Biographie de Monseigneur Isidore De SOUZA.
Né à Ouidah le 04 avril 1934 d’Estève de Souza et de Françoise Nagbo, Isidore de Souza fut baptisé à la Basilique de l’Immaculée Conception de Ouidah le 15 avril 1934 quelques temps après la création de la léproserie de cette ville en 1935. Environs deux années après sa naissance, en décembre 1936, son frère aîné, l’Abbé Sébastien de Souza décède. Mais avant sa mort, il aurait ainsi prophétisé : « Mon frère Benjamin me remplacera ». Grandissant dans l’âge et après avoir suivi ses cours de Catéchisme, Isidore de Souza recevra sa première communion le 15 novembre 1942 et la confirmation un mois après c’est-à-dire le 15 décembre de la même année. Le petit Isidore a fréquenté l’école de la Mission dont le Curé, le Père Théophile Blin était un grand éveilleur de vocations. Alors qu’il n’avait que 10 ans, Isidore va connaître l’épreuve de la perte de son papa en 1944, et vers la fin de cette année c’est-à-dire en décembre, le guide du Catéchiste sera créé. Discerna sa vocation à l’âge de 12 ans, Isidore de Souza entre au pré-séminaire de Ouidah en 1946. Pour son entrée au Séminaire, le petit Isidore était accompagné de sa mère. Celle-ci le confia à l’Abbé Lucien Monsi Agboka et s’était retourné en pleurs, certainement en souvenir du fils aîné qui repose dans ce cimetière. La même année, paru le 1er numéro de la Croix au Dahomey. Ayant franchi les six années du cours primaire, Isidore de Souza décroche son CEPE en 1948 et cinq ans après en 1953, son BEPC. En 1955, à l’âge de 21 ans, il réussit à passer l’épreuve de la première partie de son Baccalauréat. La même année sera érigé l’Archidiocèse de Cotonou et le diocèse de Porto-Novo. En 1956, le jeune-homme réussit la 2ième partie de son Bac.
Plus que quelques mois, et Isidore de Souza fera sa prise de soutane en mars 1957, quelques semaines après l’ordination épiscopale du 1er évêque Dahoméen, le futur Cardinal Bernardin Gantin (03 février 1957). Deux ans après, en 1959, il fit son entrée en cléricature. Trois ans après, le 08 juillet 1962, il sera ordonné prêtre à Ouidah et sera accueilli au Concile Vatican II. Pendant 03 ans, il poursuivit ses études supérieures à Rome. Cette présence à Rome durant le Concile, marquera profondément sa vision ecclésiale et son futur ministère pastoral. Juste une année après son ordination, il obtint sa Licence en Théologie. Deux ans plus tard, il acquiert sa Licence en Exégèse biblique à l’Institut Biblique de Rome. De retour au bercail, il sera professeur au petit et grand séminaires de Ouidah. Le jeune professeur dès lors, enseigna le Latin et le Grec au petit séminaire de même que l’apologétique et l’introduction à la spiritualité biblique au grand séminaire. Juste après l’inauguration de l’Institut Supérieur de Culture Religieuse (ISCR), l’Abbé Isidore de Souza deviendra professeur missionnaire dans cet Institut de 1969 à 1971. Dans cet intervalle, il sera nommé Vicaire Général et en même temps directeur du centre catéchétique de Ouidah. Dès lors, il participera au Congrès sur la Catéchèse à Rome et à un autre à Jérusalem sur la Bible et l’Afrique noire du 24 au 27 avril 1972 et animera une communication sur la Bible et la culture africaine.
Pendant 10 ans, de 1971 à 1981, il assumera le rôle de Directeur et Recteur à Abidjan en Côte d’Ivoire. Il y enseigne la Bible, la mentalité africaine, l’Histoire de la catéchèse et l’Hébreu biblique. En 1973, il devint membre de la Commission internationale de catéchèse à Rome et œuvre au cours de la même année, à la création de la Revue de l’ISCR, Savane-Forêts. Alors qu’il est nommé Directeur de l’ISCR, il s’inscrit en Faculté de droit civil de l’Université d’Abidjan à la rentrée 1975-1976. De là, il obtint une maitrise en Droit Civil. Le 31 mars 1977, le Père Isidore de Souza participe à une conférence à l’Institut Catholique de Paris. Là, il va animer une communication sur le thème « Et si l’Afrique évangélisait l’Europe ». Cette même année, il devient un Expert au synode romain sur la catéchèse. Défenseur de l’Inculturation et d’un Christianisme africain, le Directeur de l’ISCR/ICAO publie des articles dans des revues comme Spiritus, Savane-Forêts, Telema, Calao, Peuples du monde, etc. Il anime aussi des sessions, des conférences sur la catéchèse et l’inculturation à travers le monde dont la France, la Côte d’Ivoire, le Canada, et la Nouvelle Calédonie. Le 08 décembre 1981, aura lieu son ordination épiscopale au Fort-Français de Ouidah. Le lieu fut choisi à dessein : jeune séminariste, pendant les vacances, il avait joué sur ces lieux une pièce théâtrale avec des filles, ce qui a failli le faire renvoyer du séminaire. Au cours de cette année, le Bénin célèbre le jubilé des 120 ans de l’évangélisation du Bénin et le 17 février 1982, le Pape fera une visite au Bénin.
De 1981 à 1991, l’Abbé Isidore de Souza sera Archevêque coadjuteur. Il profite de ce moment pour rédiger son testament le 1er avril 1984. Vers la fin de ce mois, du 28 au 30 avril 1984, il prit part à un Congrès sur la mission de l’Eglise à Lisieux (Paris). A cette rencontre, il dirige une communication sur le thème « La mission aujourd’hui pour demain ». L’Archevêque coadjuteur sera supplée en 1986 comme Evêque-recteur intérimaire au grand séminaire Saint-Gall et plus tard comme Evêque-curé à la paroisse Sainte Rita de Cotonou. Au cours de cette année jusqu’en 1992, il devint membre de la Commission spéciale de rédaction su Catéchisme de l’Eglise Catholique et en même temps membre fondateur et responsable du Service Diocésain de Développement et d’Actions Caritatives (SDDAC). De 1990 à 1993, le prélat va jouer le rôle de Président du Haut Conseil de la République (HCR) et en même temps celui de Co-fondateur et président d’honneur d’AGETUR jusqu’en 1999. Il sera sollicité à travers le monde dont la France, les Etats-Unis, le Canada, le Tchad, la Suède, le Maroc etc. pour rendre compte de l’expérience démocratique du Bénin. Le 2 février 1991, il a pris possession au siège métropolitain de Cotonou. Au cours de son intronisation, il lance une Journée nationale de réconciliation pour le 13 février 1991. De même, il met le diocèse en état de mission, reprend les écoles catholiques et œuvre pour la création de diverses œuvres sociales dont les hôpitaux, les centres d’apprentissages, etc.
Du 4 au 6 février 1991, il participe au Forum sur le Démocratie à Prague (Unesco) avec une Communication sur : « La Démocratie en Afrique ». Il installe l’Assemblée nationale du Bénin le 1er avril 1991 et préside à l’investiture du Président Nicéphore Soglo le 4 avril 1991. Le 31 juillet, il devient Chevalier de l’Ordre national du mérite et commandeur de la Légion d’honneur de la France. Le 1er août 1991, il est Grand-Croix de l’Ordre Nationale et devient Membre du Conseil Pontificat pour l’Apostolat des Services de Santé. Le 13 décembre 1992, il lance le pèlerinage diocésain à Allada du 3 au 5 février 1993 avec la visite du Pape Jean-Paul II au Bénin. Lors du Colloque sur l’Afrique des Interrogations à Nantes en France du 8 au 10 avril 1993, il anime une communication sur le thème : « vers une coopération solidaire et responsable ». Toujours dans le même mois de cette année, il devient co-fondateur de l’Institut des Droits de l’Homme et Promotion de la démocratie avec le Professeur Maurice Ahanhanzo Glèlè. Le 4 mai 1993, suite à la demande du Pape Jean-Paul II, il démissionne de la Présidence du HCR et le 7 juin 1993, il installe la Cours Constitutionnelle.
Père synodal du 10 avril au 8 mai 1994, il dirige le 1er synode spécial des Evêques pour l’Afrique (Rome), et communique sur le thème : « Inculturation et obstacle majeurs à l’enracinement de l’Evangile ». Le 21 novembre 1995, survint l’Erection du Tribunal Ecclésiastique de Première Instance de Cotonou. Pendant la 2ème élection présidentielle en 1996, des opportunistes se servent de ses déclarations faites lors d’une interview à la Croix de Paris où il avait déclaré : « C’était pire qu’au temps du PRPB ». Ils la font publier entre deux tours de l’élection présidentielle du 6 mars 1996 pour favoriser l’élection de l’ancien président Mathieu Kérékou, ce fut un tollé général. Le 3 novembre 1997, il inaugure l’Institut Jean-Paul II pour les études sur la famille section Afrique au Bénin, et inaugure à nouveau le 22 décembre 1997, l’Institut des Artisans Justice et Paix à Cotonou. Président de la Conférence Episcopale Régionale de l’Afrique de l’Ouest (CERAO) en 1997, il milite pour une Conférence Episcopale régionale de toute l’Afrique de l’Ouest. Ce projet ne se mettra en route qu’au cours de l’Assemblée d’Abuja-Nigéria qui s’est tenue du 5 au 9 décembre 2007 avant d’être juridiquement constitué comme RECOWA-CERAO à l’Assemblée de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire du 23 au 29 janvier 2012. Le 19 avril 1998, il inaugure la Radio Immaculée Conception à Allada et devient Président de la Conférence épiscopale du Bénin en octobre 1998. En février 1999, sur invitation du Cardinal Bernadin Gantin, il participe au Pèlerinage à Jérusalem avec les autres évêques béninois et quelques prêtres. Pendant cette période, aura lieu l’insertion de la traduction du Pater en fon à la Basilique du Pater à Jérusalem). Du 6 au 7 mars 1999, lors de sa rencontre des jeunes étudiants à Rabat au Maroc, il communique sur le thème : « Espérer en Afrique ».
Le 13 mars 1999, six jours après alors qu’on ne s’y attendait pas, Mgr Isidore de Souza tira sa révérence à Ouidah sa ville natale. Le Bénin étant en pleine campagne pour les législatives, un deuil national sera alors lancé sur toute l’étendue du territoire entrainant l’arrêt momentané de la campagne. Ses obsèques eurent lieu le 29 mars 1999 à l’Eglise saint Michel de Cotonou et sa sépulture à la Cathédrale Notre-Dame des miséricordes de Cotonou. C’était une fête ecclésiale et nationale portée par l’espérance, malgré la brutalité de la séparation. Selon ses vœux, le Gloria et l’Alléluia pascal furent chantés.
Armoiries et devise de Monseigneur Isidore De SOUZA.
Mes armoiries sont à la fois simples et complexes, expression à la fois de ma spiritualité et de mon attachement à certaines personnes pour ne pas dire à une personne dont vous me permettrez de taire le nom. On y distingue quatre symboles et une devise.
Les symboles : la croix, au milieu des rayons lumineux prenant leur source au pied de la croix, une étoile en haut à gauche et deux mains tendues en bas à droite.
La croix et les rayons de lumière vont ensemble et veulent traduire le texte de Saint Paul aux Philippiens, leitmotiv de la Semaine Sainte (Ph. 12, 5-11), le Christ, Serviteur de Yahvé dont le service l’a conduit à être obéissant jusqu’à la mort sur la croix, cause de son exaltation par la résurrection et son intronisation à la droite du Père. Christ, Serviteur en passant de ce monde à son Père.
L’étoile symbolise Marie, la servante du Seigneur qui a dit « oui » au messager de Dieu, devenue notre Mère au pied de la croix où nous sommes engendrés enfants de Dieu. « Il s’est penché sur son humble servante ».
Les deux mains tendues en signe d’abandon et de l’attitude du serviteur attendant tout de son maître, veulent symboliser ma pauvre personne. Me voici devenu « Mèlomè », celui qui est entre les mains du Maître à la fois comme esclave du Christ, son disciple attentif à ses volontés pour les exécuter et comme celui qui ne peut rien par lui-même, demeurant foncièrement pauvre si le Maître ne le revêt pas de la puissance de l’Esprit qu’il pria le Père de nous envoyer. Sans lui, comme Saint Paul, je ne peux rien, mais avec lui, rien ne m’est désormais impossible.
Voilà pour les symboles. Venons-en maintenant à la devise : « Christi Servus in Patris Spiritu », littéralement « serviteur du Christ dans l’Esprit du Père » ou si vous préférez, disciple, Serviteur, boy du Christ avec la puissance que donne l’Esprit-Saint, Don du Père.
J’ai d’abord voulu faire apparaître dans ma devise, les trois Personnes de la Trinité pour signifier à la fois l’origine, la source et la fin de notre être de chrétien, de prêtre et d’évêque. Notre création, notre existence et notre salut sont l’œuvre du Père, du Fils et du Saint Esprit.
De ces trois personnes, j’en privilégie une, le Fils considéré dans sa mission, défini par Isaïe comme « le serviteur de Yahvé », Celui qui, selon ses propres termes est venu non pour être servi mais pour servir. C’est l’expression suprême de ce qu’est Dieu : Amour… « Il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». Je voudrais moi aussi être serviteur à la suite du Christ, à l’exemple de la Servante du Seigneur. Je souhaiterais que ma vie soit amour. Aimer d’abord et toujours tous ceux que le Seigneur me fera rencontrer, quels qu’ils soient, prêtres, religieux, religieuses, laïcs ; quelle que soit leur conduite, jusqu’à la dernière goutte de mon sang.
Vous comprenez pourquoi je me définissais tout à l’heure comme « serviteur ». De plus, le serviteur ne fait rien pour lui-même et n’attend rien en vertu de ses mérites. « Quand vous aurez fait tout ce que vous devez, considérez-vous comme des serviteurs inutiles ». Le Seigneur n’a pas un besoin impérieux de ma personne. C’est pourquoi je voudrais me considérer comme un instrument inutile, celui qui doit servir de « médium » pour que le Serviteur par excellence, continue de manifester aux hommes l’amour du Père.
Je ne suis rien ; je n’ai rien ; je renonce à m’appuyer sur la faiblesse de mon intelligence, de mes prétendues qualités ou de ma sagesse d’homme pour me fonder uniquement sur la puissance de l’Esprit. Puisse-t-il me pétrir de ses dons sacrés, spécialement de sa sagesse, pour qu’au contact de ma pauvreté, chacun tressaille de la joie du Seigneur, comme autrefois Jean-Baptiste dans le sein d’Elisabeth au contact de Marie attendant l’Enfant-Dieu.
Voilà en résumé l’explication de mes armoiries. Puissent vos prières et celles de tous ceux qui vont lire ces lignes m’obtenir de Dieu que l’idéal dont elles sont l’expression devienne réalité.
« Quatre symboles et une devise », in La Croix du Bénin, N° 439 (1981) 17.