Homélie Dimanche des Rameaux
Dimanche 13 avril 2025 à Zogbo : Dimanche des Rameaux
Textes : Ph 2 6-11 ; Ps 21 (22); Ph 2 6-11 ; Lc 22, 14 – 23, 56
Chers frères et sœurs dans le Christ,
Nous voici au début de la Semaine Sainte qui s’ouvre avec ce Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur. Contrairement à nos habitudes, j’ai demandé qu’à partir de cette année, nous fassions preuve de modération dans l’usage des rameaux. C’est un signal que nous voulons donner pour sensibiliser au respect de la Création. Au-delà du geste symbolique d’aujourd’hui, soyons attentifs à la sauvegarde de la création que Dieu nous a confiée : ce n’est pas seulement une préoccupation écologique. C’est un acte de foi.
Je suis donc heureux d’être au milieu de vous pour vous saluer, vous encourager, vous confirmer dans la foi et prendre des nouvelles de votre communauté. C’est aussi pour moi l’occasion de visiter et de saluer vos prêtres : je n’en avais pas encore eu l’occasion depuis l’installation de la nouvelle équipe sacerdotale. Mes chers pères, que saint Jean Bosco continue de vous inspirer, afin que vous puissiez transmettre l’amour du Christ à tous, surtout aux jeunes. Merci également aux sœurs salésiennes, ainsi qu’aux religieux et religieuses des autres instituts qui exercent un apostolat ici. Je salue enfin les familles, les groupes et associations et vous tous, fidèles de cette paroisse. En parlant à tous, c’est à chacun personnellement je voudrais adresser une parole d’encouragement, afin que vous puissiez persévérer dans la foi et la charité véritables. C’est d’ailleurs ce à quoi nous invitent les textes de ce jour.
Vu la longueur des textes proposés aujourd’hui, la liturgie recommande une très brève prédication. Aussi voudrais-je vous proposer de méditer les paroles de la deuxième lecture qui résume bien le mystère pascal du Christ. La clé pour comprendre la souffrance du Christ et son abaissement volontaire, c’est son amour envers le Père et envers les hommes. C’est au nom de cet amour sans limite que Lui, Jésus, « ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. »
En écoutant l’émouvant récit de la Passion, nous nous rendons compte d’une chose : l’évangile insiste sur la liberté de Jésus et son entière adhésion à la volonté du Père de sauver les hommes. Il est donc clair que Dieu le Père ne doit pas être regardé comme un dieu sanguinaire qui aurait réclamé le sang de son fils avant de pardonner le péché des humains. Bien au contraire, Il est le Dieu qui a tellement aimé le monde qu’il n’a pas épargné son propre Fils pour sauver l’homme. Ainsi, la croix de Jésus est une image de ce qu’aurait pu être le sort de l’homme pécheur devant la justice de Dieu. C’est ce que symbolisent ces paroles du Christ : « Si l’on traite ainsi l’arbre vert, qu’en sera-t-il de l’arbre sec ? » Et pourtant, Dieu proclame comme sentence la miséricorde pour l’arbre sec que nous sommes quand Jésus dit : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Ainsi donc, la Passion de Jésus, loin d’être une souffrance inutile ou un échec, est plutôt une véritable « théophanie, » lieu de révélation du Dieu d’amour, par son Fils qui s’est fait « obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. » C’est pourquoi Dieu a exalté son Fils, « afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père. » Voilà le sens profond du mystère de la Passion que nous célébrons aujourd’hui. Quelles résolutions pourrions-nous prendre comme fruit de ce mystère que nous méditons aujourd’hui ?
Si nous avons bien compris que seul l’amour explique le mystère d’un Dieu qui accepte la souffrance et la mort pour notre salut, notre réponse doit être un amour plus grand envers ce Dieu et une vie de charité plus intense envers le prochain. Oui, le vrai chrétien se distingue par ces deux attitudes : la passion pour Dieu et la charité envers le prochain. Et cette charité commence déjà dans nos maisons.
Entre les époux, que cette charité se manifeste par la douceur, le respect mutuel, la prière commune, le partage des joies et des peines. Entre frères et sœurs, qu’elle s’exprime par la patience, l’entraide et la marche commune dans les vertus chrétiennes. Dans nos groupes et mouvements paroissiaux, que l’amour se manifeste par la solidarité, l’humilité dans les relations et l’effacement dans le service. J’encourage de façon particulière la participation de tous aux activités des Communautés Ecclésiales de Base (CEB), lieux où l’amour fraternel est approfondi et vécu. Un chrétien qui ne fréquente pas sa CEB n’est pas un bon chrétien, car c’est là que nous apprenons davantage et vivons la prière, la méditation de la Parole de Dieu et la vie fraternelle. Qui croira au Dieu d’amour si ceux qui l’annoncent ne s’efforcent pas de vivre selon l’amour de Dieu ?
Voilà pourquoi je vous confie tous à l’intercession de Saint Antoine de Padoue votre saint Patron et de la Vierge Marie. Qu’ils vous obtiennent la grâce de mûrir davantage dans l’amour de Dieu et du prochain, afin que la Passion du Christ célébrée avec foi, produise ses fruits dans votre vie et la transforme. Que le Christ lui-même vous en accorde la grâce, Lui qui vit et règne, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.