Messe de rentrée académique à l’UCAO
Vendredi 20 novembre 2020.
Messe de rentrée académique à l’UCAO.
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Cette messe de rentrée académique qui nous réunit ce matin est pour nous l’occasion de bénir le Seigneur et de lui confier la nouvelle année académique qui s’ouvre pour notre Unité Universitaire de Cotonou. Dieu est le seul Maître de la vie en qui prennent sources nos activités : le mouvement, l’être et la vie.
C’est pour cela, qu’au début de cette nouvelle année académique, nous venons nous confier à Lui pour implorer sa bénédiction sur tout ce qui va s’accomplir cette année au sein de notre université. Puisse ses grâces se répandre en abondance sur chacun de vous et féconder vos efforts tout au long de la nouvelle année.
C’est l’occasion pour moi de souhaiter officiellement la bienvenue au nouveau Président de notre Unité Universitaire, le Père Modeste SOME, qui nous vient du Burkina Faso. Merci Père Modeste d’avoir accepté de rendre généreusement ce service d’Eglise malgré tout ce que cela vous coûte, vu les nombreux défis à relever. Puisse le Seigneur vous donner la grâce d’accomplir cette mission avec sagesse, dextérité et délicatesse. Je souhaite également la bienvenue au nouveau Secrétaire Général (le Père Alain DOSSEH) et au nouveau Directeur des Affaires financières (M Félicien HOSSOU), tous du Bénin. Merci à vous également d’avoir accepté de donner le meilleur de vous-mêmes pour relever ensemble les défis de notre université. Puisse le Seigneur vous assister de son Esprit aux multiples dons.
A vous tous, professeurs, membres du personnel et étudiants, je souhaite une bonne et fructueuse année académique sous la conduite de l’Esprit Saint. C’est en effet, sous la conduite de l’Esprit Saint, l’âme de l’Eglise, que notre archidiocèse a voulu placer toute l’action pastorale de cette année, dans le but d’être une Eglise plus responsable, structurée et harmonieuse. C’est dire que notre conversion à l’Esprit est toujours déterminante pour une Eglise mûre et responsable. C’est dans le but de susciter en nous cette responsabilité que les pages de l’Ecriture proposées à notre méditation ce jour semblent nous interpeller.
D’abord, la première lecture attire notre attention sur la mission prophétique confiée à Jean l’envoyé de Dieu, auprès de son peuple. Jean est chargé d’annoncer à « un grand nombre de peuples, de nations, de langues et de rois » un message prophétique, susceptible d’opérer des transformations radicales auprès des destinataires. Le message prophétique vise toujours en effet au renouvellement des hommes, les faisant passer de la voie de perdition au chemin du salut. C’est de cette mission capitale et délicate que le prophète est chargé mais cela ne peut s’accomplir effectivement qu’à trois conditions :
- Nécessité d’accueillir la parole qui lui est révélée comme Parole de Dieu: l’apôtre Jean est conscient que le livre reçu de l’ange est la Parole de Dieu dont il est chargé d’être le messager. La Parole dont il est le porte-parole n’est donc pas la sienne propre mais elle est de Dieu et doit être accueillie comme telle, dans la foi, pour véritablement porter ses fruits. Le vrai prophète ne peut donc rien changer à la Parole de Dieu qui lui est révélée mais il a le devoir, voire l’obligation de l’annoncer telle qu’il l’a reçue, dans toute sa vérité. C’est seulement dans cette mesure que la Parole de Dieu peut être source de libération et porter tous ses fruits dans la vie des hommes.
- La deuxième condition pour que la Parole révélée par Dieu porte ses fruits est qu’elle soit assimilée, profondément enracinée dans la vie du prophète avant d’être annoncée. C’est cette nécessité d’assimilation de la parole qui est exprimée par l’ordre donnée par l’ange à l’apôtre Jean : « Prends, et dévore-le, il remplira tes entrailles d’amertume, mais dans ta bouche, il sera doux comme le miel». C’est dire que la Parole de Dieu, pour produire les effets escomptés, a besoin d’être mâchée ruminée et assimilée. C’est en cela qu’elle peut renouveler l’être et le conduire véritablement sur le chemin du salut. C’est dire que le prophète est le premier converti à la Parole de Dieu avant d’être le messager, un messager crédible.
- Mais pour que ce salut soit effectif, il faut une troisième condition : le témoignage rendu par le messager de Dieu. Le messager de Dieu est en effet appelé à faire entendre la Parole aux destinataires dans toute sa vérité. Il s’agit pour lui d’éviter toute compromission dans l’annonce de la Parole. L’amertume ressentie par le messager de Dieu dans ses entrailles lors de la manducation du petit livre est le signe des exigences liées à la Parole de Dieu, lesquelles ne s’accordent pas toujours avec les facilités de la vie. Quelque dure que puisse paraître la Parole à faire entendre, le prophète ne saurait se taire. Il a l’obligation de parler pour faire droit à la vérité de la Parole. C’est à cette condition que la Parole pourra permettre à ses destinataires d’être réellement convertis à Dieu.
Chers étudiants et chercheurs, cette mission assignée au prophète est bien la vôtre ! Vous êtes appelés au nom de notre foi catholique à être des prophètes pour nos sociétés d’Afrique. Les études que vous faites ici à l’UCAO doivent vous habiliter à être des prophètes dont les paroles et les actions aident nos sociétés à se mettre debout sur la voie du salut. La devise de l’UCAO – Foi, Science et Action – indique bien dans quel sens vous devez être des prophètes dont nos sociétés d’aujourd’hui ont besoin.
D’abord, par la foi vous accueillerez les domaines de vos études (le droit, la gestion, l’agronomie, etc.) comme le livre de vie où le Seigneur vous révèle sa Parole. C’est dire qu’à travers les études que vous faites, vous répondez à un appel particulier que le Seigneur vous lance pour réaliser une mission déterminée dans le monde. Plus vous essayez de répondre à cette mission divine, plus vous permettez à la Parole de Dieu de prendre corps en vous et de réaliser ainsi votre vocation d’homme dans la société.
C’est dans la mesure où chacun arrive à réaliser sa mission selon l’appel reçu qu’il peut être heureux, du fait de participer (comme le Dieu Créateur) à la transformation de ce monde. Le plan de Dieu est que chaque homme, créé à son image et à sa ressemblance, parvienne à être un co-créateur par le travail qu’il accomplit. Devenir un ingénieur, un agronome, un gestionnaire, un avocat bien formés, c’est donc s’inscrire dans le plan du Créateur et œuvrer pour une bonne gestion de la création.
Par la science (deuxième élément majeur de votre devise), vous vous engagez à vous laisser bien former afin de devenir pour nos sociétés des leaders, de vrais bâtisseurs d’une Afrique nouvelle. Le temps des études correspond à la période où il faut, comme le prophète, ruminer, mâcher, assimiler la Parole de Dieu inscrite dans votre vocation d’homme (le domaine spécifique de vos études), de manière à pouvoir bien vous préparer pour assumer efficacement votre mission dans la société.
Plus vous vous donnez aux études, en acceptant de vous plier à leurs exigences, y compris toute l’ascèse y afférente, plus vous vous déterminez à jouer efficacement votre rôle de prophète dans nos sociétés. Puissiez-vous, tout au long de vos études vous rendre dociles à l’Esprit du Seigneur, de façon à pouvoir bien vous former intellectuellement et accomplir efficacement la mission que Dieu vous assigne dans le monde.
Enfin par l’action, vous entendez, par les études faites à l’UCAO, devenir des hommes d’action engagés pour une réelle transformation de nos sociétés. Les études faites à l’UCAO ne visent pas seulement à vous former intellectuellement (avec l’acquisition des titres et diplômes) mais surtout à faire de vous de vrais bâtisseurs de sociétés nouvelles où règnent la justice, la paix, l’unité et l’épanouissement de l’homme.
C’est dire que de vos études faites à l’UCAO dépend aussi le relèvement de l’homme africain grâce à l’efficacité de l’action que vous aurez à mener dans nos sociétés. Tout le Bénin, voire l’Afrique compte sur vous. N’hésitez donc pas à donner le meilleur de vous-mêmes, en visant toujours l’excellence pour relever les défis qui vous attendent.
Il est entendu que cette mission délicate ne pourra véritablement s’accomplir que dans la mesure où chacun aura adopté l’attitude fondamentale que Jésus semble recommander dans la page d’évangile de ce jour, à savoir : faire de nos vies la demeure de Dieu, c’est-à-dire un lieu de prière.
Faire de nos vies un lieu de prière, c’est reconnaître la place prépondérante de la prière dans notre vie chrétienne. Nous ne saurions être chrétiens et avoir une vie déconnectée de la prière. Autrement, notre vie tourne à vide. Nous avons beau nous former intellectuellement et acquérir les plus grands diplômes, sans la prière, nous demeurons des hommes superficiels, incapables d’aller en profondeur dans la compréhension des réalités de la vie. De fait, seuls ceux qui communient à la vie de Dieu par une vie de prière conséquente, sont capables de lire et de comprendre les réalités de la vie à la lumière de leur foi.
C’est pour moi, l’occasion de lancer un appel solennel, à chacun de vous, chers étudiants et chercheurs, pour une redynamisation de votre vie spirituelle : aimez la prière et mettez la prière au centre de vos activités la prière, de façon à pouvoir transcender, voire spiritualiser tout ce qui tend à vous tirer vers ce bas-monde, tout ce qui nous éloigne du plan de Dieu.
En cette année où nous sommes invités dans notre diocèse à nous mettre « sous la conduite de l’Esprit Saint » demandons au Seigneur la grâce de la conversion, afin que touchés par l’Esprit de Dieu et, dociles à son souffle, vous puissiez œuvrer pour votre propre conversion et vous engager résolument à aider notre unité universitaire à répondre fidèlement à sa mission. Puisse le Seigneur vous en accorder la grâce, Lui qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen !