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Biographie de Monseigneur Louis PARISOT.

Monseigneur Louis Parisot est né le 11 juillet 1885 à Brognon en France. Un jour, au mois d’octobre 1897, jour de la rentrée au Petit Séminaire, il répond à l’un des formateurs :« Je m’appelle Parisot, je suis de Brognon, je veux être missionnaire ». Au terme de sa formation au grand séminaire de Lyon, il est ordonné prêtre le 17 octobre 1909. Quelques jours plus tard, il quitte Marseille et entame son aventure missionnaire vers le Dahomey. Une fois au port de Lomé, dernière escale avant le débarquement à Cotonou, le Père Louis Parisot salue d’un cri d’amour la terre promise en ces termes :

«Demain le Dahomey comptera un apôtre de plus. O terre promise, je te salue de loin, je te salue d’un cri d’amour. (…) Je t’apporte, va, tout mon cœur, tout mon zèle, toutes mes forces ; je t’apporte ma vie et peut-être aussi mes os. Sois bénie, terre dont je suis l’apôtre, terre que je baignerai de mes sueurs, de mes larmes, de mon sang peut-être. Sois douce à mes douleurs, sois féconde à mes peines ; je t’aimerai comme j’aimais la France…Puissé-je cueillir un peu de fleurs sur tes sentiers, fleurs de joies saintes et pures ; puissé-je y cueillir beaucoup d’épis. Que ma gerbe soit lourde à l’heure où la mort me jettera devant l’Eternel…Mais, Seigneur, je vous demande trop ; je suis un instrument, rien que cela dans vos mains. Faites-en l’usage que bon vous semble. Brisez-le s’il vous plaît, dans sa force et son éclat. Peu importe. Que votre volonté soit faite et que votre règne arrive ! Le sacrifice tout simple de ma vie peut vous suffire. Je le fais. Quand bien même je mourrais avant la récolte, l’offrande de ma vie sera à vos yeux plus belle que toutes les moissons ».

Le lendemain, 26 janvier 1910, le Stamboul jette l’ancre au large de Cotonou. La région du fleuve Mono fut son premier champ d’apostolat. Il eut pour Lokossa, et ce dès le début, un amour de prédilection, une sorte de coup de foudre ; …une option préférentielle. Il la manifeste tout au long de son ministère à l’endroit des plus abandonnés aux forces de la nature et du mal, pour les petits, les humbles, les pauvres, préférence qui ira en s’accentuant avec l’expérience qu’il aura des hommes et des choses.

Brusquement, en mars 1912, et pour une période assez longue, Louis Parisot est rappelé en France. Nommé à Lyon, au Grand Séminaire des Missions Africaines, il sera de 1912 à 1914, économe et professeur d’Ecriture Sainte. Pendant ce temps, le Vicaire Apostolique, Mgr Steinmetz, avait déjà jeté les bases d’un séminaire indigène. La relance de cette œuvre fondamentale coïncidait avec le retour au Dahomey du Père Louis Parisot qui confie : « J’arrivai, le 20 avril 1920, au séminaire où Lucien Hounongbé, casé au cours complémentaire, m’attendait depuis six mois ; les autres : Gabriel Kitti, Thomas Mouléro, Dominique Adéyèmi, depuis plusieurs semaines. » Il était en effet nommé supérieur du Séminaire Sainte Jeanne d’Arc de Ouidah. En 1925, le Père Louis Parisot rentre en congé à Vichy pour y entretenir ce qu’il appelle un peu vite « sa robuste santé ». Puis en octobre 1929, il retourne dans son petit Brognon natal. Le 12 novembre 1930, il s’embarque sur le « Madonna » et le 30 novembre 1930, le Père Parisot se retrouve enfin sur le warf de Cotonou. Il regagne aussitôt Ouidah, où il est maintenu supérieur du séminaire.

Cinq ans plus tard, soit le 28 octobre 1935, dans la cathédrale Saint Bénigne de Dijon, le Père Louis Parisot reçoit le sacre épiscopal des mains de Mgr Petit de Julleville, évêque de Dijon, assisté de Mgr Cessou, Vicaire Apostolique du Togo, et de Mgr Bruhnes, évêque de Montpellier. Fin janvier, il s’embarque sur le Hoggar. Le 14 février 1936, le Hoggar jetait l’ancre au large du port de Cotonou. En 1936, quand Mgr Parisot reçoit la charge de ce vaste Vicariat, entre Savè et Niamey (800km), aucune mission n’est encore fondée. Le Vicariat Apostolique du Dahomey comprenait non seulement le Bénin d’aujourd’hui mais aussi et dans la même proportion (112.000 km²) une partie du Niger et de la Haute-Volta aujourd’hui Burkina Faso, jusqu’au 14e degré de latitude-nord. Sobre même jusque dans ses moyens de déplacement ; c’est à moto, voire même à vélo que, tant qu’il en eut la force, il visitait son Vicariat.

En 1948, reprenant un vieux projet de Mgr « Daga » vers 1930, il fonde avec de modestes moyens au départ, le collège Père Aupiais, pour les garçons. Il se voulait, avant tout, promoteur de la foi au milieu de son peuple. Lui qui avait l’âme d’un pédagogue, eut constamment à cœur, l’éducation de la foi des élèves ou collégiens. De même, pour former de bons maîtres, il appelle des spécialistes (les Frères des Ecoles Chrétiennes) pour, le Cours Normal Mgr Steinmetz, fondé à Bohicon en 1954 par le Père P. Trichet. Dans le même ordre d’idées, il y a la part largement donnée à la femme africaine dans ce travail de promotion, d’émancipation. Deux cours secondaires de filles : Cours Notre-Dame des Apôtres à Cotonou en 1946 et le Cours Jeanne d’Arc à Abomey en 1960. A côté, il crée un centre d’Enseignement Ménager. De fait, en 1935, année de son sacre, le Dahomey comptait 20 écoles catholiques, pour 120 maîtres ou maîtresses et environ 5.000 élèves ; en 1960, année de son décès, on y enregistrait 203 écoles, comptant 823 enseignants pour 37.546 élèves (dont 11.342 filles).

Sa lettre pastorale sur l’action catholique exprime son souci pour les œuvres sociales (Centre ménager, Ecole professionnelle Saint Michel de Cotonou, Ferme-Ecole d’Adjarra –Dévoukanmè, J.O.C. ou Scouts et leurs micro-réalisations…) pour lutter contre la désertion des campagnes et le chômage des jeunes. Dans une autre lettre pastorale (1959), il instituait officiellement le « Secours Catholique ».

Par ailleurs, à travers la promotion des laïcs et de la presse, il voulait préparer les responsables de demain. « C’est là, disait-il à propos du journal « La Croix Du Dahomey » (qui était publié, dès la fin de la guerre, sous la direction du Père Caër), faire œuvre d’apostolat et d’un apostolat urgent des élites. On est, pour les idées, l’homme de son journal ». D’abord petit bulletin de 6 pages en 1946, il paraissait sur 24 pages dix ans plus tard. En 1960, à la mort de Mgr PARISOT, il tirait à 4.000 exemplaires. Tout ce travail de formation, de promotion porta des fruits en abondance : en 1935, les catholiques étaient 44.000 ; ils étaient 230.000 en 1959. Certes, le fait que l’expansion missionnaire se soit trouvée parallèle à l’expansion coloniale, et même souvent en interférence, ne faciliterait point sa tâche de chef.

 En octobre 1954, Rome de son côté érige le Vicariat Apostolique de Porto-Novo, mais sans nommer de titulaire. Le 15 mars 1955, le Saint-Siège le confirme dans la charge d’administrateur apostolique du Vicariat de Porto-Novo. Quelques mois plus tard, soit le 23 février 1956, il est intronisé Archevêque de Cotonou dans l’église Notre-Dame des Miséricordes, désormais cathédrale, par le Doyen du Sacré-Collège, le Cardinal Eugène Tisserant. Mais le vendredi 24 août, il se fracture le tibia de la jambe droite, et c’est sur un lit d’hôpital, à Porto-Novo, qu’il commence son mandat d’Archevêque.

Pour ce qui concerne la grotte de Dassa-Zoumè, il conseilla au Père Germain Boucheix qui rêvait d’ériger une grande croix au sommet de la montagne royale Arigbo, d’aménager plutôt dans ses flancs, une grotte à Notre-Dame de Lourdes. Le Père s’empressa de réaliser un souhait si clairvoyant et le 11 février 1954, le magnifique sanctuaire de Notre-Dame d’Arigbo fut solennellement béni. Ainsi, Dassa-Zoumè est devenu le sanctuaire national du Bénin, son haut-lieu de prière, grâce à l’inspiration du cœur marial de Mgr Louis Parisot.

La fin de sa vie fut marquée, d’une part, par de grandes joies, le sacre de Mgr Bernardin Gantin en février 1957 et l’ordination de 7 prêtres, dont 2 à Rome. De son vivant, 49 prêtres dahoméens sont montés à l’autel, lui-même en a ordonné trente. Ces prêtres, il les voulait saints : « La sanctification sacerdotale, écrivait-il en 1959, apparait plus urgente que jamais de nos jours où le vertigineux développement de l’activité pastorale requiert une vie intérieure robuste, une vertu solide, à toute épreuve ».

D’autre part, les trois dernières années ne furent plus, pour lui-même, qu’une longue souffrance. En route pour Parakou, où il devait introniser le nouveau Préfet Apostolique, Mgr R. Chopard, il tomba brusquement malade à Dassa-Zoumè, le 2 février 1957, la veille même du jour où son auxiliaire, Bernardin Gantin, allait recevoir à Rome la consécration épiscopale. Malgré des efforts surhumains, il souffrait plus que jamais…Et au soir du jour même de Pâques, le 21 avril 1957, il se résigne à prendre l’avion pour Paris. Il est hospitalisé, dès le lendemain, à la clinique St Joseph de Paris. Une fois encore, il s’en tire, au bout d’un mois, grâce à un nouveau traitement aux hormones. Il se rend à Lourdes, pour demander à la Vierge Marie la santé « suffisamment pour retourner au Dahomey et dépenser mes dernières forces au service de Dieu et des âmes ». Il est de retour à Cotonou le 17 janvier 1958.

Etroitement secondé par son Auxiliaire, il abusa d’une santé vacillante, s’imposant encore de pénibles tournées de brousse dans les premiers mois de 1959 jusqu’à ce qu’une crise d’urémie se déclare dans la nuit du 28 au 29 septembre ; le 13 octobre, il est hospitalisé à Porto-Novo. Le 23 octobre, le ministre français de la Coopération vint à son chevet le décorer « Officier de la Légion d’honneur ». En décembre, le docteur d’Assomption Antoine diagnostiqua un cancer et finit par le dire à son malade. Le choc l’ébranla jusqu’aux larmes ; puis retrouvant la paix, il envoya à Rome une lettre de démission. Le 5 janvier 1960, Rome lui répond, ratifiant sa démission et nomme Mgr Gantin Administrateur Apostolique. Puis, par une bulle en date du 15 janvier 1960, le Pape Jean XXIII fait de Bernardin Gantin archevêque de Cotonou. Il sera intronisé trois mois plus tard, du vivant même de Mgr Parisot, qui verra donc son œuvre parfaitement achevée.

A la fin du mois de janvier, Mgr Parisot adresse à tous, sur les antennes de la radio, son message d’adieu. « Je voudrais vous faire une suprême recommandation, une sorte de testament spirituel, exprimé dans quelques mots, à la façon de vos proverbes si pleins de sagesse : « In necessariis unitas ! In dubiis libertas ! In omnibus caritas ! » » Ce qui veut dire : Dans les choses nécessaires, faisons l’unité entre nous par l’unanimité de nos esprits et de nos cœurs ; dans les choses douteuses, incertaines, laissons à chacun sa liberté d’opinion ; en toutes choses, pratiquons entre nous la charité. « Je prie Dieu…et Le prierai au-delà de la tombe, pour qu’il entretienne ou fasse renaître en vous tous, cette ferme volonté assurée dans le bien qui est le critère de la dignité d’un homme et aussi de la dignité d’un peuple ». 

Durant toute la nuit du lundi au mardi de pâques il a, de son propre aveu, terriblement souffert. Le mardi soir, un léger mieux survint…Au jeune Archevêque, rappelé précipitamment d’Abomey, il précisa ses dernières volontés : il désirait être inhumé au grand séminaire. Il refusait tout panégyrique. Le 25 avril 1960, à 1h du matin, s’éteignait au grand Séminaire Saint-Gall de Ouidah le premier Archevêque de Cotonou, Son Excellence Monseigneur Louis Parisot. Voici ce que rapporte Monseigneur Gantin sur ces dernières heures. « L’après-midi de mercredi nous remplit d’inquiétude…A minuit, je lui fis une dernière visite…Le supérieur du séminaire le veillait, avec une religieuse et le Père Clarisse. Remonté dans ma chambre pour un peu de repos, je ne dus, hélas ! redescendre à 1 heure 25, sur un signe du Père Carret, que pour m’agenouiller devant la dépouille mortelle du cher et vénéré Père…Les dernières paroles que le Père Clarisse crut recueillir sur ses lèvres furent celles-ci : ITE, MISSA EST…ALLELUIA ! ALLELUIA ! Elle est précieuse aux yeux du Seigneur cette mort que la providence a placée dans la semaine de Pâques. Mourir ainsi, c’est partir en Dieu avec le Christ ressuscité ».

Ses obsèques sont célébrées à la Basilique Immaculée Conception de Ouidah, le samedi suivant en présence du gouvernement et du Délégué Apostolique pour l’Afrique Occidentale. En trois mots son épitaphe sera : « CRUX, HOSTIA, VIRGO » La Croix, l’Hostie, La Vierge.

Extrait de La Bonne-Nouvelle est annoncée aux pauvres : Monseigneur Louis Parisot (1885-1960), Premier Archevêque de Cotonou, Père du Bénin Chrétien, Paul-Henry Dupuis, Sma.

Armoiries et devise de Monseigneur Louis PARISOT.

 

Monseigneur Louis Parisot choisit un blason « d’azur à l’évangéliaire rayonnant sur trois palmiers d’argent ».

D’azur, pour la Vierge Marie

L’évangéliaire est frappé d’un seul mot : LUC ;

Les 3 palmiers, c’est l’Afrique, singulièrement le Dahomey, le Bénin d’aujourd’hui, dont le palmier-à-huile est la grande richesse naturelle, ce palmier qui est un si beau symbole d’épanouissement, de développement par en haut.

Ce blason surmonte une devise qui résume Saint Luc et toute la mission de l’apôtre : EVANGELIZARE PAUPERIBUS (annoncer la Bonne nouvelle aux pauvres). Ces deux mots sont bien dans la droite ligne de toute sa vie ; deux mots que Jésus donne comme le signe de sa mission : « La bonne nouvelle est annoncée aux pauvres… » (Luc 7,22) ; deux mots qui, désormais, rediront au nouveau Vicaire Apostolique du Dahomey toute la signification de son sacre : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, POUR PORTER LA BONNE NOUVELLE AUX PAUVRES ». (Luc 4, 28)

Luc, c’est le non-juif, l’étranger, le converti qui relate l’histoire des premières grandes conversions, l’éclosion des premières Eglises « étrangères », œuvre de l’Esprit.

Luc, c’est la parole de Dieu donnée aux petits, aux pauvres, aux plus abandonnés.

Luc, c’est le pardon, la bonté, la miséricorde …l’enfant prodigue, et Zachée et le bon larron.

Luc, c’est la lumière, la joie, la prière… »Gloria in excelsis…Magnificat…Benedictus…Nunc dimittis… »

Luc, c’est la Vierge Marie, la servante du Seigneur à Nazareth, la maman de Bethléem ; la mère de l’Eglise naissante de Jérusalem.

Extrait de La Bonne-Nouvelle est annoncée aux pauvres : Monseigneur Louis Parisot (1885-1960), Premier Archevêque de Cotonou, Père du Bénin Chrétien, Paul-Henry Dupuis, Sma.