la ville.
Le père Poidevineau était accompagné d’un autre missionnaire, le père Brayas, un grand ami de Gbéto. Nous n’avions pas oublié, à Saint-Michel, la contribution que le Père Bruyas, malgré sa charge de professeur au séminaire, avait apportée au développement de la jeune mission. Une voiture, derrière laquelle marchait le groupe compact des écoliers, les conduisit à la Mission de Gbéto. Tout le long du trajet, ce furent des chants de fête et de bienvenue. On ne se laissait pas de répéter :
Au père Poidevineau, notre bon Supérieur, meilleurs vœux, filiale gratitude. Au Père Bruyas, nos vœux, nos humbles mercis.
La première visite du Pasteur fut pour sa modeste église. Aux écoliers, espoir de l’avenir, il donna sa bénédiction, et les enfants lui répondirent par l’hymne de Gbéto :
Nous venons encore, enfants de Gbéto, Mi kple bo wa fi Gbéto vi le be …
Ceci n’était qu’un prélude, la journée du 15 étant réservée à la réception officielle.
Le 15, dès huit heures, toute la paroisse se trouva réunie. La première cérémonie fut touchante dans sa simplicité : on remit au père une clef symbolique en signe de reprise de possession de sa paroisse. Ce fut ensuite la présentation des différentes œuvres paroissiales, puis la Messe d’action de grâces. Dans les quelques mots qu’il adressa aux assistants, le Père dit sa joie d’avoir retrouvé son cher troupeau. Dieu soit loué, E ni kpa Mahu, répéta-t-il à plusieurs reprises.
A l’issue de la Messe, un vin d’honneur réunit les reconnaissances envers celui dont ils sont en droit d’être fiers.
L’après midi, les tam-tams rivalisèrent d’entrain pour souhaiter la bienvenue à Asuka. Le soir, un jeu de camp, organisé par les Scouts, vint couronner dignement cette journée d’apothéose.
2- Père Joseph Daniel
(Curé de 1957 à 1965) : l’héritier
Après le départ du Père Poidevineau en 1956 ce fut le Père Daniel, qui lui succéda : il était d’ailleurs vicaire à Saint-Michel. Son séjour fut une période d’affermissement : tout en continuant à un rythme moins accélérée les travaux de construction de l’église il s’employa à consolider l’œuvre commencée par son prédécesseur, en évangélisant plus en profondeur ses paroissiens.
Celui que l’on a souvent appelé le petit Père Daniel est né à Nantes, sur la paroisse Saint Donatien, le 16 Juin 1905. Après des études à Saint-Priest, à Chanly et à Lyon, il devient membre de la SMA en juillet 1925.
Il est ordonné prêtre le 21 juin 1931. Quelques mois plus tard, le père Laqueyrie lui envoie sa lettre de nomination :
« Vous êtes désigné pour la mission du Dahomey (dont le vicaire apostolique est à l’époque Mgr Steinmetz). Vous allez partir en mission. C’est une joie que vous serez seul à connaître parmi les nouveaux prêtres de la paroisse car vos frères d’ordination sont retenus momentanément en Europe ».
En 1931, il rejoint d’abord le Niger qui dépend encore du vicariat apostolique du Dahomey. Il y restera 4 ans. Toute sa vie, il évoquera avec beaucoup de bonheur ces premières années de mission. Il aimait parler, en particulier, de ses randonnées à cheval au bord du fleuve Niger au lever du soleil. Dans une de ses lettres, il note qu’un don venu de France vient de lui permettre d’achever l’église en banco de Niamey.
En 1935, on l’appelle au sud-Dahomey qu’il ne quittera plus. Après une année à Porto-Novo, il est nommé au grand séminaire de Ouidah comme professeur de philosophie. Esprit curieux et ouvert, il se met à la lecture des grands acteurs afin de pourvoir donner un enseignement de qualité. Toute sa vie, il aimera se tenir au courant de l’évolution des idées. En rangeant sa chambre à Montferrier, on a trouvé un grand nombre de livres, signe qu’il a cherché à se cultiver jusqu’à la fin de sa vie.
En 1946, il laisse le séminaire pour la vie pastorale et est nommé d’abord à Allada. En 1950, il rejoint la paroisse Saint-Michel de Cotonou où il retrouve les Pères Poidevineau et Cousteix. Ensemble, ils vont bâtir cette paroisse qui ne cassera de se développer et qui est aujourd’hui la paroisse la plus importante du centre de Cotonou. Les chrétiens de cette époque se souviennent encore de lui. C’est en reconnaissance pour son travail, qu’il est fait, en 1965, chevalier de l’Ordre national du Dahomey.
En juin 1966, voilà 35 ans qu’il travaille dans la mission du Dahomey. Il est alors invité ‘’à faire le sacrifice de son Dahomey pour mettre à la disposition des philosophes de Chamalières son expérience missionnaire, sa connaissances des âmes et son grand amour des missions, toutes qualités pour faire un bon directeur spirituel’’. Il accepte ce nouveau poste, un peu inconfortable car les mentalités évoluent après 1968, mais il va être très apprécié par les séminaristes pour sa gentillesse et sa grande sagesse.
En 1972, il demande à quitter la formation où il se sent moins à l’aise et il est nommé à l’équipe sacerdotale de la Gavotte dans le diocèse d’Aix-en-Provence, en remplacement du père Brégaint. Il s’y plaît bien mais l’âge avance et il sollicite une aumônerie.
En 1974, il accepte d’aller à Marseille dans une maison des sœurs Notre-Dame des Apôtres où il restera en service pendant 10 ans.
En 1984, il écrit au conseil provincial : ‘’Cette année, j’entre dans ma 79ème année, je pense que, raison parlant, il faut se décider à se retirer avec les confrères de Montferrier’’. Après un passage assez bref comme aumônier chez les sœurs de Menton, il prend donc sa retraite à la maison de Montferrier-sur-Lez.
Voici qu’a écrit sur lui le Père Alphonse Guérin :
Le Père Daniel est venu me rendre visite : 48 ans que l’on ne s’était revus. Un bail ! Paris, lui vers le Dahomey, moi vers la Côte d’Ivoire, nos chemins ne s’étaient jamais croisés. Les cheveux ont un peu branchi, le ventre a pris un peu d’avance. A part cela, il n’a pas changé. Plutôt petit, large d’épaule, la tête légèrement penchée à droite comme les gens qui sont bons, dit Marcel Aymé, un petit sourire au coin de la bouche, l’œil pétillant de malices derrières les verres épais de ses lunettes. Il me rappelle de vieux souvenirs.
De ses distractions, on pourrait faire un recueil. On m’en a conté une bien bonne qui date quelques années. Avec un confrère, il était faire un petit pèlerinage à Fourvière. En redescendant, ils décident de prendre le bus pour rentrer à notre maison du 150. Les voilà installés dans une voiture. Pas encore de conducteur ni de passagers. Ils en profitent pour réciter tranquillement leur bréviaire. Les prières terminées, ils reprennent leur conversation. Le temps passe : ils n’ont pas remarqué que la voiture ne se remplit pas ni que, à côté d’eux, les bus arrivent et repartent continuellement. C’est un terminus. Un employé qui les a aperçus vient enfin les avertir que le bus dans lequel ils sont installés ne part pas. C’est seulement en descendant qu’ils comprennent pourquoi : le bus n’avait pas de roue’’.Ceux qui ont bien connu le père Daniel souriront parce qu’ils trouveront que la description est juste.
Le père Joseph Daniel s’est allé vers le Seigneur dans la nuit du 10 au 11 juin 2002, très discrètement et sans bruit, un peu comme il a vécu. Il était, au moment du décès, le plus ancien ordonné de notre Paroisse. »
3- Mgr. Vincent Mensah (1965 à 1970)
Premier curé africain de la paroisse :
La transition
‘’La paroisse Saint-Michel avait d’être réveillée’’
TEXTE REDIGE EN 1997 A L‘OCCASION DE LA CELEBRATION DES 60 ANS DE LA PAROISSE PAR MAXIMILIEN AGUEH
Premier Curé africain, pendant la succession du père Joseph Daniel (SMA) au lendemain du grand Concile Vatican II, il se trouvait devant un champ d’apostolat délicat. Il y avait à introduire l’aggiomamento voulu par le Concile dans cette communauté grouillant de monde et qui avait pris certaines habitudes.
En prenant la charge pastorale de l’église Saint Michel en 1965, j’ai constaté qu’elle ‘’avait besoin d’être réveillée’’ a déclaré Monseigneur Vincent Mensah, au cours d’une interview réalisée dans le cadre des festivités marquant le soixantième anniversaire de la création de cette paroisse.
La paroisse avait déjà un statut cosmopolite. Presque toutes les ethnies du Bénin étaient déjà représentées. A Saint-Michel, souligne le prélat, ‘’battait le cœur du Bénin’’. L’importance que prenait cette paroisse et son statut cosmopolite n’étaient pas sans présenter des difficultés, car la diversité pouvait être autant un handicap qu’une chance. Il fallait aplanir les rivalités entre les différents groupes pour faire de la communauté chrétienne, une vraie église. C’est à cette tâche que va s’atteler la pastorale au cours des années 1965-1970.
Pour la première fois, une deuxième paroisse dans une ville du Bénin
A sa fondation (1937), Saint-Michel, faisait de Cotonou, la première ville ayant au Bénin deux paroisses.
A quelques kilomètres de Notre-Dame, elle se situait à la lisière de la brousse, d’où son nom de quartier Gbéto. Avec le nombre toujours croissant qui s’en réclamait, elle rêvait de bâtir l’église la plus grande et la plus belle, mais dont la finition à cause de l’architecture particulière, attendra plus de 20 ans, ce qui fera dire au Cardinal Gantin, ‘’qu’elle vieillissait en son commencement’’.
Un bel avenir était promis à ces débuts. C’est pourquoi, nommé curé à un moment où l’apostolat des laïcs prenait de l’essor chez nous conformément aux directives du Concile, avec les divers vicaires, ‘’nous nous sommes efforcé d’être présents dans les diverses associations et chorales. Par des activités pastorales telles que la catéchèse à la mission comme dans les quartiers, l’accompagnement des vocations sacerdotales et religieuses, des mouvements d’action catholique, des groupes de dévotion, nous avons essayé d’organiser et de canaliser les fidèles’’
Les problèmes avaient pour nom : le grand nombre des fidèles et les difficultés liées à une meilleure organisation de la communauté. Les directives du Concile nous ont beaucoup aidés.
D’une part, il a fallu redonner leur vraie place aux laïcs dans l’Eglise, d’autre part, œuvrer à une meilleure collaboration avec les religieuses dans le respect de leur charisme et enfin, promouvoir une vie intérieure chez les chrétiens. Dans cette ligne, l’accent a été mis sur l’accueil des fidèles par une administration plus fonctionnelle et une présence des prêtres à leur bureau, dans le prolongement du secrétariat, à des jours fixes.
Notre engagement pour l’approfondissement de la vie spirituelle communautaire commençait à porter ses fruits. En effet, notre action pastorale était soutenue par une équipe motivée de fidèles en qui se manifestait une véritable soif de Dieu.
Pour répondre à leur foi ardente, nous avons gardé et valorisé la messe de 6 heures à laquelle tenaient beaucoup de travailleurs avant de se rendre au service. Les soirs, plusieurs revenaient faire dans le calme et le recueillement leur visite au Saint Sacrement.
L’accueil à la maison était complété par la pastorale dans les quartiers. Des séances de prières et de catéchèse y étaient organisées sous la responsabilité de l’équipe pastorale. C’était, avant le mot, des ‘’communautés de base’’.
Cette période de cinq ans passée à la tête de la paroisse m’a procuré des moments de grandes joies, car ‘’j’ai pu organiser les fidèles et faire croître spirituellement la communauté’’.
Un départ inattendu
L’annonce de l’appel à l’épiscopat a été pour Monseigneur Mensah, l’accueil de la volonté du Seigneur. Ce n’est jamais de gaieté de cœur qu’on quitte une paroisse où l’on investi et qui est en plein chantier. La foi dans le Seigneur qui appelle à construire son Eglise a assuré Monseigneur que l’Esprit du Seigneur continuerait d’assister ses successeurs pour la poursuite de l’œuvre commencée.
A la veille de cet anniversaire, Son Excellence conserve avec un sentiment de gratitude, le souvenir de tous ceux qui ont collaboré avec lui et l’équipe pastorale, à la promotion et à l’évangélisation de la paroisse Saint-Michel. Il souhaite que la communauté paroissiale s’affermisse dans la maturité spirituelle et devienne un creuset de témoignage pour l’esprit chrétien pénètre réellement notre société.
4- Mgr. Robert Sastre
(Curé de 1970 à 1972) : Détermination et aboutissement
« Mon séjour est une expérience hors pair »
ENTRETIEN REALISE EN 1997 LORS DE LA COMMEMORATION DU 60ème ANNIVERSAIRE
PAR MAXIMILIEN AGUEH PAROISSIEN JOURNALISTE
Nommé en 1970 curé de la paroisse Saint-Michel par Mgr. Bernardin Gantin alors Archevêque de Cotonou, Mgr Robert Sastre qui assurait le rôle de responsable de la « Centrale des œuvres » de Cotonou déclare aujourd’hui, à la veille du 60ème anniversaire de la création de cette paroisse, que « son séjour est une expérience hors pair ».
« J’ai rencontré des hommes de foi, décidés à vivre quotidiennement le christianisme » a-t-il précisé, avant de rappeler : « en prenant la charge paroissiale de Saint-Michel, j’avais eu comme mission de l’Archevêque de terminer la construction de l’église ».
Ainsi il fallait mobiliser 25 millions de francs CFA et j’y suis parvenu grâce à la générosité, à la confiance des paroissiens puis au dialogue avec eux. Ainsi les ventes de charité organisées ont connu une affluence que les paroissiens ont affirmé que les morts étaient également de la partie. Il est intéressant de savoir qu’avant ces ventes de charité, une dame, mère d’un abbé était venue me proposer des messes à l’intention de ceux qui ont œuvré pour l’église, tant les vivants que les morts.
En 1970, le gros œuvre était déjà réalisé. Toutefois, j’ai dû démolir les colonnes, décoiffer l’église et achever la finition, a souligné Mgr Sastre. J’ai compté beaucoup avec la générosité, la disponibilité des fidèles qui, spontanément ont apporté leur pierre à cette réalisation.
Faire confiance Aux fidèles
L’achèvement des travaux de l’église est intervenu au cours de la charge pastorale de Mgr. Sastre. A son inauguration j’étais honoré nous dit-il. A Saint-Michel, « j’ai senti qu’il existe au sein des fidèles une foi profonde. A n’importe quel moment de la journée les fidèles étaient présents aux messes, à l’adoration et aux prières. Mieux, ils étaient contents lorsque vous les considérez comme des personnes humaines. Ainsi l’exemple de la vieille qui est très contente de me voir au bureau et à qui j’ai demandé de s’asseoir. Dans la mesure où on leur fait confiance, leur « oui est oui ». C’est ainsi qu’en moins de deux ans, nous avons pu réunir plus de 25 millions de FCFA sans demander aucune aide extérieur.
Mieux, j’ai écrit au Président Hubert Maga qui a mis gracieusement à notre disposition la grosse pierre qui fait office d’autel. En ce qui concerne les bancs, les familles ont été sollicitées à concurrence de 12 500 FCFA par banc à partir d’un modèle que j’ai confectionné, nous a-t-il précisé. Somme toute, avec la confiance en l’homme et la foi profonde des fidèles, nous avons réussi à achever la construction de l’église en moins de deux ans.
Que retenir
« En quittant la paroisse Saint-Michel en 1972, j’ai plutôt gardé un grand souvenir de mystères joyeux. Je n’ai eu aucune difficulté. Les quelques problèmes qui ont pour nom la réorganisation des chorales et les climats inhérents au travail en commun ont trouvé solutions. Je me suis attelé à mettre le mariage à la portée des gens, à organiser le confessionnal quotidiennement et à porter la communion aux malades ».
« Mon bureau est ouvert à tout le monde ». Les enfants viennent me voir pour m’annoncer qu’ils ont l’intention de devenir prêtres. Les fidèles viennent pour me donner des conseils. « Je les écoute souvent. Actuellement, je conserve encore ces amitiés ». Mon départ était plutôt perçu par les fidèles comme la réputation de faiseur d’évêque reconnue à la paroisse, allusion faire à Monseigneur Vincent Mensah, mon prédécesseur.
« Enfin, moi je constate que le Seigneur dans nos vies, ménage certaines surprises qui sont pour nous des grâces qui nous marquent. Ma venue à la paroisse Saint-Michel à été pour moi une grâce. Mon départ l’a été également. Seulement que Saint-Michel garde et retrouve sa générosité pour tous, approfondisse sa foi qui s’accroche au Seigneur à travers l’Evangile ».
Tel est le message de Monseigneur Sastre pour les fêtes du 60ème anniversaire de la paroisse Saint-Michel.
NDLR : Ces vœux sont encore valables pour les 75 ans et ce ad multos anos.
6-Père Gaspard Dagnon (Curé de 1987 à 1997) :
Le testamentaire de Mgr Parisot et la dévotion à Marie
Le père Gaspard Dagnon, un prêtre selon le cœur de jésus
Par père JEAN – BENOIT GNAMBODE p.s.s
Le 24 aout 1997, je devais partir en France pour prêcher une retraite spirituelle en Alsace. De Missérété, ma ville natale d’où je suis parti, je me suis rendu à la paroisse Saint Michel de Cotonou pour dire au revoir à mon frère et ami Père Gaspard Dagnon. J’arriverai à l’heure du déjeuner. Gaspard me reçut à sa table avec un de ses amis, M. Maurice Ahanhanzo Glèlè, ancien Professeur à l’université Descartes de Paris, l’un des pères de la constitution de la République du Bénin, l’un se ses vicaires le séminariste en stage. Gaspard ne laissait transparaitre aucun signe de fatigue. Nous eûmes à l’issue de ce repas presque une demi-heure d’entretien très fraternel dans un climat de gaieté et d’enthousiasme. Nous nous sommes quittés aux environs de 15h et je pris l’avion ce soir même à 21h pour Paris. C’est à la Rue du Regard, le 29 Aout 1997, que la nouvelle est tombée comme un « obus ». A 12h45, l’heure du déjeuner, le Père Jean Pierre Dugue, économe, me rencontre dans la cour et me dit :
« Monseigneur de Souza vient de téléphoner de Cotonou pour annoncer une triste nouvelle : Gaspard Dagnon est mort » Rêvé ou réalité ? Un coup de téléphone à Cotonou me confirme que c’était vrai. Gaspard est vraiment mort : il avait 61 ans.
Père Gaspard, Prêtre et formateur de futurs prêtres
Né à Ouidah d’une famille chrétienne des premières générations, il était le cadet d’un autre frère consanguin, prêtre, actuellement Curé et Vicaire Général dans l’Archidiocèse de Cotonou (le texte date de 1997). Après une éducation chrétienne rigoureuse, sa formation au Petit Séminaire Saint Gall de Ouidah, il fut ordonné prêtre le 29 juin 1963 par le Cardinal B. Gantin alors Archevêque de Cotonou. Un de ses anciens camarades de séminaire disait de lui : « il avait toujours son chapelet au cou, il en avait fait son collier et certainement ne s’en séparait guère la nuit… » Nommé professeur au Petit Séminaire, il nous enseignait le français et le grec en première et le Père Bonnet Charles, l’instruction religieuse en seconde. C’est là que je l’ai connu pour la première fois comme prêtre aimant la vie du séminaire, proche des jeunes, bon conseiller, pédagogue et travailleur consciencieux. Je n’ai pas été personnellement surpris d’apprendre qu’il était entré dans la Compagnie des Pères de Saint Sulpice après les deux années passées avec nous en équipe avec le P. Charles Bonnet, qui nourrissait le même projet que lui. Quelle joie à l’époque de l’avoir retrouvé par la suite au Grand Séminaire de Koumi au Burkina Faso, avec les Pères Paul Roumanet et J.P. Dugue !
Là à Saint Gall, on admirait le Sulpicien attaché à sa vocation de formateur de Prêtre.
Il supportait mal qu’on ne fasse pas correctement son travail. Le mot de son mécontentement, c’était « Funérailles ! », qu’il prononçait comme une onomatopée, comme pour intimider les étudiants ; ou bien « la foudre va tomber sur le Mont Arara » pour dire qu’au Conseil des Professeurs il ne serait pas tendre. Il aimait à dire souvent « Jésus a pratiquement passé sa vie à former les Apôtres. Il faut que quelques uns s’engagent aussi dans ce ministère » et il citait le passage de l’Evangile de Jean « Consacre les dans ta vérité, Ta parole est vérité » (Jn 17, 5)
Curé de la plus grande Paroisse du Bénin, après des études d’Ecriture Sainte à Rome et 5ans d’enseignement à Issy (à Paris), il venait encore au Séminaire tous les mercredis pour y disperser les cours de Liturgique en Cycle de Philosophie et d’Homilétique aux diacres. Doué de beaucoup de finesse et d’intuition, il arrivait de façon parfois étonnante à une vraie compréhension du sens des choses et des évènements et surtout du service de l’Eglise. Ne disait il pas une semaine avant sa mort à un prêtre : « Sois toujours heureux là où le seigneur t’a mis. L’essentiel, c’est de faire la volonté de Dieu en servant honnêtement et généreusement l’Eglise ; n’écoute pas les gens, ils parleront toujours ». Il était heureux de travailler à la formation des futurs prêtres mais aussi de se donner tout entier pour le bien être de ses fidèles.
Père Gaspard, un pasteur d’âmes
Comment ne pas admirer l’endurance et l’énergie du Père Gaspard pour faire avancer l’Evangélisation et la Mission dans sa Paroisse cosmopolite de Cotonou ? Il me disait souvent quand on se rencontrait : « Nous devons avoir le souci des âmes comme Olier qui était préoccupé de sanctifier les fidèles… » Le père Gaspard en avait pris les moyens. Vu le nombre de personnes qui fréquentaient sa paroisse, il avait essayé d’installer trois hauts lieux de dévotion et de prière : la chapelle de l’adoration perpétuelle du Très saint Sacrement, le Sanctuaire de Notre Dame des Victoires et récemment Notre Dame de Lorette. Comme l’a su bien dire le Cardinal Gantin dans son homélie aux obsèques du Père Gaspard : «…. aucun prêtre de notre génération n’a aussi bien traduit concrètement le testament spirituel de Monseigneur Parisot : « Crux- Hostia- Virgo. Tout est là dans notre vie spirituelle. »
A le regarder, on pourrait dire que toutes ses œuvres lui ont été inspirées par la Sainte Vierge Marie qu’il aimait prier souvent et recommandait de prier sans se lasser : « Ton chapelet, disait-il à un séminariste, il faut le dire chaque jour. C’est l’arme du chrétien. Les autres portent leur talisman. Le notre, c’est le chapelet. »
Père Gaspard, un homme de relations, simple et humble
Le Père Gaspard, avec sa simplicité et son enthousiasme, s’est acquis une réputation de grande cordialité et de bonté dans les relations avec les prêtres ,les séminaristes, et les fidèles de sa paroisse, traitant de tout avec la patience, bienveillance et courtoisie. Et là ou il avait besoin d’une main de fer, il s’avait l’habiller de velours pour gagner ses interlocuteurs. Peu loquace en bien des circonstances : il donnait parfois l’impression d’être un homme secret qui n’aimait pas spontanément se confier. Directeur Spirituel bien avisé, il se montrait à la fois sévère et doux et recommandait à ses disciples de savoir user de fermeté.
Le Père Gaspard, il faut l’avouer, était pour nous et moi-même en particulier un véritable ami, prompt à vous écouter et à vous aider. Il était pour tous un modèle de prêtre, un père très aimant, humble et dévoué, généreux et tout donné à Dieu. Quand on le félicitait d’avoir bien réussi à rassembler les fidèles de sa paroisse, il répondait : « non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom rapporte la gloire… » Un jour, je lui parlais de son presbytère ‘’archaïque’’ et même ‘’sale’’. Quand vas-tu commencer la construction d’un autre presbytère ?
Sa réponse ne se fit guère attendre : « Ce ne sera pas moi qui le construirai. Ce sera mon successeur. »
L’humilité était, en effet, l’une des vertus qu’il demandait à Dieu dans sa prière. En Juillet dernier, après la retraite spirituelle à Saint Gall sur Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, j’étais allé lui rendre visite pour partager avec lui mes impressions. Nous avons eu à parler de cette Sainte qui avait faire confiance et s’abonner à Dieu. Il me dit pour finir : « il faut réciter souvent le Psaume 130. » Et il se mit à me réciter :
Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux, je ne poursuis ni grands desseins ni merveilles qui me dépassent… ». Il le connaissait par cœur ; c’est le signe qu’il le récitait bien souvent.
Du père Gaspard, quel héritage ?
Si notre frère Paul Gaspard a pu faire connaître et aimer Dieu aux Séminaristes qu’il a accompagnés à Koumi, à Paris, à Ouidah et ses fidèles, c’est que lui-même l’a connu et aimé avec une conviction qui prenait vie dans le Pain de l’Eucharistie de l’eucharistie et dans la Parole du Christ. Au-delà des actes liturgiques et du temps où il récitait son bréviaire, sa foi l’a toujours conduit à rechercher le tête-à-tête avec le Seigneur, l’union à Dieu. Tout le message qu’il nous a laissé est là ; tout ce qu’il a tiré de ses louanges méditations de la Parole de Dieu, du Notre Père, du Chemin de Croix refait chaque semaine ou du Rosaire tant de fois récité. Oui, il savait « se laisser à l’Esprit » dans la prière où il puisait le Conseil et la Force pour diriger et administrer les œuvres que Dieu dans sa bonté lui avait confiées pour qu’il les illumine de sa charité.
7- Père Jonas Ahouansou (1998 à 2010) : la confiance à la jeunesse
L’arrivée du Père Jonas Ahouansou peut être considérée comme une transition, le passage de témoin à la jeunesse, dans l’histoire de cette Paroisse, après la période des Pères missionnaires et celle des curés autochtones. On peut le considérer comme de la 3ème génération des curés.
PAR JOSEPH OGOUNCHI
Les fidèles de la paroisse Saint Michel de Cotonou ont eu la joie de connaître depuis sa création en 1937 par le Père Poidevineau, plusieurs Curés qui ont contribué chacun en ce qui le concerne à son édification, son embellissement et son épanouissement spirituel.
Douze ans à la tête des fidèles de la Paroisse de Saint Michel de Cotonou et le 7ème Curé, le Père Jonas Ahouansou est le 5ème prêtre autochtone (sans compter la période transitoire de Mgr de Souza (1997-1998) à assurer cette délicate charge.
Au moment où les Paroissiens étaient plongés dans la grande émotion de la disparition subite du Rd Père Paul Gaspard DAGNON, de regretté mémoire, à la recherche d’un Pasteur consolateur, on comprend donc la joie du peuple de Dieu, visiblement heureux d’avoir un pasteur jeune, dynamique et plein d’ambition : Père Jonas Ahouansou.
L’étape du Père Jonas a été surtout marquée par les réformes liturgiques avec comme amélioration importante : l’extension des structures d’accueil, l’augmentation du nombre des messes surtout dominicales et la limitation de leur durée. Elles ont constitué le fondement de toutes les actions du Curé et inspiré les diverses réalisations faites pendant les douze années qu’à duré sa présence à la tête de cette Paroisse.
La vocation mariale du Père s’est donc faire vite affichée et s’est précisée avec une dévotion particulière à Notre Dame de Fatima. Ce qui motive l’Autel de Notre Dame de Fatima avec la statue de la Vierge Couronnée où se célébrant les messes de 17 h.
L’Adoration du Très Saint Sacrement étant son cheval de bataille, il s’est dépêché de lui offrir un joli local à l’emplacement du sanctuaire marial (ancienne chapelle) pour une adoration permanente de jour comme de nuit.
il a réalisé la prophétie de son prédécesseur, le Père Paul Gaspard DAGNON en construisant un presbytère et des bureaux modernes, la rénovation de l’école et la réalisation des infrastructures socio-sanitaires et économiques sont à mettre à son actif. Ce fut un ère des grands travaux.
La période du 7ème curé, par le père Alphonse Quenum
La mort inattendue et un tantinet désespérant du très populaire curé Paul Gaspard René Dagnon a semblé déstabiliser la Paroisse Saint Michel avec laquelle il faisait corps sans grand bruit.
Après un bref intérim assuré par l’Archevêque Isidore de Souza lui-même, secondé par un fils de la Paroisse, le Père René Ehouzou alors curé à Notre Dame (qui devient plus tard l’Evêque de Porto Novo), le père Jonas Ahouansou fut nommé à Saint Michel en 1998. Il donna un dynamisme nouveau à Saint Michel avec des infrastructures audacieuses à finalité controversée. Il renfonça l’attirance de Saint Michel par l’organisation et la multiplication des célébrations liturgiques dans des temps limités au départ boudées mais qui ont par être apprécié par la plupart des gens. La preuve en était que beaucoup de fidèles quittaient d’autres paroisses pour venir à Saint Michel sûrs d’y trouver une messe qui ne dure pas longtemps. Il faut avouer que ce nouveau bouillonnement qui a quand même duré une dizaine d’années et surcentré sur le curé lui-même avait fini par donner au-delà de la part d’efficacité qu’il véhiculait, l’impression d’une sorte de supermarché spirituel.
Si le souci pastoral qui justifiait cet ensemble était selon le curé Ahouansou, l’aspiration à l’auto prise en charge, souhaitée par le premier Synode africain « Ecclesia in Africa », les modalités pratiques n’étaient pas partagées par tous.
Il reste que le passage de ce jeune curé a marqué Saint Michel.
Mgr Isidore de SOUZA, curé intérimaire (1997- 1998) :
Le gardien du temple
(Avec l’équipe sacerdotale : Plo HOUNYEME, Florent
NASCIMENTO, André GOMEZ)
La succession à un curé comme Gaspard DAGNON était difficile. Mgr de SOUZA a gardé le temple en attendant qu’il soit trouvé la perle rare.
En effet, entre 1997 et 1998, il exerça le rôle de curé de fait pendant quelques mois après le départ inattendu du père Paul Gaspard René DAGNON à l’eucharistie éternelle. Il assura un court intérim fécond, préparant la transition jusqu’à la nomination d’un nouveau curé.
8- Père Félicien KPOFONDE
(Depuis le 2010) : le nouveau souffle
Nommé curé le 3 Décembre 2010 par l’Archevêque Antoine GANYE, le père Félicien KPOFONDE. Un nouveau pasteur qui arrive à un moment difficile. Mais rien n’est impossible à Dieu, Marie nous l’a enseigné. Ce qui est sûr, la Paroisse Saint Michel (Gbéto) est née, elle vit et continue sa route avec une communauté vivante qui ne change pas.
Les ouvriers de la grande vigne
Saint Michel
La présente liste des prêtres qui ont servi à la paroisse Saint Michel n’est pas exhaustive
- Père Henri Poidevineau de 1937 au 15 juillet 1956
- Père Jean Louis Bréhier de 1938 à 1945
- Père Daniel de 1953 au 07 mai 1965
- Père Prou de décembre 1939 à 1943
- Père Michel Houngbédji de janvier 43 à 1946
- Père Louis Gommeaux de mai 1946 à 1951
- Père François Le Fort de septembre 46 à août 1956
- Père françis Verger de octobre 1950 à 1961
- Père M. Coustlix de janvier 1957 à janvier 1959
- Père V.Houessinon de janvier 1957 à janvier 1959
- Père M. Ahodantin de 1959- 1960 ; 1988-1989
- Père Laborde de 1959 à 1963
- Père A. Quenum de 1963 à 1968
- Père V. Mensah d’août 1965 à novembre 1970
- Père J. d’Almeida de 1969 à 1983(1961-1962)
- Père M. Sodjedo de 1960 à 1966
- Père E. Lissassi de 1961 à1965
- Père Robert Sastre de décembre 1964 à 1966 Curé de 1970-1972
- Père V. Adjanohoun de 1972 à 1985
- Père Tchibozo de 1965 à 1967 ; 1983 à 1987
- Père R. Hargundeguy de 1965 à 1966
- Père Antoine Ganyé de 1970 à 1973, Actuel Archevêque de Cotonou
- Père J.B. Déguénon de 1978 à 1982
- Père H. Echasserian de 1974 à 1975
- Père P. P Pierre Richaud de 1974 à1978
- Père J. Aniambosou de 1981 à1982 ; 1990 à 1991
- Père Jacques Amoussoude de 1989 à 1994
- Père P. Butaud de 1979 à 1981
- Père Robert Willichs de 1982 à 1983
- Père Denis Sagbo de 1982 à 1985
- Père Bienvenu Yahannon de 1983 à 1985
- Père P. Gaspard R. Dagnon de 1985 à 1997
- Père R. Nouatin de 1985 à 1988
- Père Joa d’Almeida de 1981 à 1990
- Père Raymond Goudjo de 1991 à 1992
- Père Julien Aniou de 1987 à 1988
- Père Th. Bada de 1989 à 1990
- Père Ignace Dellouh de 1990 à 1992
- Père Félicien Kpofondé de 1991 à 1995
- Père J. Mensah de 1993 à 1997
- Père Bernardin Gomez de 1996 à 1999
- Père Florent Nascimento de 1995 à 1998
- Père André Quenum de 1995 à 1996
- Père Pio Hounyèmè de 1996 à 1999
- Père Jonas Ahouansou de novembre 1998 à 2010
- Père Ignace Dellouh d’octobre 1999 à 2000
- Père Hubert Kédowidé de novembre 2002 à mai 2004
- Père Alain Favi d’octobre 2003 à 2006
- Père Smith Alfred de 2000 à 2003
- Père Olivier Sanvee de novembre 2002 à 2005
- Père Joao d’Almeida d’avril 1990 à (2007-2008)
- Père Emmanuel Attindéhou de novembre 2005 à 2006
- Père Francis Adimou de novembre 2005 à 2008
- Père Rodrigue Dan septembre 2006 à 2008
- Père Mériadec Mègnigbèto de novembre 2009 à décembre 2010
- Père Benoît Hounton de mai 2007 à juillet 2011
- Père Jacques Adjanohoun de décembre 2010 à mai 2011
- Père Cosme Houssou d’avril 2009 à juillet 2011
- Sosthène Loko de novembre 2008 à septembre 2010
- Rock Aniambossou de novembre 2010 à août 2011
- Père Félicien Kpofondé curé de la paroisse depuis décembre 2010
- Père Eric BASSALE de septembre 2011 à septembre 2012
- Père Moïse ADOSSOU de septembre 2011 à nos jours
- Père Maurice BABOUMY de septembre 2011 à septembre 2012
- Père Janvier AZONHAHIN de septembre 2011 à nos jours
- Père Barthélémy VIGAN
Père Michel HOUNGBEDJI : premier vicaire
Dahoméen de la paroisse (1943- 1946)
Toutes les manifestations sur la paroisse par leur conception et leur réalisation, portaient la marque d’un éducateur et pasteur hors pair : le R.P. Michel HOUNGBEDJI. Les écoliers et leurs parents étaient très attachés à sa personne et à ses initiatives. Sur le plan humain cela ne pouvait pas ne pas entraîner des frictions, des quiproquos, des rumeurs et des frustrations….
A la nouvelle de son affectation à la paroisse d’Athiémé, ce fut la consternation du siècle au niveau des fidèles. Et quand l’inadmissible s’est réalisé, les jeunes, les fidèles, notamment les ‘’ Croisés de l’Eucharistie’’ n’ont pas manqué de se rendre, en grand nombre, à Athiémé, pour lui témoigner leur reconnaissance et leur indéfectible sympathie. Les Croisés avec des chants conçus et composés par eux- mêmes y sont allés pour animer les nombreuses manifestations religieuses et révéler, aux fidèles d’Athiémé, qui était leur nouveau responsable. Le Cardinal GANTIN, alors en année de probation, n’a –t-il pas connu une telle marche sur Godomey avec les croisés ?
Il y a quatre ans, les anciens de Saint Michel des années 1940 s’étaient retrouvés lors d’une Messe demandée par eux, pour le repos de l’âme du père Houngbédji. De ce dernier chacun a rappelé l’amour considérable des adolescents en qui il tenait à semer la bonne graine ! Qui peut dire qu’il n’y est pas parfaitement parvenu ?
Comme les premiers apôtres
Peut – on parler de Saint Michel des premiers temps sans faire souvenir de certains pionniers. Très tôt , des bonnes volontés ont entendu l’appel du père Poidevineau et se sont joints à lui. Cela traduisait l’accueil favorable à cette ambition de donner à Cotonou une deuxième paroisse après la Cathédrale Notre Dame. Quelques noms viennent à l’esprit :
- Paulin François de Souza, trésorier du premier Conseil Pastoral Paroissial ( CPP),
- André Pognon, secrétaire du premier Conseil Pastoral Paroissial (CPP)
- François Akintoundé
- Appolinaire Ikoutchika
- Antoine Ogountchi
- Michel Sossou- Gloh
- Janvier Hounton
- Blaise Kuassi
- Dominique Agbanrin
- Jéronima Durand, épouse do Régo
- Tirburce Djimabi Dossou- Yovo
- Casimir Gbédjinou Quenum
- François Gnacadja
- Pierre Omowalé
- Louis Romao
- Félix Kakayi Koffi
- Lucien Vigan
- Cyprien Quenum
- Lucien Couchoro, enseignant directeur d’école, catéchiste, interprète, secrétaire….. véritable manitou, dévoué, consciencieux ?
- Antoine Kouyami : maître ménuisier, chef de chantier, directeur d’apprentissage,
- Théophile Ahouangansi, enseignant, catéchiste,
- François Boko,
- Hospice Hunkanrin, organiste
- Côme Sant’ Anna,
- Félicien Akélé
- Isidore Guidiglo
- Antoine Fidégnon, organiste et compositeur avéré,
- Germain Adéblé Amoussou
- Antoine Fortunato
- Julien Kangni
- Félix Coffi dit ‘’ Emiékoun ou Kakati’’…..
- Les deux jeunes encadreurs des enfants de chœurs
- Louis Amètowoyona et Emile Agboton
- Pierre Houessinon, chambrier, chauffeur, sacristin
- Michel N.Ligan, deuxième sacristain
De nombreuses Grâces reçues
Saint Michel : une Paroisse ‘’Episcopale’’
PAR JOSEPH OGOUNTCHI
« Mon départ (de la paroisse Saint Michel) était plutôt perçu par les fidèles comme la réputation de faiseur d’Evêque reconnue à la paroisse, allusion faite à Monseigneur Vincent Mensah, mon prédécesseur ».
Cette déclaration de Mgr Robert Sastre dans un entretien recueilli lors de la célébration des 60 ans de la paroisse, évoquant les souvenirs de son passage à Saint Michel, est confirmée par les faits. En effet, la paroisse Saint Michel a donné à l’église du Bénin six (06) Evêques. Elle a battu jusqu’à ce jour le record de la paroisse qui engendre des « épiscopales »
Le deuxième Evêque dahoméen après le Cardinal Gantin est un fils de Saint Michel, Mgr Lucien Monsi AGBOKA, premier Evêque d’Abomey. Suivront dans cette fratrie, Mgr Martin ADJOU MOUMOUNI, Evêque de N’Dali , Mgr René Marie Ehouzou, quatrième prêtre de Saint Michel a été successivement, Evêque d’Abomey et actuellement celui de Porto-Novo.
Au rang des prêtres qui ont servi à Saint Michel et qui sont devenus Evêques, il faut citer :
-Mgr Vincent Mensah (Curé de 1965 à 1970) et deuxième Evêque de Porto-Novo.
-Mgr Robert Sastre (Curé de 1970 à 1972) a été le deuxième Evêque de Lokossa.
-Enfin l’actuel Archevêque de Cotonou, précédemment premier Evêque de Dassa Zoumè a servi à Saint Michel de 1970 à 1973.
C’est un palmarès dont doivent s’honorer les fidèles paroissiens de Saint Michel.
A qui, a beaucoup reçu, on en demandera beaucoup.
Le Sacristain Michel :
Hercule et pionnier anonyme
PAR JOSEPH OGOUNCHI
Après le premier sacristain Pierre HOUESSINON l’un des premiers compagnons du Père fondateur Henri Poidevineau près de qui il jouait en plus de son rôle de sacristain, celui de chambrier, chauffeur, c’est Michel LIGAN qui prit la relève. Comme Samuel, il fut confié très tôt à son maître alors qu’il avait entre 10 et 12 ans pour apprendre la délicate mission de Sacristain. Michel LIGAN a appris aussi le métier de soudeur d’ustensiles et autres bricoles métalliques. Il abandonna d’ailleurs très vite cette profession pour mieux jouer sa partition dans l’édification de cette jeune et grande paroisse. Selon le témoignage de son épouse Thérèse qu’il a d’ailleurs rencontrée sur la Paroisse, Michel Ligan était comme une horloge programmée qui s’activait à l’heure juste. La journée commençait toujours à 4h avec l’allumage des cierges à l’Eglise, la préparation de l’autel, la mise en place pour la messe et les premiers et deuxième coups du grand clocher qui retentissait loin déjà à 5h et 5h30mn. Et sa journée se terminait très tard. La journée était bien répartie et tous les offices s’enchaînaient sans faille. Michel ne savait ni lire, ni écrire mais tout le programme tel dans un ordinateur se déroulait chronologiquement. Les grandes veillées, les messes de minuits, les célébrations spéciales se déroulaient à cette époque dans la cour, à l’emplacement de l’actuel calvaire, et Michel doté d’une force d’hercule sortait et faisait rentrer lui seul, tout seul, plus d’une cinquantaine de ces bancs lourds de l’église. Un travail de titan ! Michel N. Ligan était logé dans la paroisse (là où se trouve aujourd’hui l’immeuble à étage du presbytère) avec composée de quatre (4) filles et d’un (1) garçon. Le Seigneur récompensa ses bons et loyaux services en choisissant parmi sa progéniture, une de ses petites filles qui, après trois ans d’études universitaires en socio-anthropologie, s’est engagée comme servante dans la Congrégation des Sœurs Jésus Eucharistie au Monastère de Zinvié Zoumè.
Engagé sous le Père Poidevineau au début des années 40, sa carrière s’acheva sous le Curé Paul Gaspard René DAGNON vers la fin des années 80.
Michel Nounagnon Ligan, grand sacristain devant l’Eternel, a donc également joué sa partition en apportant sa pierre à la Paroisse Saint Michel pendant une quarantaine d’années.
Les Associations, force de la
Paroisse Saint-Michel
La Chorale Sainte Cécile à 75 ans
Aux côtés de la JOC pionnière, la Chorale Sainte Cécile se classe comme la première Association liturgique de la jeune et nouvelle Paroisse Saint-Michel. Voici son histoire rappelée par Lucien d’Assomption alors président d’honneur lors de la commémoration de son cinquantenaire le 17 décembre 1987.
Paroisse Saint Michel de Cotonou,
Berceau de l’ACF
La Jeunesse Ouvrière Catholique (JOC) a été transférée de Ouidah par le Père Poidevineau pour en faire le bras séculier de sa mission à Saint-Michel (Gbéto). Les membres JOC sont les premiers pionniers, les disciples appelés par le Père Poidevineau qui ont porté avec lui l’espoir de cette merveilleuse œuvre réalisée. Foi, conviction, courage, zèle, abnégation ont armé ses militants. Creuset de formation d’une jeunesse consciente de sa mission, de son rôle, la JOC reste et demeure l’un des maillons de la chaîne. Elle vit aujourd’hui à travers l’ACF. La JOC a eu comme présidents François AMETOOYONA, Antoine A. OGOUNCHI et Dominique AGOUMBA.
Septembre 1952, Nous sommes sur la paroisse Saint Michel de Cotonou. Les anciens militants de la Jeunesse Ouvrière Catholique (JOC), une fois mariés, devraient se retourner dans un autre mouvement pour poursuivre la formation reçue dans la JOC. Ils ont alors la lumineuse idée de fonder sur leur paroisse une nouvelle association regroupant les mariés qu’ils dénomment Association des foyers chrétiens. Parmi les anciens jocistes fondateurs du mouvement, on pouvait voir André Pognon, Antoine Ogounchi, François Ametooyona, Théophile Houessou auxquels se sont joints les ainés comme Germain Amoussou Adéblé, Hospice Hounkanrin, Michel Sossougloh, Raphaël Vigan et le doyen Côme Santana qui devient le président du groupe le 25 septembre 1952. C’est l’ébauche de ce qui sera plus tard l’Action Catholique des Familles.
Très tôt les membres s’organisent pour se soutenir mutuellement à travers des réunions périodiques de prières, d’échanges, de conseils mutuels, d’études et de recherches de solutions pouvant conduire à l’harmonie de leurs foyers. Les révérends Pères Poidevineau et Bregain les soutenaient de leurs prières et conseils.
En 1956, lorsque le groupe adopte le sigle ACF (Action Catholique des Familles), il comprenait déjà vingt (20) foyers. La même année le premier groupe de Porto-Novo est lancé. En 1957, le mouvement s’implante à Ouidah et à Calavi.
Le Bureau de l’ACF qui a fait déclarer officiellement le mouvement au niveau des pouvoirs publics le 21 novembre 1957 (voir journal officiel du DAHOMEY, n°2 du 15 janvier 1958), comprenait comme président François AMETOOYONA, vice-président Antoine AGOUNCHI, premier secrétaire Denis GONSALLO, deuxième secrétaire Bernard Akélé et trésorier général Cécil Dossou-yovo.
En 1958, les premières bases de l’ACF furent jetées dans les diocèses d’Abomey et de Parakou, en ce moment Cotonou connaissait sa première réorganisation en groupes paroissiaux.
En 1961, Monseigneur Adimou, alors prêtre aumônier national de l’ACF procède à l’implantation de l’ACF au Mono à partir d’Azovè.
Les 26 et 27 janvier 1963, l’ACF tient son premier congrès national qui décide d’une nouvelle réorganisation structurelle du mouvement en procédant à la fusion des unités ACF dans les paroisses en Fédérations au niveau des diocèses, coiffées par un Bureau National dirigé par un animateur national ; François Ametooyona devient le premier animateur national de l’ACF à ce congrès.
De 1963 à nos jours, que ce chemin parcouru ! L’ACF a connu dix congrès nationaux qui ont donné au mouvement sa structuration actuelle. L’ACF est aujourd’hui un mouvement apostolique regroupant les foyers catholiques en vue de leur formation, de leur développement et aussi de la préparation des jeunes au mariage,
Au moment où la paroisse St Michel fête ses soixante quinze (75) ans, l’ACF fête ses soixante (60) ans. Mais force est de constater que si l’ACF existe de nos jours dans les paroisses des diocèses de Cotonou, Porto-Novo, Lokossa, Abomey, Dassa, Parakou, Djougou, elle est pratiquement éteinte à Saint-Michel.
Nous sommes tous interpelés !
ATHANASE GOUHIZOUN
Liste des associations, groupes et mouvements
Chorales
Chorale Sainte Cécile
Chorale Aluwasio
Chorale Saint Vincent de Paul
Chorale Adjogan
Chorale Saint Augustin
Chorale Yoruba
Chorale Sainte Thérèse
Chorale N.D de l’Immaculée
Chorale Hanyé
Chorale Sexwenyon
Chorale les Saints Anges
Chorale N.D de Providence
Chorale Sainte Geneviève
Chorale N.D de Fatima
Associations et groupes de prières
Sainte Trinité Communauté Marie Reine de la Paix
Saint Antoine de Padoue Femmes Catholiques
Sainte Philomène N.D. de Montligeon
Sacré- Cœur Maitrise
Communauté Fraternelle Emmanuelle Enfants Vivants du Sacré-Cœur
Padre Pio Renouveau Charismatique
Saint Gérard de Jeunesse Paroissiale
Enfant de Sion Très Saint Sacrement
Feu Nouveau Amis de Saint Michel
Gethsémanie Saint Joseph
Marguillers Les Samuel
Renouveau des Anglophones Saints Archanges ( Michel, Raphael,
Gabriel)
N.D. du Rosaire Divine Miséricorde
N.D des Douleurs Cité de l’Immaculée
N.D des Victoires Légion de Marie
Amis de Marie Sainte Famille
Fraternité Fiat Les Lecteurs
Epiphanie ‘’ Groupement des Anciens et Notables de la Paroisse
N.D du Sacré- Cœur Saint Michel’’(Ganpasm)
Sainte Face Fanfare Saint Léon
La Paroisse Saint Michel aujourd’hui :
Dieu est toujours célébré
– Dans la Passion :
Les chemins de croix après les messes du matin (sauf dimanche et temps pascal), des vendredis à 12h45, du vendredi saint dans les rues de Cotonou
-Dans sa mort et sa résurrection :
A travers les messes quotidiennes du lundi au samedi
06h 00; 06h 55
08h 00; 10h 00
12h 00; 13h 00
17h 00; 19h 00 (sauf samedi)
-Au cours des messes dominicales et fêtes spéciales
Samedi ( anticipées) :
18h45; 20h 00 (Fon)
Dimanche :
07h 00 (Fon) ; 08h 15(enfants) ;
09h 15 (Anglais) ; 10h30 ; 12h 00 ;
17h 45 ; 19h 00 ; 20h 15 ;
-Dans les célébrations communautaires
Les Adorations, les récitations du chapelet, les bénédictions des femmes enceintes, les baptêmes, les aspersions.